Auteur: Jean-Louis Lascoux

Les valeurs de “Les Républicains” pour les nuls

Voyant ce que le peuple est capable de faire en politique, par exemple de suivre les choix suggérés par des factions organisées autour d’un système de préservation d’avantages, je me suis souvent demandé s’il était pertinent d’être « démocrate ». De la même manière, le mot « république » peut-il représenter aujourd’hui l’identification de la chose commune ? L’appropriation du nom « républicain » m’a conduit à chercher des réponses sur le site promotionnel. Le valez-vous bien ? Voici les valeurs de « Les Républicains » pour les nuls.

L’influençabilité à l’épreuve sur les réseaux sociaux

Illustration d'une opération hypnotique de la logique.

Illustration d’une opération hypnotique de la logique.

En combien de temps croyez-vous résister à un système logique absurde ?

Sur le réseau social Linkdin, j’observe qu’il n’y a aucune réponse logique à cette suite :

11 x 11 = 4
22 x 22 = 8
33 x 33 = ?

Les répondants proposent 81, 36, 18, 64, 256…

Pourtant, ce qui est flagrant, c’est que les deux lignes de départ servent à conditionner le lecteur sur une représentation fausse du système de calcul, en se fondant sur l’idée de “sortir du cadre pour être créatif”. Il s’agit d’entraîner incidemment vers l’absurde. Le test est concluant. C’est le même mécanisme qui est utilisé avec les “valeurs” du groupement politique “Les Républicains”. Notez bien que sur l’exemple de la suite citée, sur plus de 500 répondants, je n’ai trouvé qu’une seule réponse revenant à la règle logique donnant comme résultat 1089. Même après avoir dénoncé le mécanisme, les répondants continuent d’affluer pour répondre “en dehors du cadre”… alors même que ce n’est pas une preuve de créativité, mais d’influençabilité.

L’anaphore, dans le style Hollande, préside sur le site « Les Républicains »

Le discours est de type hypnotique. Pour obtenir ce résultat, l’anaphore préside à la présentation des valeurs de « Les Républicains », tel un hommage à François Hollande (cf. débat télévisé opposant les 2 candidats en 2012). Le décompte lui-même pourrait être significatif. Le mot « Républicain »est utilisé 20 fois et commence 13 des 15 injonctions de la page. Hollande avait tenu deux fois de plus avec les 15 « Moi, président » à la suite.

Décodeur général : La république des loups

Pour aller vite, voici une restitution de sens de l’ensemble du texte. Un total de huit mots représente les « valeurs » de « Les Républicains ». L’éthique n’a pas inspiré les rédacteurs. Dans leur vocable, le mot « valeur » glisse de l’ordre moral à la spéculation financière. Le discours flatte l’égo de ceux qui lisent l’actualité dans la bulletin mondain de la « high society ». Un « le républicain » est présenté comme un « self made made », dont la réussite est une affaire personnelle. Sa motivation est notamment de ne rien devoir à personne. Il aspire à la réussite. Il travaille et ne compte que sur lui et doit pouvoir en retirer un mérite exclusif. Il vit dans un monde d’adversité et ne connaît pas la signification de ce qu’est l’altérité ou la solidarité.

#Liberté

Liberté Travail Laïcité Justice

Liberté Travail Laïcité Justice

Ils écrivent : « Républicains », c’est le nom de ceux qui préféreront toujours la liberté à toutes les formes de dépendance, et choisiront toujours l’ouverture à l’universel contre l’enfermement communautariste, le sentiment d’une destinée commune à la guerre des origines et des mémoires.

Commentaire : 

Associer la liberté au sentiment d’une destinée commune par préférence à la guerre des origines et des mémoires, après avoir écrit qu’on est contre les communautarismes, c’est tenter de jouer sur des ambiguïtés entre élitisme et patriotisme. Pour plaire et séduire, les mots de cette proposition sont tous liés au registre affectif du langage. L’adverbe généralisateur « toujours », utilisé 2 fois, vient peser pour ajouter une force à la représentation spiritualiste d’un universalisme incongru, mais qui fonctionne ici juste pour un effet poétique.

Le mot liberté se retrouve mêlé à ceux de « dépendance », d’ « enfermement » et de « guerre ».

