galery rotative

Le droit et le travers

Le monde du droit est celui d’une fiction, un univers étroit où un non-fait devient un objet de spéculation autour d’un trou béant pris pour un lieu ou le plein est le vide. Jean Giraudoux a écrit sur le sujet :

… le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination. Jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité. La guerre de Troie n’aura pas lieu (1935)

Jean Giraudoux

Les médiateurs professionnels ?

Les médiateurs professionnels sont exclusivement membres de la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation. Issus d’une même formation, titulaires du Certificat d’Aptitude à la Profession de Médiateur – CAP’M®, ils apportent la garantie de la performance. Leur devise est : un médiateur, une mission, un résultat. Tiers de confiance indépendants, neutres et impartiaux, ils agissent en toute confidentialité, afin d’obtenir des accords pérennes, dans le respect du code d’éthique et de déontologie de leur profession, le CODEOME.

Les médiateurs professionnels sont des spécialistes des stratégies et interactions en communication-SIC®, de la qualité relationnelle et de l’aide à la libre décision. Ils maîtrisent les mécanismes de l’adversité et de l’altérité et accompagnent les meilleures conditions du dialogue interpersonnel, social, commercial, sociétal…

Les médiateurs professionnels sont experts de la prévention et de la résolution des différends. Ils sont garants d’une approche inversée, fondée sur les invariants fondamentaux des conflits : juridiques, techniques et émotionnels.

Les médiateurs professionnels ont développé un vaste réseau international de compétences avec des avocats, des experts de tous secteurs d’activité et des spécialistes de la relation. Ils interviennent auprès de tous publics : particuliers, entreprises, organismes publics et privés.

Méta-foire en créativité

la balançoire de la bêtise

la balançoire de la bêtise

J’appelle ça une méta-foire. A-t-on jamais vu quelqu’un qui aurait besoin d’un pneu au bout d’une corde pour dégueulasser ses fringues ? Comme si en plus trouver un pneu était plus simple dans un pareil environnement que de mettre une planche en travers.

C’est le genre d’âneries qui trainent en formation depuis 25 ans qui ont le don de me consterner.

L’illogisme se glisse parfois dans les réseaux sociaux

Illogisme informatique ou contributif sur linkdin

Illogisme informatique ou contributif sur linkdin

Il y a quelque chose qui n’est pas logique sur cette capture d’écran Linkedin. Ce n’est pas simple, il faut connaître, mais quand on connaît, justement, c’est encore plus simple. Quoiqu’il en soit, il y a quand même quelque chose de pas logique 😉

Une piste : l’illogisme peut être dû à l’informatique ou à la contribution…

D’autres captures d’écran viennent éclairer pour trouver la réponse. Quand on like, normalement, ça se voit sur linkedin, à moins que l’on modifie après avoir vu que ça allait se voir … bref, pas simple de communiquer sur les réseaux sociaux, de trouver intéressant un article et puis finalement d’avoir été trop spontanée. Merci quand même de cet engouement chère maître…

Les vingt ans de la médiation judiciaire au civile

Modes amiables de règlements des différends - médiation et conciliation

Modes amiables de règlements des différends – médiation et conciliation

La loi qui a institué le recours à la médiation en matière civile date du 8 février 1995. Vingt ans plus tard, un rapport de l’inspection générale des services judiciaires sur le développement des modes amiables de règlement des différends dresse un bilan peu élogieux du recours à la médiation judiciaire dans les affaires civiles et notamment familiales. Malgré cela, les auteurs recommandent le maintien du même système, en en renforçant les mêmes travers. Pourquoi et comment ?

Les médiateurs professionnels ont cherché à comprendre. Le document a fait l’objet d’une lecture rigoureuse.

En conclusion, les motivations des auteurs ne semblent pas être celle de servir les intérêts des justiciables pas plus que de déjudiciariser les différends… Toutefois, les professionnels de la médiation ne souhaitent pas en rester là et ont décidé d’offrir leurs réflexions pour apporter à la médiation le professionnalisme nécessaire à l’amélioration du service public.

