Ah, la réputation. Voilà que plein de gens me connaissent. Super, mais apparemment ils me connaissent avec une réputation sulfureuse. Normal, ça ne provient pas du monde de la laïcité. L’ignorance est terrible. Pour me prévenir, et ce n’est pas la première fois, je reçois ce gentil message de la part d’un utilisateur de Linkedin, à l’occasion d’une discussion sur la médiation internalisée.
Le 18/09/13 2:19, R.D. a écrit :
Bonjour,
Je profite de votre point de vue sur le sujet posté par Claude, pour vous poser une question personnelle sans la partager avec les autres intervenants.
J’ai entendu beaucoup de critiques à votre encontre et sur les méthodes qui seraient celles de votre organisation.
N’étant pas de nature suiveur en matière de rumeur, je préfère remonter à la source pour savoir ce qu’il en est.
Pourquoi selon vous, y-a-t-il tant de critiques ?
Vous n’êtes bien entendu pas obligé de répondre, et si vous le faites cette dernière restera entre nous.
Bien à vous.
============== Ma réponse============
Bonjour et merci. Vous pouvez poser cette question publiquement. D’ailleurs, je vais publier ma réponse, parce que ça se répète alors autrement clarifier. En conséquence, je suis ravi de vous éclairer.
Je serai direct : les critiques à mon endroit viennent de personnes liées ou formées à l’institut catholique et plus spécifiquement à l’IFOMENE. Elles peuvent être aussi infiltrées dans les formations universitaires. Demandez où ces personnes qui véhiculent ces critiques ont été formées. Vérifiez, parce que le mensonge participe de cette stratégie de mise à l’index, au demeurant contre-productive, parce que je trouve cela stimulant. On l’a vu avec une intervention d’une avocate prétendant être médiatrice sur le site village de la justice qui me désignait stupidement comme auteur d’un article alors qu’il était écrit par une de ses consœurs. Pourquoi ? semer le trouble, le doute, ne pas répondre sur le fond. Que sais-je ?
Des enjeux fondamentaux se jouent dans la médiation des conflits
Il convient de comprendre ce qui se passe dans le monde de la médiation. Les enjeux ne sont pas seulement économiques, ils sont culturels, cultuels et politiques.
Aujourd’hui, il existe deux options pour la médiation, la version moralisatrice qui déteste dire qui elle est et la version laïque que représentent les organisations EPMN, CPMN et ViaMediation. Dans l’autre courant, globalement, il y a un ensemble d’organisations qui ont fait cause commune et sont particulièrement critiques, voire dénigrantes, procédé classique du sectarisme ambiant. Ces organisations se sont d’ailleurs unies dans le Regroupement des organisations pour la médiation (ROM… le sigle choisi est significatif genre tous les chemins y mènent…). Alors, oui, ces critiques sont centrées sur moi à défaut de pouvoir l’être sur le contenu, puis le dénigrement glissent sur les organisations de la “médiation professionnelle”, dénonçant opportunément arrogance, insolence et que sais-je ? Les propos me sont venus même dits à mes proches. Stratégie concurrentielle qui repose sur des causes précises qui sont à l’origine des différences de conceptions très importantes en matière d’intervention, de techniques, d’instrumentation, de processus et de dynamique culturelle ; autrement dit, en terme de professionnalisme ou de complaisance :
- je n’ai pas accepté de me “soumettre” à l’autorité morale du prêtre Jean François Six (déclinée CMFM, ANM, etc) puisque j’ai créé une école laïque, ni de rejoindre le mouvement de Stephen Bensimon (IFOMENE, ICP, GEMME) et l’ordre des avocats de Paris (FNCM et les centres liés à différents barreaux) ;
- j’ai initié la “médiation professionnelle”, contestant ainsi l’intuitivité et le bon sens qui étaient revendiqués jusqu’alors pour exercer et j’ai ainsi inventé le concept du “métier de médiateur”, dissocié en conséquence de la profession d’avocat et de manière générale de juriste, de psychologue et de moraliste (cf. mon livre “Et tu deviendras médiateur…”).
- j’ai dénoncé la pratique de la MAMIF et de médiatrices qui ont conduit à la prison et non en médiation (l’affaire Gettliffe est encore dans certaines mémoires ;
- nous avons créé le premier Code d’éthique et de déontologie de la médiation, le CODEOME, qui a été copié jusqu’au Québec et a fait l’objet d’un pompage sans citation mais flagrant pour l’élaboration du code de certaines organisations françaises – A chaque fois, évidemment, nous avons réagi ;
- la CPMN demande l’abrogation du diplôme d’Etat de médiation familiale qui est une aberration ;
- une décision du CA de la CPMN a arrêté un rapprochement que j’avais pourtant tentée avec la FNCM voici deux ans
- nous avons une démarche professionnelle et nous interdisons le parasitisme (quelques personnes de l’ANM ont parasité des marques déposées et tandis qu’elles refusaient la discussion, la procédure les a contraint à cesser.