Néanmoins, dans le travail rédactionnel réalisé, c’est en fait le seul terme qui semble avoir fait l’objet d’une réflexion sur le choix sémantique associé. Il est cependant défini en creux, par opposition, comme si les « Les Républicains » n’avaient pas pensé à valoriser le concept de Liberté autrement qu’au travers de la peur.

#Travail

Ils écrivent : « Républicains », c’est le nom de celles et de ceux qui refusent d’abandonner à d’autres la maîtrise de leur propre destin, et qui veulent vivre debout, de leur intelligence, de leur travail, de leur mérite sans être redevable à personne.

Commentaire :

Le travail n’est pas une valeur, c’est un moyen pour vivre et tout le monde n’y trouve pas la satisfaction qu’il serait en droit de s’y procurer. Chercher à mobiliser autour de l’idée du travail renvoie inévitablement au souvenir « Arbeit macht frei » des camps de concentration. Aujourd’hui, le travail ne rendrait pas libre mais riche : « travailler plus pour gagner plus ». C’est une autre aliénation.

Placer le mot travail mot parmi des valeurs républicaines est non seulement une démonstration d’inculture, mais une insulte à l’idée même de la république.

Par ailleurs, si l’on fait abstraction de ce sens politique, le principe du travail est de contribuer à une oeuvre collective, non à une réussite personnelle, donc on est toujours redevable à quelqu’un du fruit de son travail et de sa réussite ; c’est ce qui fonde la solidarité entre les personnes au sein d’une société respectueuse des autres, promotrice et reconnaissante.

#Laïcité

Ils écrivent : Pour que demain, nos enfants retrouvent confiance dans l’avenir en continuant d’écrire une histoire de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité, unissons-nous !

Commentaire :

La laïcité n’est pas une promesse « Pour que demain ». Nos enfants n’ont rien perdu en confiance : le sous entendu est un abus d’attribution d’un sentiment démagogique. La laïcité est une affaire de société et en premier lieu d’éducation. Elle ne s’inscrit pas dans une attente, mais dans une exigence présente.

La laïcité n’est pas une valeur non plus ; c’est un principe de séparation des systèmes religieux et de l’Etat républicain ; c’est une condition fixée pour établir des modes de vie en société afin de promouvoir la liberté de conscience.

Si nous voulons que les enfants aient confiance dans l’avenir, il convient de leur apporter l’éducation et l’ouverture sur des projets dynamiques, motivants et entreprenants, et aussi une connaissance du fait religieux pour leur épargner de se retrouver influençable dans des rapports de complaisance pour les « soumissions volontaires ».

#Justice

Ils écrivent : Nous appelons à nous rejoindre tous les Français qui aiment la République, ce miracle par lequel tant d’hommes dans le monde qui se sont endormis sujets, se sont réveillés citoyens, parce que ce mot signifie pour eux une certaine idée de l’Homme…

Commentaire :

La justice est une représentation mystique, un leurre paradisiaque pour réguler les relations sociales, autour d’un pacte religieux.

Par ailleurs, le statut de citoyen n’est pas propre à la république. Les sujets sont des citoyens. Les citoyens peuvent être tout autant asservis en république qu’en royauté, puisque c’est la comparaison sous-entendue par les rédacteurs. Dans tous les cas, le réveil des « sujets » ne s’est pas fait après une nuit de sommeil tranquille. La conquête des droits républicains et démocratiques ne sont pas le fruit d’un « miracle » ; ils sont le résultat d’une lutte avec de nombreuses victimes.

Progrès Responsabilité Mérite Autorité

Progrès Responsabilité Mérite Autorité

#Progrès

Ils écrivent : Nous appelons à s’unir à nous tous les Républicains qui ont dans leur cœur l’amour d’un pays dont l’idéal a transformé le monde.

Commentaire :

Cet appel apparaît plus chevrotant que vibrant. Il fait attribuer la transformation du monde à un sentiment, jouant sur une intonation démagogique. Cette transformation résulte d’une évolution de la pensée qui a touché une représentation universelle de l’humain, pas fondée sur un patriotisme.

Le progrès sociétal, autant des droits que des techniques, a été rendu possible par l’éclosion de la Raison et la diffusion de l’instruction.

L’oeuvre politique est à réaliser pour ce qui est d’assurer la répartition des richesses issues des progrès technologiques ; pour l’instant les appropriations et abus détournent les effets des progrès.