Aux instances politiques de savoir sortir des jeux de lobbying et des corporatismes et prendre leurs responsabilités.  Lire l’article sur l’officiel de la médiation =>

Les valeurs de “Les Républicains” pour les nuls

Voyant ce que le peuple est capable de faire en politique, par exemple de suivre les choix suggérés par des factions organisées autour d’un système de préservation d’avantages, je me suis souvent demandé s’il était pertinent d’être « démocrate ». De la même manière, le mot « république » peut-il représenter aujourd’hui l’identification de la chose commune ? L’appropriation du nom « républicain » m’a conduit à chercher des réponses sur le site promotionnel. Le valez-vous bien ? Voici les valeurs de « Les Républicains » pour les nuls.

L’influençabilité à l’épreuve sur les réseaux sociaux

Illustration d'une opération hypnotique de la logique.

Illustration d’une opération hypnotique de la logique.

En combien de temps croyez-vous résister à un système logique absurde ?

Sur le réseau social Linkdin, j’observe qu’il n’y a aucune réponse logique à cette suite :

11 x 11 = 4
22 x 22 = 8
33 x 33 = ?

Les répondants proposent 81, 36, 18, 64, 256…

Pourtant, ce qui est flagrant, c’est que les deux lignes de départ servent à conditionner le lecteur sur une représentation fausse du système de calcul, en se fondant sur l’idée de “sortir du cadre pour être créatif”. Il s’agit d’entraîner incidemment vers l’absurde. Le test est concluant. C’est le même mécanisme qui est utilisé avec les “valeurs” du groupement politique “Les Républicains”. Notez bien que sur l’exemple de la suite citée, sur plus de 500 répondants, je n’ai trouvé qu’une seule réponse revenant à la règle logique donnant comme résultat 1089. Même après avoir dénoncé le mécanisme, les répondants continuent d’affluer pour répondre “en dehors du cadre”… alors même que ce n’est pas une preuve de créativité, mais d’influençabilité.

L’anaphore, dans le style Hollande, préside sur le site « Les Républicains »

Le discours est de type hypnotique. Pour obtenir ce résultat, l’anaphore préside à la présentation des valeurs de « Les Républicains », tel un hommage à François Hollande (cf. débat télévisé opposant les 2 candidats en 2012). Le décompte lui-même pourrait être significatif. Le mot « Républicain »est utilisé 20 fois et commence 13 des 15 injonctions de la page. Hollande avait tenu deux fois de plus avec les 15 « Moi, président » à la suite.

Décodeur général : La république des loups

Pour aller vite, voici une restitution de sens de l’ensemble du texte. Un total de huit mots représente les « valeurs » de « Les Républicains ». L’éthique n’a pas inspiré les rédacteurs. Dans leur vocable, le mot « valeur » glisse de l’ordre moral à la spéculation financière. Le discours flatte l’égo de ceux qui lisent l’actualité dans la bulletin mondain de la « high society ». Un « le républicain » est présenté comme un « self made made », dont la réussite est une affaire personnelle. Sa motivation est notamment de ne rien devoir à personne. Il aspire à la réussite. Il travaille et ne compte que sur lui et doit pouvoir en retirer un mérite exclusif. Il vit dans un monde d’adversité et ne connaît pas la signification de ce qu’est l’altérité ou la solidarité.

#Liberté

Liberté Travail Laïcité Justice

Liberté Travail Laïcité Justice

Ils écrivent : « Républicains », c’est le nom de ceux qui préféreront toujours la liberté à toutes les formes de dépendance, et choisiront toujours l’ouverture à l’universel contre l’enfermement communautariste, le sentiment d’une destinée commune à la guerre des origines et des mémoires.

Commentaire : 

Associer la liberté au sentiment d’une destinée commune par préférence à la guerre des origines et des mémoires, après avoir écrit qu’on est contre les communautarismes, c’est tenter de jouer sur des ambiguïtés entre élitisme et patriotisme. Pour plaire et séduire, les mots de cette proposition sont tous liés au registre affectif du langage. L’adverbe généralisateur « toujours », utilisé 2 fois, vient peser pour ajouter une force à la représentation spiritualiste d’un universalisme incongru, mais qui fonctionne ici juste pour un effet poétique.

Le mot liberté se retrouve mêlé à ceux de « dépendance », d’ « enfermement » et de « guerre ».

Néanmoins, dans le travail rédactionnel réalisé, c’est en fait le seul terme qui semble avoir fait l’objet d’une réflexion sur le choix sémantique associé. Il est cependant défini en creux, par opposition, comme si les « Les Républicains » n’avaient pas pensé à valoriser le concept de Liberté autrement qu’au travers de la peur.

