Elections municipales : quels candidats choisir ?

Elections municipales : quels candidats choisir ?

Lorsque j’avais une dizaine d’années, j’entendais mes aînés proclamer “Tout est politique. Acheter du pain, c’est politique. Quand tu vas dormir et l’heure à laquelle tu te lèves, c’est politique.” Si la politique est partout, alors elle peut avoir diverses expressions. Encore faut-il en comprendre ses enjeux, ses implications, et d’abord la signification du mot politique. Tout est politique quand on comprend que même l’apolitisme est une manière de faire ramper les ramifications d’une pensée normative, de laisser dominer ceux pour qui les pouvoirs sont les moyens d’obtenir autant de soumissions.  

La politique, c’est participer ou laisser décider, au moment d’une élection ou/et à tout moment d’un mandat

La politique réside dans la manière de concevoir le lien social. Elle implique le rapport à la décision, à la conduite de la vie des autres, de la sienne, à considérer le présent, le récit des expériences, de l’Histoire, à définir les projets, à regarder l’avenir, à proposer ou imposer, à obtenir les petites résignations et les grandes allégeances.

La politique, c’est la manière dont on peut envisager la promotion du lien social, de son établissement à son entretien, avec la complexité des engagements et des désengagements, de l’enseignement aux enfants à la formation continue des adultes et de l’intervention de tiers lorsque les choses se détériorent. La politique, c’est une affaire de médiation. C’est l’historique implication des philosophes de la cité grecque dans la conduite de la cité. La politique est en lien étroit avec la manière de vivre en société. Si être élu, c’est obtenir de pleins pouvoirs, c’est d’évidence une toute autre politique que si, être élu, c’est animer la cité en restant à l’écoute des citoyens.

Une alternative politique : conduire à des soumissions ou favoriser des adhésions

Ainsi, la culture de la médiation engage chacun sur une nouvelle manière de l’exercice de l’autorité. Il ne s’agit pas de prendre les décisions à la place des citoyens, mais d’accompagner la mise en place de projets communs. Pour ceux qui n’en n’ont pas la formation, c’est un exercice impossible à maintenir. Il faut donc commencer par développer ces nouveaux savoirs qui font plus que décentraliser les systèmes de décisions, plus que de déléguer les fonctions et les rôles ; il s’agit de changer un mode représentatif par un mode participatif ; c’est un travail en profondeur sur les rapports à l’éducation.

Attention aux chants des sirènes de l’extrême droite 

Ils sont nombreux parmi les électeurs et les candidats à être dans une grande fragilité. Ils sont nombreux à aimer les icônes. Ils sont nombreux à s’enthousiasmer lorsque ceux qui les dirigent avec de petits partages, obtiennent les résultats de leur servitude (La Boétie). Les risques sont de favoriser le retour d’un système politique fondé sur l’exclusion, la domination, la mise à l’index et la délation, en faisant croire que c’est une voie pour que ceux qui méritent ne soient plus déçus. Non seulement, ce sont des raisonnements absurdes, mais c’est une peste politique. Dans le même genre d’idée, en son temps, beaucoup avaient cru avec sincérité que le maréchal Pétain était un bon choix et ce fut une catastrophe.

Dans tous les cas, face aux chahuts et aux aléas de la vie sociale, dans un pays qui n’a jamais été aussi riche depuis le temps que les civilisations existent, les citoyens doivent être vigilants à ne pas se laisser charmer par les discours qui endorment les consciences. La voix d’Homère rappelle à tous que les sirènes ont des paroles qui séduisent, et que pour les entendre sans s’y laisser prendre, il faut souvent adopter de fortes mesures de résistance. Dans tous les cas, ceux qui s’embarquent ne se rendent pas compte de la cause qu’ils servent et de celle qu’ils détruisent. Les choix des systèmes autoritaires sont de cette nature, ils empêchent la poursuite d’un projet commun fondé sur la solidarité et la garantie des libertés. Attention donc à cette nouvelle parure avec laquelle l’extrême droite française se maquille.

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