Dans tous les cas, la notion de progrès vient surfer sur l’idée des courants progressistes, sans en présenter le moindre contenu, seulement en tentant de récupérer le terme.

#Responsabilité

Ils écrivent : « Républicains », c’est ainsi que se nomment celles et ceux qui se battent pour l’émancipation de la personne humaine et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Commentaire :

Il est inutile de se battre pour la responsabilité. Ce vocabulaire invitant au rapport de force, sous-entendant l’idée de « guerre juste » et donc d’éliminations légitimes de vies innocentes, comme en Libye ou en Syrie, est pathétique.

Pour des personnes plus responsables, le seul moyen est l’éducation et donc la propagande des intérêts de la liberté. La liberté de chacun dépend celle de tous et c’est l’aide à l’éducation non à la destruction des vies qu’il convient de coopérer, au nom de la « chose publique ».

#Mérite

Ils écrivent : « Républicains », c’est le nom de celles et de ceux qui refusent d’abandonner à d’autres la maîtrise de leur propre destin, et qui veulent vivre debout, de leur intelligence, de leur travail, de leur mérite sans être redevable à personne.

Commentaire :

L’insistance à ne pas être redevable, conduit à la représentation américaine de la réussite : « self made man » sans le système de solidarité qui fait précisément le fondement et la sécurité de notre organisation sociale républicaine.

On peut observer là un détournement de conception sociétale, en même temps qu’une culture superficielle aussi indigeste que l’est la mal bouffe et la malnutrition des fast food.

Le slogan sous-entendu est celui de l’unification des loups solitaires : « En bande on est encore plus fort. »

#Autorité

Ils écrivent : « Républicains », c’est ainsi que se nomment celles et ceux pour qui le combat contre le fanatisme et l’intégrisme, contre l’obscurantisme et la déraison, contre la barbarie et la sauvagerie qui menacent toute forme de civilisation dans le monde, est au-delà de la droite et de la gauche.

Commentaire :

Encore du combat, rien de tel pour mobiliser les bagarreurs de l’existence qui ne réfléchissent guère autrement lors des appels à la mobilisation générale. L’autorité affichée ici est clairement celle d’un système répressif, justifiant les mesures liberticides de même nature que celui qui est stigmatisé.

Pourtant, il est évident que l’autorité de compétence est la seule autorité qui vaille. C’est ainsi que la priorité politique de toute société est l’éducation, la garantie de l’exercice de la liberté pour qu’elle puisse s’exercer notamment pour l’expression, la conscience, la décision, avec l’indépendance du système judiciaires, de la presse et de la médiation…

La république n’est certainement pas l’affaire d’un seul parti politique, encore moins d’un qui s’en revendique exclusivement.

Les neurosciences bidonnées à la conquête du management

Alors même que la loi semble être plus difficile pour les organismes de formation, les courriels se font de plus en plus nombreux pour des propositions d’amélioration des styles de management, de la manière de communiquer et de l’efficacité relationnelle. Les programmes de formation pleuvent comme un jour de déluge.

De la théorie des quanta…

Quand j’étais jeune consultant d’entreprise, un type basait son discours sur le management à partir de la théorie de la relativité et des quanta. Ca en jetait. On n’y comprenait rien et il se faisait un plaisir de rabâcher son laïus. La partie restreinte l’animait particulièrement. Face à un public qui se dilatait les oreilles jusqu’aux bâillements absolus, il balançait la théorie des quanta. Je n’ai jamais su combien il devait y en avoir de quanta pour remplir le wagon dans lequel le type courrait inutilement pour démontrer qu’il ne courrait pas plus vite que le train roulait, mais l’apôtre était affirmatif : pour être un bon manager, la théorie des quanta était aussi indispensable que celle de la relativité. Et là dessus une trentaine d’années s’est écoulée.

…à la théorie des neurosciences.

Scanning d'un cerveau humain par rayon X

Scan d’un cerveau humain par rayon X

Maintenant, foin de la bêtise humaine, je lis que “les neurosciences nous enseigneraient que notre cerveau construirait en permanence des réalités virtuelles et qu’il ne ferait aucune différence entre le virtuel et le vécu.” Et c’est moi qui le met au conditionnel.

En tout cas, c’est reparti. Dans l’assourdissant silence de l’abîme universel, le rire est l’instrument de la raison. Ce que je perds en rassurance sur l’espèce humaine, je le gagne en jeunesse d’esprit.