#Travail

Ils écrivent : « Républicains », c’est le nom de celles et de ceux qui refusent d’abandonner à d’autres la maîtrise de leur propre destin, et qui veulent vivre debout, de leur intelligence, de leur travail, de leur mérite sans être redevable à personne.

Commentaire :

Le travail n’est pas une valeur, c’est un moyen pour vivre et tout le monde n’y trouve pas la satisfaction qu’il serait en droit de s’y procurer. Chercher à mobiliser autour de l’idée du travail renvoie inévitablement au souvenir « Arbeit macht frei » des camps de concentration. Aujourd’hui, le travail ne rendrait pas libre mais riche : « travailler plus pour gagner plus ». C’est une autre aliénation.

Placer le mot travail mot parmi des valeurs républicaines est non seulement une démonstration d’inculture, mais une insulte à l’idée même de la république.

Par ailleurs, si l’on fait abstraction de ce sens politique, le principe du travail est de contribuer à une oeuvre collective, non à une réussite personnelle, donc on est toujours redevable à quelqu’un du fruit de son travail et de sa réussite ; c’est ce qui fonde la solidarité entre les personnes au sein d’une société respectueuse des autres, promotrice et reconnaissante.

#Laïcité

Ils écrivent : Pour que demain, nos enfants retrouvent confiance dans l’avenir en continuant d’écrire une histoire de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité, unissons-nous !

Commentaire :

La laïcité n’est pas une promesse « Pour que demain ». Nos enfants n’ont rien perdu en confiance : le sous entendu est un abus d’attribution d’un sentiment démagogique. La laïcité est une affaire de société et en premier lieu d’éducation. Elle ne s’inscrit pas dans une attente, mais dans une exigence présente.

La laïcité n’est pas une valeur non plus ; c’est un principe de séparation des systèmes religieux et de l’Etat républicain ; c’est une condition fixée pour établir des modes de vie en société afin de promouvoir la liberté de conscience.

Si nous voulons que les enfants aient confiance dans l’avenir, il convient de leur apporter l’éducation et l’ouverture sur des projets dynamiques, motivants et entreprenants, et aussi une connaissance du fait religieux pour leur épargner de se retrouver influençable dans des rapports de complaisance pour les « soumissions volontaires ».

#Justice

Ils écrivent : Nous appelons à nous rejoindre tous les Français qui aiment la République, ce miracle par lequel tant d’hommes dans le monde qui se sont endormis sujets, se sont réveillés citoyens, parce que ce mot signifie pour eux une certaine idée de l’Homme…

Commentaire :

La justice est une représentation mystique, un leurre paradisiaque pour réguler les relations sociales, autour d’un pacte religieux.

Par ailleurs, le statut de citoyen n’est pas propre à la république. Les sujets sont des citoyens. Les citoyens peuvent être tout autant asservis en république qu’en royauté, puisque c’est la comparaison sous-entendue par les rédacteurs. Dans tous les cas, le réveil des « sujets » ne s’est pas fait après une nuit de sommeil tranquille. La conquête des droits républicains et démocratiques ne sont pas le fruit d’un « miracle » ; ils sont le résultat d’une lutte avec de nombreuses victimes.

Progrès Responsabilité Mérite Autorité

Progrès Responsabilité Mérite Autorité

#Progrès

Ils écrivent : Nous appelons à s’unir à nous tous les Républicains qui ont dans leur cœur l’amour d’un pays dont l’idéal a transformé le monde.

Commentaire :

Cet appel apparaît plus chevrotant que vibrant. Il fait attribuer la transformation du monde à un sentiment, jouant sur une intonation démagogique. Cette transformation résulte d’une évolution de la pensée qui a touché une représentation universelle de l’humain, pas fondée sur un patriotisme.

Le progrès sociétal, autant des droits que des techniques, a été rendu possible par l’éclosion de la Raison et la diffusion de l’instruction.

L’oeuvre politique est à réaliser pour ce qui est d’assurer la répartition des richesses issues des progrès technologiques ; pour l’instant les appropriations et abus détournent les effets des progrès.

Dans tous les cas, la notion de progrès vient surfer sur l’idée des courants progressistes, sans en présenter le moindre contenu, seulement en tentant de récupérer le terme.

