Les neurosciences bidonnées à la conquête du management
Alors même que la loi semble être plus difficile pour les organismes de formation, les courriels se font de plus en plus nombreux pour des propositions d’amélioration des styles de management, de la manière de communiquer et de l’efficacité relationnelle. Les programmes de formation pleuvent comme un jour de déluge.
De la théorie des quanta…
Quand j’étais jeune consultant d’entreprise, un type basait son discours sur le management à partir de la théorie de la relativité et des quanta. Ca en jetait. On n’y comprenait rien et il se faisait un plaisir de rabâcher son laïus. La partie restreinte l’animait particulièrement. Face à un public qui se dilatait les oreilles jusqu’aux bâillements absolus, il balançait la théorie des quanta. Je n’ai jamais su combien il devait y en avoir de quanta pour remplir le wagon dans lequel le type courrait inutilement pour démontrer qu’il ne courrait pas plus vite que le train roulait, mais l’apôtre était affirmatif : pour être un bon manager, la théorie des quanta était aussi indispensable que celle de la relativité. Et là dessus une trentaine d’années s’est écoulée.
…à la théorie des neurosciences.
Maintenant, foin de la bêtise humaine, je lis que “les neurosciences nous enseigneraient que notre cerveau construirait en permanence des réalités virtuelles et qu’il ne ferait aucune différence entre le virtuel et le vécu.” Et c’est moi qui le met au conditionnel.
En tout cas, c’est reparti. Dans l’assourdissant silence de l’abîme universel, le rire est l’instrument de la raison. Ce que je perds en rassurance sur l’espèce humaine, je le gagne en jeunesse d’esprit.
Les neurosciences sont embarquées depuis une quinzaine d’années. J’y ai participé, avec la méthode Herrmann. Mais ce n’était quand même pas à ce point. On découvrait. Mais aujourd’hui, le contenu des affirmations sur les apports des neurosciences sont emballés comme si c’était de la science. En réalité, c’est du bidon. Il n’y a rien de prouvé, rien de démontré, rien. C’est bidon. Ce qui circulent sur internet n’a pas d’autres objectifs que de créer une entente général pour amener les gogos – premiers et seconds couteaux du management, patrons en quête d’absolu – dans les cabinets des pseudo-neuroscientifiques. C’est la nouvelle mode du bidonnage. Astrologie et psychologie, même combat : celui qui a raison est celui qui obtient ses reconnaissances de l’Etat : tromperies et supercheries n’en finissent pas. Vous avez expérimenté ?
Avez-vous un cerveau ?
En fait, ce dont témoignent ces programmes, c’est que leurs concepteurs – qui pillent abondamment le contenu des autres et qui se copient les uns les autres, au point de ne plus savoir d’où proviennent les contenus – ont découvert récemment qu’ils ont un cerveau entre les oreilles et qu’ils ne savaient pas à quoi ça servait. Un radiateur les jours de fièvre peut-être ? Cette découverte incroyable pour eux, généreux comme l’est tout humain, est une motivation de partage. Ils viennent dans les entreprises vous annoncer la bonne nouvelle sous une forme de question : savez-vous vous servir de votre cerveau qui travaille tandis que vous dormez ? Le filou vous raconte des histoires à dormir debout et il y croit tandis que vous, hein, vous… hé bien vous risqueriez bien d’y croire… en tout cas au discours de ces pseudo-neuroscientifiques.
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