Les neurosciences sont embarquées depuis une quinzaine d’années. J’y ai participé, avec la méthode Herrmann. Mais ce n’était quand même pas à ce point. On découvrait. Mais aujourd’hui, le contenu des affirmations sur les apports des neurosciences sont emballés comme si c’était de la science. En réalité, c’est du bidon. Il n’y a rien de prouvé, rien de démontré, rien. C’est bidon. Ce qui circulent sur internet n’a pas d’autres objectifs que de créer une entente général pour amener les gogos – premiers et seconds couteaux du management, patrons en quête d’absolu – dans les cabinets des pseudo-neuroscientifiques. C’est la nouvelle mode du bidonnage. Astrologie et psychologie, même combat : celui qui a raison est celui qui obtient ses reconnaissances de l’Etat : tromperies et supercheries n’en finissent pas. Vous avez expérimenté ?

Avez-vous un cerveau ?

En fait, ce dont témoignent ces programmes, c’est que leurs concepteurs – qui pillent abondamment le contenu des autres et qui se copient les uns les autres, au point de ne plus savoir d’où proviennent les contenus – ont découvert récemment qu’ils ont un cerveau entre les oreilles et qu’ils ne savaient pas à quoi ça servait. Un radiateur les jours de fièvre peut-être ? Cette découverte incroyable pour eux, généreux comme l’est tout humain, est une motivation de partage. Ils viennent dans les entreprises vous annoncer la bonne nouvelle sous une forme de question : savez-vous vous servir de votre cerveau qui travaille tandis que vous dormez ? Le filou vous raconte des histoires à dormir debout et il y croit tandis que vous, hein, vous… hé bien vous risqueriez bien d’y croire… en tout cas au discours de ces pseudo-neuroscientifiques.

Les spameurs et copieurs de la formation de médiateur professionnel

Pratique de la médiation professionnelleDans tous les secteurs, le spam, comme le piratage de contenu, est un sport. C’est une recherche de dopage du contact client, l’EPO de la prospection. Dans la formation, ça y va : je suis régulièrement asphyxié par ces démarcheurs à la sauvette qui prétendent avoir les compétences en piochant dans tous les contenus des autres pour se faire un programme de formation qu’ils présentent alors comme novateur, complet et formidable. A croire que ce sont des vendeurs de voitures version 1970-1990 reconvertis, sans avoir acquis la moindre compétence supplémentaire.

En l’occurrence, ils parasitent le vocabulaire de la médiation professionnelle. Virés d’ici et de là, ils continuent à se prévaloir de la profession de médiateur et s’affublent d’autres titres méritoires, comme dans une compétition de pin’s et de badges.

Ces pseudo-concurrents, larmoyants de leurs échecs dont la cause est leur frénétique ambition, m’adressent leur contenu de formation et envoient à mes clients devenus médiateurs leurs mailings spameurs. Décidément, ils n’ont pas d’autres fichiers que celui de ceux qui sont déjà en place ? Qui va les lire ? Ils agacent, certes, mais seulement parce qu’ils spament, rien d’autres. C’est comme si j’étais plombier et que pour faire venir de la clientèle, j’allais au devant des clients d’une école de plomberie… Ca agace, parce que c’est complètement improductif. Ils annoncent des formations dans toutes la France, et maintenant à l’étranger ! Ils ne leur restent toujours plus qu’une ou deux places, comme si l’attente était chez eux aussi impatiente qu’un jour sans pain devant une boulangerie polonaise. Ils vont jusqu’à s’appuyer sur le propre calendrier de l’EPMN pour en suivre les dates. Ca trompe peut-être quelques personnes, mais quand elles le découvrent, ces personnes, c’est d’un très mauvais effet. Ils parviennent même à m’extorquer un sentiment de sympathie pour eux : la honte, j’ai même honte pour eux parce qu’ils se revendiquent de la médiation.. et de surcroît médiation professionnelle.

Hé oui, c’est pas comme ça les gars. Il faut savoir prospecter. Cet article même, vous allez le lire. Mais combien de gens vont le lire ? Pas grand monde. Il ne va être lu que par des personnes branchées médiation, personne d’autre, ou quasi. Ha oui, vous, vous allez le lire, et même le relire, la gorge serrée. Et vous allez vous demander comment répondre. Vous risquez de faire gagner de l’argent à un avocat pour une consultation. Vous n’êtes pas nommés, rien ne permet à quiconque de vous identifier, sinon parce que vous spamez, alors votre réponse ne sera d’aucun effet. Personnellement, je ne lis pas vos salades. Je ne visite pas vos sites. Je m’occupe de ce qui m’intéresse et, ce sujet terminé, vous n’en faites plus partie. Vous pouvez donc commencer à mieux réfléchir.