#Responsabilité

Ils écrivent : « Républicains », c’est ainsi que se nomment celles et ceux qui se battent pour l’émancipation de la personne humaine et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Commentaire :

Il est inutile de se battre pour la responsabilité. Ce vocabulaire invitant au rapport de force, sous-entendant l’idée de « guerre juste » et donc d’éliminations légitimes de vies innocentes, comme en Libye ou en Syrie, est pathétique.

Pour des personnes plus responsables, le seul moyen est l’éducation et donc la propagande des intérêts de la liberté. La liberté de chacun dépend celle de tous et c’est l’aide à l’éducation non à la destruction des vies qu’il convient de coopérer, au nom de la « chose publique ».

#Mérite

Ils écrivent : « Républicains », c’est le nom de celles et de ceux qui refusent d’abandonner à d’autres la maîtrise de leur propre destin, et qui veulent vivre debout, de leur intelligence, de leur travail, de leur mérite sans être redevable à personne.

Commentaire :

L’insistance à ne pas être redevable, conduit à la représentation américaine de la réussite : « self made man » sans le système de solidarité qui fait précisément le fondement et la sécurité de notre organisation sociale républicaine.

On peut observer là un détournement de conception sociétale, en même temps qu’une culture superficielle aussi indigeste que l’est la mal bouffe et la malnutrition des fast food.

Le slogan sous-entendu est celui de l’unification des loups solitaires : « En bande on est encore plus fort. »

#Autorité

Ils écrivent : « Républicains », c’est ainsi que se nomment celles et ceux pour qui le combat contre le fanatisme et l’intégrisme, contre l’obscurantisme et la déraison, contre la barbarie et la sauvagerie qui menacent toute forme de civilisation dans le monde, est au-delà de la droite et de la gauche.

Commentaire :

Encore du combat, rien de tel pour mobiliser les bagarreurs de l’existence qui ne réfléchissent guère autrement lors des appels à la mobilisation générale. L’autorité affichée ici est clairement celle d’un système répressif, justifiant les mesures liberticides de même nature que celui qui est stigmatisé.

Pourtant, il est évident que l’autorité de compétence est la seule autorité qui vaille. C’est ainsi que la priorité politique de toute société est l’éducation, la garantie de l’exercice de la liberté pour qu’elle puisse s’exercer notamment pour l’expression, la conscience, la décision, avec l’indépendance du système judiciaires, de la presse et de la médiation…

La république n’est certainement pas l’affaire d’un seul parti politique, encore moins d’un qui s’en revendique exclusivement.

Les neurosciences bidonnées à la conquête du management

Alors même que la loi semble être plus difficile pour les organismes de formation, les courriels se font de plus en plus nombreux pour des propositions d’amélioration des styles de management, de la manière de communiquer et de l’efficacité relationnelle. Les programmes de formation pleuvent comme un jour de déluge.

De la théorie des quanta…

Quand j’étais jeune consultant d’entreprise, un type basait son discours sur le management à partir de la théorie de la relativité et des quanta. Ca en jetait. On n’y comprenait rien et il se faisait un plaisir de rabâcher son laïus. La partie restreinte l’animait particulièrement. Face à un public qui se dilatait les oreilles jusqu’aux bâillements absolus, il balançait la théorie des quanta. Je n’ai jamais su combien il devait y en avoir de quanta pour remplir le wagon dans lequel le type courrait inutilement pour démontrer qu’il ne courrait pas plus vite que le train roulait, mais l’apôtre était affirmatif : pour être un bon manager, la théorie des quanta était aussi indispensable que celle de la relativité. Et là dessus une trentaine d’années s’est écoulée.

…à la théorie des neurosciences.

Scanning d'un cerveau humain par rayon X

Scan d’un cerveau humain par rayon X

Maintenant, foin de la bêtise humaine, je lis que “les neurosciences nous enseigneraient que notre cerveau construirait en permanence des réalités virtuelles et qu’il ne ferait aucune différence entre le virtuel et le vécu.” Et c’est moi qui le met au conditionnel.

En tout cas, c’est reparti. Dans l’assourdissant silence de l’abîme universel, le rire est l’instrument de la raison. Ce que je perds en rassurance sur l’espèce humaine, je le gagne en jeunesse d’esprit.