- en tant qu’initiateur du concept de “médiation professionnelle” (cf mon ouvrage pratique de la médiation professionnelle- ed. ESF), je fais en sorte que cette matière que j’ai développée en tant que “discipline à part entière” ne soit pas galvaudée par qui que ce soit, ce qui fait des jaloux
- des personnes ont été suspendues l’an dernier de notre organisation pour exercice non éthique de notre pratique professionnelle (cf. le CODEOME). Une procédure est en cours, ces personnes ayant refusé la médiation prévue par notre code
- nous avons sorti le Code de la médiation, recueil préfigurant le travail inévitable du législateur, 2° édition cette année
- nous avons pris position relativement à la propagation des “risques psycho-sociaux” et de son substitut la “qualité de vie au travail” RPS et QVT et démontré que les études faites sur ces thématiques étaient parasites sur les finances des entreprises et portaient préjudice aux relations et aux personnes en introduisant une mystique pseudo-scientifique dans les rapports humains. Conférences à Ajaccio, Bordeaux, Lille, Lyon : l’idée ne plait pas à ceux qui en ont fait leur marché : la médiation professionnelle est un antidote à ces représentations inopérantes, tandis que la mise en place de dispositifs de médiation professionnelle dépasse la prévention des différends pour constituer une instrumentation au service de la qualité des relations
- à cela s’ajoute que je n’ai pas de complaisance pour ces techniques fast-food qui consistent à tremper la mie de son ignorance dans les sauces américaines de “développement personnel” : analyse transactionnelle, programmation neuro-linguistique, mentalisme, etc.
C’est donc dans ces apports concrets que les “amis de la médiation” et ses amateurs 😉 puisent leurs causes de jugements et en plus je ne me prends pas (forcément) au sérieux, ce qui empêche la prise des attaques toujours à vocation d’être désagréables, sinon ça ne serait pas drôle… Ca agace et je poursuis mon chemin.
Autrement dit, je ne suis guère “confraternels” avec des non-professionnels.
Ainsi, plusieurs conceptions de la médiation co-existent. Il convient d’arrêter de jouer à cache cache. La laïcité en prend pour son grade. Lors des débats concernant le mariage, deux camps se sont révélés dans la médiation. Et tout cela est lié, bien évidemment parce que la liberté de penser s’arrête pour ceux-là lorsque vous commencez à affirmer vos conceptions des choses et qu’elles se révèlent comme provoquant un inévitable changement. On vous appelle à la modération, c’est à dire à vous taire. Mais quand votre plaisir de bâtir vous porte, et que le risque n’est plus à l’inquisition, on peut avancer sans voile ni masque. Donc, deux camps entre la liberté de conscience (droit de ne pas croire, liberté de critique) et la liberté religieuse (croire comme postulat et ne rien dire sur les croyances des autres, avec développement de la religion dans l’enseignement). Ainsi :
- ceux pour le mariage pour tous ou qui considèrent que la liberté des autres n’est pas un problème pour eux
- ceux qui étaient contre et on a bien vu d’où venaient une grosse part des financements : l’Eglise catholique (cf. ICP, IFOMENE embarqué).
Au passage, j’ai identifié les quatre courants de pensée qui traversent la médiation des conflits :
- confessionnel (judéo-chrétien – nous n’avons pas vu vraiment pointé encore une version islamique de la médiation en France, mais bouddhiste un peu et sectaire beaucoup…)
- juridique (encadrement par les professionnels du droit, référence à l’ordre moral et l’ordre public, rappel éventuel à la loi et aux convenances)
- psychologique (tout le monde est bon pour le divan ; le conflit ça se soigne, on thérapise) très développée en médiation familiale
- et le courant rationnel, fondé sur une recherche scientifique que j’ai initié, lié à la pensée cartésienne et de Diderot : le conflit résulte de l’ignorance humaine ; la responsabilité se construit avec l’épanouissement de la conscience ; ce n’est pas naturel, ça s’acquiert.
Pour faire simple, nous pouvons distinguer deux types de médiation :
- la médiation pour que les gens se conforment (avec tout le petit monde animé autour de l’ICP, Stephen Bensimon, Blohorn- Breneur, etc…); soit la médiation pour obéir ;
- la médiation professionnelle (EPMN, CPMN, ViaMediation) qui vise à permettre aux gens de rechercher vraiment par eux-mêmes, avec l’assistance du tiers médiateur professionnel, l’accord qui leur conviendra le mieux ou le moins mal, dans une quête d’altérité et de pacification en dehors du référentiel d’a priori qu’il fait bon de revendiquer. C’est ainsi que vous pouvez lire utilement de la Boétie Discours de la servitude volontaire et vous trouverez l’un des fondements de cette approche : la médiation pour réfléchir.
Le débat sur la laïcité est bien là. Mais il n’implique pas seulement ce débat. Il est aussi question de la liberté de religion et de la liberté de conscience, et enfin du devenir de toutes ces activités et professions qui font de la “gestion de conflits” un super marché lucratif tandis que j’insiste sur l’objectif de la médiation professionnelle qui est de promouvoir l’altérité et la qualité relationnelle, en toute liberté.
Désormais, les organisations de la médiation professionnelle promeuvent le droit à la médiation et ce dernier né agace aussi encore plus parce qu’il vient marquer un droit qu’il va être difficile de contester. Notre symposium annuel est aussi un évènement de plus en plus important…
Les raisons de critiquer peuvent être nombreuses pour les jaloux. Le bûcher n’existe plus, mais l’art de la rumeur est la pratique choisie par ces personnes qui savent bien qu’elles vont devoir changer, parce que le droit à la médiation est en marche. Laïque. 😉
N’hésitez pas. Faites le savoir…
Cordialement
Ps : ha j’ai même oublié que je suis en procès contre la CEGOS pour l’appropriation du contenu de la formation que j’ai élaboré. La directrice de la CEGOS est l’ancienne Secrétaire Générale de l’Institut Catholique de Paris. Ce n’est pas fait pour arranger les relations tout cela. Mais dans cette ambiance, ça permet d’être dans une compétition et les choses progressent encore mieux finalement 😉