Bertrand Tavernier accusé d’avoir outragé le juge Burgaud

Bertrand Tavernier accusé d’avoir outragé le juge Burgaud

Apportant quelques uns de mes textes sur le site village de la justice, je me laisse prendre par cet article sur le juge Burgaud qui aurait porté plainte pour outrage contre Bertrand Tavernier. Ha bon, tiens, je n’avais pas entendu parler de cela. Il est vrai que ma bulle m’occupe pas mal. Je lis le texte. L’auteur déporte son sujet. Vite, ce n’est plus des propos de Tavernier dont il s’agit, mais de l’affaire d’Outreau. Allons bon. Malgré tous les efforts du rédacteur, la seule, la vraie l’unique question qui apparaît proche de faits dans le texte c’est celle concernant les propos du cinéaste. Mais encore, on ne sait pas ce qu’il a vraiment dit.

Tout le reste n’est que suppositions, interprétations, suggestions et sous-entendus. Rien de concret si ce n’est la citation d’une couverture de journal qui émet une hypothèse et des propos rapportés par des personnes plaidants pour une cause. Le procédé apparaît très maladroit et il faut être complaisant pour lui trouver l’ombre d’un fondement. La manière de présenter les choses conduit à craindre l’intox : le juge aurait bien fait son travail, la justice aurait bien fonctionné. Les gens ne seraient pas si innocents que cela. La preuve s’il n’en fallait qu’une, en gros, c’est que le juge est toujours dans la judiciarosphère et que des personnes bien placées, dont la probité est présentée comme incontestable, le soutiennent sans condition.

On peut se laisser aller sur bien des sujets et, je trouve qu’avec l’article en question, on en a une belle illustration. On part d’une question, par exemple : “Comment faire entrer ce fil dans le chas de cette aiguille ?” Et on trouve à redire sur sa provenance : “Elle serait (serait !) faite du métal d’un avion de combat.” Et voilà les grandes guerres et leurs horreurs. Quant au fil, “il viendrait (!) du petit vêtement d’un enfant dont on ignorerait (!) la terrible destinée.” Et nous voici embarqués sur les chemins des larmoiements. En fait, que je vous dise, pour glisser le fil dans le chas de l’aiguille, il faut avoir de bons yeux, compter sur un coup de bol ou mettre des lunettes…

Souvent, l’art de détourner les sujets, c’est celui de faire feu de tout bois. Le choix peut être à celui qui souhaite animer son feu de choisir son bois, n’est-ce pas. Et quand il n’y en a pas, à défaut d’arbre on invente une forêt. L’un comme l’autre, dans l’invention, ça demande le même effort. Après cela, on démontre qu’il peut bien en rester des brindilles, ce qui serait un début de preuve sur le fait qu’il y a bien eu possiblement un arbre. Et qui dit fumée dit feu, voici la preuve sortie des braises naissantes.

Mais dans l’affaire citée par l’auteur, le tribunal n’a qu’une chose à faire : traiter la question de savoir si oui ou non les propos de Tavernier relèvent de la liberté d’expression sur une oeuvre cinématographique ou de l’outrage. Le tribunal peut se prononcer sans aller sur le reste des élucubrations. Et c’est d’ailleurs ce qu’il est parti pour faire, sans grand bruit. Pour en savoir plus sur les propos exacts de B. Tavernier et sur le procès pour outrage : cet article fait l’état de la situation à ce jour. C’est tout.

Le cliché de B. Tavernier provient de Wikipedia
Extrait de l’affiche du film Présumé coupable

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