Les neurosciences sont embarquées depuis une quinzaine d’années. J’y ai participé, avec la méthode Herrmann. Mais ce n’était quand même pas à ce point. On découvrait. Mais aujourd’hui, le contenu des affirmations sur les apports des neurosciences sont emballés comme si c’était de la science. En réalité, c’est du bidon. Il n’y a rien de prouvé, rien de démontré, rien. C’est bidon. Ce qui circulent sur internet n’a pas d’autres objectifs que de créer une entente général pour amener les gogos – premiers et seconds couteaux du management, patrons en quête d’absolu – dans les cabinets des pseudo-neuroscientifiques. C’est la nouvelle mode du bidonnage. Astrologie et psychologie, même combat : celui qui a raison est celui qui obtient ses reconnaissances de l’Etat : tromperies et supercheries n’en finissent pas. Vous avez expérimenté ?

Avez-vous un cerveau ?

En fait, ce dont témoignent ces programmes, c’est que leurs concepteurs – qui pillent abondamment le contenu des autres et qui se copient les uns les autres, au point de ne plus savoir d’où proviennent les contenus – ont découvert récemment qu’ils ont un cerveau entre les oreilles et qu’ils ne savaient pas à quoi ça servait. Un radiateur les jours de fièvre peut-être ? Cette découverte incroyable pour eux, généreux comme l’est tout humain, est une motivation de partage. Ils viennent dans les entreprises vous annoncer la bonne nouvelle sous une forme de question : savez-vous vous servir de votre cerveau qui travaille tandis que vous dormez ? Le filou vous raconte des histoires à dormir debout et il y croit tandis que vous, hein, vous… hé bien vous risqueriez bien d’y croire… en tout cas au discours de ces pseudo-neuroscientifiques.

J’ai décidé d’offrir de mon temps à la réserve citoyenne de l’éducation nationale

Initiateur de la médiation professionnelle, j’ai décidé d’offrir de mon temps à la réserve citoyenne de l’éducation nationale.

A la suite des attentats de janvier, la minute de silence demandée dans les écoles de la République en hommage aux victimes du fanatisme religieux islamique, n’avait pas été accueillie avec le respect attendu de la part d’élèves dans plusieurs établissements. Le 21 janvier, en réponse au manque évident d’entretien de la laïcité, François Hollande avait annoncé la création d’un nouveau dispositif de promotion des intérêts de la laïcité. L’idée a émergée d’une « réserve citoyenne d’appui » aux 64 000 établissements français est placée sous la houlette des rectorats.

Le 9 février, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, a confirmé la mise en place de ce nouveau dispositif. L’école fait ainsi appel aux ressources de la république : ses propres citoyens, pour mieux illustrer les avantages de la laïcité. « Dans la continuité de la grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République », les enseignants peuvent faire appel à des « intervenants extérieurs dans leurs classes pour illustrer leur enseignement dans l’un des champs d’expertise définis par le ministère. Il est d’ores et déjà possible d’y participer : des formulaires d’inscription sont mis en place. »

Les « champs d’expertise » ont été définis. Les réservistes doivent avoir des compétences dans les domaines : « histoire et mémoire », « monde professionnel », « santé et prévention », « actualité et médias », « arts et culture », « citoyenneté et valeurs de la république », « droit », « environnement », « international ». Le site de la ministre indique aussi que « d’autres compétences se manifestent comme sur les droits des femmes ou de l’enfant ».

Plusieurs médiateurs professionnels proposent d’ores et déjà leurs compétences en matière de qualité relationnelle, de promotion de l’altérité, de l’égalité des droits, de la laïcité et de la résolution des différends.

Il semble que les Français y sont très favorables. Déjà sur un échantillon de 1 008 personnes âgées de 18 ans et plus personnes, 37 % se sont déclarés prêts à s’y engager (Sondage Odoxa pour CQFD et iTELE, réalisé par Internet, les 5 et 6 février).

Sources :

Jean-Louis Lascoux Réserve citoyenne Education nationale

Jean-Louis Lascoux Réserve citoyenne Education nationale

A propos de la liberté d’expression sur les religions, le respect des valeurs et des croyances

Qu’est-ce que la religion ? Qu’est-ce que croire, qu’est-ce que savoir et l’ignorance aussi ? Pour croire, il faut que le doute cède le pas à la confiance. Une confiance inclinée. Le doute de la raison est renvoyé, courbée, dans le foyer émotionnel. Là où les sentiments s’entrechoquent, la raison devient suspecte et le doute qui l’instrumente est transformé en suspicion. Le phénomène religieux patauge dans ce bain où règne l’ignorance, refouloir de la recherche du savoir.