Tiens, alors puisqu’on est entre nous, et que c’est mon métier d’aider les personnes parfois en désespérance, trois conseils. Oui, des conseils parce que vous piquez dans mes ressources, alors je vous donne trois conseils pour vous développer : il vaut mieux être quelque part, petit artisan, mais réellement quelque part. Vous connaissez le vendeur d’andouilles ? Ca vous va si bien. Deuxièmement : faites preuve d’intelligence, parce que pour le moment, c’est pas ça, et depuis le début. Le troisième conseil ? Suivez les deux premiers.

Pour ceux qui passeraient innocemment par là et se diraient (à juste titre) : “Ouah, il n’y va pas de main morte, Lascoux, et qui auraient besoin d’un éclairage : la médiation ne signifie pas se taire face aux situations inacceptables, la médiation ça signifie : liberté d’expression.

Au fait, mon bouquin, le premier sur la formation de médiateur professionnel, va ressortir le 13 mai en librairie : “Pratique de la médiation professionnelle, une méthode alternative à la gestion des conflits” ESF éditeurs. 7° édition. La première date de 2001. Un best seller de la médiation, quoi. Il est mis à jour, évidemment.

J’ai décidé d’offrir de mon temps à la réserve citoyenne de l’éducation nationale

Initiateur de la médiation professionnelle, j’ai décidé d’offrir de mon temps à la réserve citoyenne de l’éducation nationale.

A la suite des attentats de janvier, la minute de silence demandée dans les écoles de la République en hommage aux victimes du fanatisme religieux islamique, n’avait pas été accueillie avec le respect attendu de la part d’élèves dans plusieurs établissements. Le 21 janvier, en réponse au manque évident d’entretien de la laïcité, François Hollande avait annoncé la création d’un nouveau dispositif de promotion des intérêts de la laïcité. L’idée a émergée d’une « réserve citoyenne d’appui » aux 64 000 établissements français est placée sous la houlette des rectorats.

Le 9 février, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, a confirmé la mise en place de ce nouveau dispositif. L’école fait ainsi appel aux ressources de la république : ses propres citoyens, pour mieux illustrer les avantages de la laïcité. « Dans la continuité de la grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République », les enseignants peuvent faire appel à des « intervenants extérieurs dans leurs classes pour illustrer leur enseignement dans l’un des champs d’expertise définis par le ministère. Il est d’ores et déjà possible d’y participer : des formulaires d’inscription sont mis en place. »

Les « champs d’expertise » ont été définis. Les réservistes doivent avoir des compétences dans les domaines : « histoire et mémoire », « monde professionnel », « santé et prévention », « actualité et médias », « arts et culture », « citoyenneté et valeurs de la république », « droit », « environnement », « international ». Le site de la ministre indique aussi que « d’autres compétences se manifestent comme sur les droits des femmes ou de l’enfant ».

Plusieurs médiateurs professionnels proposent d’ores et déjà leurs compétences en matière de qualité relationnelle, de promotion de l’altérité, de l’égalité des droits, de la laïcité et de la résolution des différends.

Il semble que les Français y sont très favorables. Déjà sur un échantillon de 1 008 personnes âgées de 18 ans et plus personnes, 37 % se sont déclarés prêts à s’y engager (Sondage Odoxa pour CQFD et iTELE, réalisé par Internet, les 5 et 6 février).

Sources :

Jean-Louis Lascoux Réserve citoyenne Education nationale

Jean-Louis Lascoux Réserve citoyenne Education nationale

Le juge peut-il être médiateur ? Quelle cohérence ?

JurisprudenceCes derniers jours, j’ai eu un peu à faire concernant la question de la “profession de médiateur” qui tend à être dénigrée par des professions qui exercent sur les litiges. Sur une publication diffusée par abonnement, LalettreA, qui se revendique la lettre de tous les pouvoirs (9 avril 2015), je suis présenté comme l’adversaire de la médiation sous contrôle des professions juridiques. Je n’ai pas eu mon mot à dire : personne ne m’a interviewé. J’ai contesté le contenu, mais seule les erreurs flagrantes ont été corrigées (sigles et fonctions qui étaient erronés).