Chercher à savoir, c’est chercher à briser des repères fournis par l’interprétation religieuse. C’est ce qui fait l’originalité culturelle : des croyances transformées en religion d’Etat, caricatures de l’ignorance et de la connaissance. Ainsi, les réalistes peuvent revendiquer la caricature comme un droit, au nom de l’égalité des droits autant qu’au nom de la liberté d’expression.

La liberté ne consiste pas à imposer aux autres les limites de nos acceptations, ni de nos intolérances ; la liberté ne consiste pas non plus à imposer nos craintes, ni à les transposer comme autant d’obligations sur les autres. La liberté est une démonstration d’accueil des différences.

La liberté, c’est pouvoir se scandaliser et réfléchir sans incriminer qui que ce soit.

Je me souviens de cette personne très impliquée dans le développement personnel. Elle avait acheté les droits d’une méthode américaine, et disait qu’on n’avait pas le droit de faire ceci ni cela. Un jour où elle se montrait moralisatrice, avec ce ton que les humanistes savent prendre pour dire que ce n’est pas de la morale, mais quand même ceux qui ne sont pas d’accord avec eux exagèrent, nous avons eu à peu près l’échange suivant. C’était un homme :

  • Moi : Tu as vraiment de la chance toi, au fond.
  • Lui : Ha, pourquoi ?
  • Moi : Avec tous les interdits que tu as, ta vie peut être une conquête permanente pour autant de libertés.
  • Lui : Mais la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, c’est un droit.
  • Moi : La liberté n’est pas une propriété.
  • Lui : C’est quoi alors ?
  • Moi : La liberté est plus sûrement une faculté qui se développe par l’éducation.
  • Lui : On est libre de croire et l’exercice de toute liberté doit être respectée.
  • Moi : On est libre de ne pas apprendre quelque chose, mais ça n’en fait pas un droit que l’on peut imposer aux autres. Etre croyant, c’est comme l’ignorance, ça ne s’apprend pas. Etre libre, cela peut s’apprendre.
  • Lui : Chacun a droit au respect de ses valeurs, comme de sa vie privée !
  • Moi : Personne n’est obligé de maintenir son attention sur quelque chose qui lui déplait. Il y a une certaine complaisance avec ses propres turpitudes à prêter une attention importante pour quelque chose qui déplaît.
  • Lui : Personne n’a le droit de proférer des insultes à propos de ce à quoi on croit.
  • Moi : Oui, c’est plus facile de procéder à la manière constatée par Luigi Pirandello « Chacun de nous projette un univers dans lequel il s’enferme et les autres avec lui. » – il faut préciser : un univers d’interdits, de restrictions et d’empêchements.
  • Lui : Les valeurs sont ce qui permet la vie en société.
  • Moi : C’est encore une confusion entre l’apprentissage d’une discipline pour pratiquer la liberté et la soumission à des règles pour fataliser sur la servitude obligatoire.
  • Lui : Avec ce genre de raisonnement, c’est le grand n’importe quoi. Tout le monde va faire ce qui lui plait et les plus faibles vont encore plus en pâtir.
  • Moi : C’est bien cela : le modèle féodal est si fortement ancré que la défiance est la règle comme la gestion (l’entretien) de l’adversité, au lieu de la confiance et la promotion de l’altérité.
  • Lui : Mais bien sûr, il faut que les gens se soumettent à des règles. Ces règles sont des héritages de ceux qui les ont expérimentés et ont tout fait pour nous transmettre ce qu’ils ont conçu de mieux. Les valeurs morales en font partie, c’est un patrimoine.
  • Moi : La soumission appelle la domination. L’éducation pourrait consister à permettre aux futurs citoyens de s’approprier des principes de comportement, en s’impliquant plutôt qu’en se soumettant. La soumission appelle systématiquement la rébellion avec toutes ses conséquences dramatiques, dont il est aisé d’accuser les acteurs.
  • Lui : On pourrait enseigner les croyances dans les écoles de la république, puisque ce sont des écoles où tout peut s’enseigner.
  • Moi : Oui, bien sûr, et la matière pourrait avoir pour but : “Comment se contenter de croire plutôt que de chercher à comprendre” et elle serait nommer : “Culture de l’ignorance”.
  • Lui : C’est agressif ce que tu dis.
  • Moi : La vraie agression, c’est quand tu n’es pas libre.
  • Lui : En quoi mes croyances peuvent t’agresser ?
  • Moi : C’est comme si tu avais des barreaux devant toi que tu contestais. Lorsque j’arrive en face de toi, ces barreaux s’imposent à moi.
  • Lui : mais je ne t’impose rien.
  • Moi : Ha si, le silence sur ce que je constate.
  • Lui : et si tu te trompais ?
  • Moi : Tu serais trop content de me le démontrer, mais au lieu de cela, tu cherches à m’imposer a minima le silence, au nom d’une invention mystique ; ainsi tu prétends m’imposer une limitation qui t’appartient. Si ma quête de liberté relationnelle t’interpelle, je n’y suis pour rien. Vois-tu, la liberté des uns ne s’arrête pas à celle des autres, elle s’étend au travers de celle des autres.
  • Lui : Alors j’aurais de la chance de devoir me défaire de ce qui me limite dans ma vie ? Mes habitudes ont un certain confort.
  • Moi : Probablement une question de sens de la vie. Il n’est pas sûr que l’on puisse jamais pouvoir démontrer qu’elle en a un. Mais en tout cas, la liberté ne consiste pas à imposer aux autres les limites de nos acceptations, ni de nos intolérances. Elle est plus sûrement une démonstration d’accueil des différences.
  • Lui : Alors c’est moi qui exposerait mes croyances en les exprimant et ceux qui les critiqueraient ne feraient qu’exercer une sorte de droit de réponse ?
  • Moi : Dès lors que tu affiches une idée, les autres ont le droit de la contredire, de s’en moquer, de la tourner en dérision. C’est à toi de considérer si tu veux ou pas poursuivre la discussion. Rien ne t’oblige. Plus tu vas y prêter attention, plus tu vas donner de l’importance au sujet. C’est le principe de la surenchère qu’il serait temps que tu intègres dans ta vie.
  • Lui : Ne sois pas désagréable.
  • Moi : C’est une perception.
  • Lui : Bref, la seule manière pour que mes croyances ne soient pas vilipendées est que je n’en dise rien et ainsi que je les laisse dans mon espace privé. Si je révèle mes croyances, il ne faut pas que je m’étonne de déclencher des contradictions et des moqueries éventuelles de la part de ces petits malins qui aiment bien pratiquer l’estocade avec les mots. Ma liberté est de laisser les autres en dehors de mes limites d’acceptation et de pratiquer l’accueil que j’attends d’eux…
  • Moi : Tu vois que tu as de la chance. Plus tu as d’interdits, plus tu as de libertés à conquérir. Donc, si tu veux rester chanceux, surtout ne t’instruis pas, ni de tes interdits ni de tes libertés.