Il est quasi vain que je rappelle que je ne suis pas adversaire du droit, et qu’au contraire, je pense qu’il faut que les pouvoirs des juges soient renforcés pour permettre à la médiation dans le contexte judiciaire de bénéficier de meilleures conditions d’exercice. Je suis seulement pour le développement de la médiation professionnelle, indépendante, neutre, impartiale, pratiquée par une profession cohérente dans son positionnement sociétal.

C’est clair que la naissance d’une profession est susceptible de déranger. Dans le domaine des conflits, il semble évident que chercher à faire une place importante pour cette profession n’est pas bien vu. De là à dénigrer systématiquement, c’est … bon d’accord, c’est le jeu habituel des mécontents.

Qui se considère “médiateur” aujourd’hui ?

Les réponses pleuvent avec autant de revendications de légitimité naturelle. On se sent médiateur dès lors qu’on a un peu de bonne volonté. Et comme on pense en être mieux doté que tous, on se sent quasiment tous médiateurs. Descartes y aurait vu une parenté avec cette raison que Pascal a dévoyée. Tous ceux qui ont un peu de temps et des bonnes intentions, quitte quand même à en tirer quelque rémunération, se sentent “médiateur naturel”. On retrouve un grand nombre de candidats à la quête de reconnaissance par la psychologie familiale, du travail, du social, de l’intime. Mais dans la pratique contentieuse, des fonctionnaires, des avocats, des magistrats, des huissiers, des notaires se revendiquent aussi médiateur, avec cette bonhomie de notable qu’il conviendrait de ne pas contrarier.

Que les choses soient claires : les médiateurs professionnels travaillent depuis le commencement de leur développement avec des avocats. L’école professionnelle de la médiation et de la négociation – EPMN – à Bordeaux, Lyon, Paris, et dans les Caraïbes et aussi en Afrique – forme des avocats, des notaires, des huissiers, des juges. Mais le fait de se familiariser avec la médiation professionnelle fait-elle un médiateur professionnel ?

Le juge médiateur

Concernant le juge, certains viennent défendre que celui-ci pourrait faire médiateur. Juridiquement, c’est possible. Mais il ne s’agit pas de s’en tenir à l’esprit de la loi, il s’agit de s’assurer qu’il n’y a pas de contradiction, de paradoxe, d’aberration à mêler les deux rôles.

Allez, je prends une affaire qui oppose deux voisins, pour une question de bornage. Admettons que cette affaire vienne devant le juge. Le juge rend une décision. Appel, pas appel, peu importe. La décision est rendue et supposée s’imposer aux deux parties. Voici deux personnes, l’une gagnante, l’autre perdante ou les deux renvoyée dos-à-dos, soumises à la décision. Maintenant, admettons que cette affaire n’ait pas été envoyée devant un juge, et qu’elle ait fait l’objet d’une médiation. Admettons même que l’accord adopté par les protagonistes contienne les mêmes dispositions que la décision judiciaire. Quelle est la différence ? Oui, certes, on aura gagné du temps, oui certes, l’Etat aura fait des économies, oui certes, les parties n’auront pas eu des frais de justice et peut-être d’avocats. Certes. Mais la différence dans l’exercice de la citoyenneté n’est-elle pas plus intéressante en ce que les parties ont pu avoir une extension de leur liberté de décision ? C’est là tout l’intérêt de la médiation professionnelle, de la médiation obligatoire, du droit à la médiation. L’enjeu se situe non pas sur le terrain financier, économique ou d’Etat, tout cela doit être vu comme ça l’est, secondaire. Parce que la chose la plus importante est la progression sociale de la liberté et ce qu’elle apporte non pas à l’idée illusoire d’une civilisation mais à la démarche évolutive de l’humanité.

Alors quoi ? Revenons à l’intervention du tiers.

Comment le juge peut-il trancher s’il sait pertinemment que les parties pourraient trouver un accord si elles venaient devant lui en tant que médiateur ? Curieuse posture intérieure.