Et si nous élevions un autel à Cabu, Charb, Honoré, Tignous, et Wolinski ? Nous aurions l’Olympe de la caricature. On n’aurait pas le droit de parler d’eux de manière sérieuse. Les prières se feraient à grand coup de crayon sur des rouleaux de papier. On ne pourrait avoir que des traits qui cherchent à déclencher le rire, avec bien sûr, quand même, le droit à l’erreur, même avec des traits à la con.

Je suis pour que le 7 janvier devienne la journée internationale de l’humour, de la caricature, de la dérision, du sarcasme. Il en va de la reconnaissance du droit de déconner, sans risque de dérapage.

Dans les pays comme le Burkina Faso ou le Mali, il leur suffira d’étendre la pratique de la parenté à plaisanterie pour que la raillerie soit reconnue comme un droit humain de se bidonner des arguties et arguments des autres.

Les conditions fondamentales pour exercer en médiation

La médiation ne peut avoir lieu que dans des conditions clairement identifiées :

  • organisation politique protectrice des droits de l’Homme
  • liberté de pensée, de croire et de ne pas croire ; laïcité
  • égalité des droits des personnes

Les systèmes politiques irrespectueux des droits des personnes, ne garantissant pas la possibilité pour chacun de choisir pour sa propre vie, faisant obstacle à l’égalité des droits et à la laïcité, ne permettent pas l’exercice de la médiation. Ainsi en va-t-il des systèmes religieux et politiques qui ne reconnaissent pas la liberté de tous à conduire sa vie.

Voir sur le site officiel de la médiation professionnelle