Qu’est-ce qui change quand le juge est formé à la médiation professionnelle ? S’il est formé à la médiation (j’ai bien écrit “médiation” et non “médiation professionnelle), rien ne change : il exerce en tant que juge et il croit qu’il est médiateur. Mais s’il est formé à la “médiation professionnelle”, il sait qu’il peut enjoindre les parties d’aller en médiation et le faire avec force. Il leur recommande de s’impliquer dans le processus plutôt que chercher à le fuir. Il fait cela systématiquement parce qu’il sait que le conflit est chargé de contraintes et que l’autorité exercée est une contribution à l’exercice de la libre décision et non une contrainte réelle, de même que l’obligation d’éducation.

Le juge formé à la médiation professionnelle est aussi mieux outillé pour mettre en pratique sa mission de conciliation qu’il préfère au jugement. Il sait que les parties d’un différend plongent facilement dans l’adversité, bien plus par ignorance de savoir faire autrement que par une volonté délibérée. Il en connaît l’instrumentation et probablement aspire à la pratiquer.

Lorsqu’en dernier recours, le juge est amené à trancher, il peut oser indiquer dans sa décision que les parties peuvent encore trouver un accord en se faisant aider d’un médiateur professionnel, mais qu’à défaut, c’est sa décision qui s’impose regrettablement.

Et le juge formé à la médiation professionnelle sait aussi que cette discipline n’est pas une pratique réservée au judiciaire, qu’elle est totalement extérieure à l’idée de justice, puisqu’elle se fonde sur la recherche sur ce qui favorise les relations, la qualité relationnelle, le mieux vivre ensemble. Ainsi, il est illusoire de chercher à judiciariser la médiation professionnelle. S’il y a médiation judiciarisée, comme tend à le faire la commission de Taubira, elle sera une médiation se servitude non de libre décision.

Mais c’est vrai aussi que des personnes, juges ou pas, formées à la médiation professionnelle perte de leur posture et de leur exigence en n’entretenant pas leurs acquis et en bricolant au lieu de continuer à se former à la rigueur.

La médiation plurielle et la médiation professionnelle : un nouveau droit

“Médiateur” ? Depuis quinze ans que j’ai écrit le premier livre de formation sur la médiation et que j’ai initié la médiation professionnelle, j’ai vu beaucoup de personnes à s’imaginer le devenir et autant à se revendiquer compétents. Les réseaux sociaux exhibent les revendications.

La médiation professionnelle, imitée pas égalée

De l’activité d’hier, aujourd’hui, nous pouvons parler de profession grâce à tous ceux qui se sont impliqués avec éthique au sein de cette formidable organisation qu’est la médiation professionnelle, avec l’EPMN, la CPMN et ViaMediation. Il a fallu identifier les démarches contraires, écarter l’amateurisme et promouvoir les compétences. Cette recherche a été entendu dans d’autres pays. Certains ont rapidement adopté l’idée de la médiation préalable obligatoire, mais en lui donnant le plus souvent une forme juridique, mélangé de psycho et de morale. Ce n’est pas cela la médiation professionnelle. La médiation professionnelle est associée à la liberté. Elle est indissociable de l’égalité des droits, de la liberté d’expression et bien évidemment de la liberté de décision.

nuage médiateur

La médiation professionnelle poursuit l’oeuvre révolutionnaire des acquis de la Liberté et de l’Egalité. Elle invente un renforce l’exercice de la liberté, en instrumentant la libre décision avec le droit à la médiation.

Certes de toute évidence, il existe différentes conceptions de l’humain. Elles co-existent dans la société. Elles impliquent chacune ses manières d’aborder la motivation sociétale, la dynamique relationnelle et donc la dynamique conflictuelle. Ainsi, la médiation ne peut pas être une et une seule. Diversité oblige.

Cependant, il existe une transversalité, et c’est avec la rationalité que l’on trouve les fondamentaux, pas les fondamentaux idéologiques, mais les fondamentaux scientifiques. C’est ce qui a permis les avancée révolutionnaire, avec la reconnaissance de la personne en tant que telle ; c’est ce que j’ai cerné et que je propose dans les formations après avoir pu mettre en oeuvre l’efficacité de cette méthodologie fondée sur la rigueur.

Le décret qui ouvre sur l’exercice du droit à la médiation

Avec le décret du 14 mars 2015, si on vous contraint d’aller en justice, vous pouvez exiger la médiation. La médiation vient instrumenter les personnes en conflit qui veulent aller en justice. La justice, c’est aller se soumettre à la décision d’un tiers, la médiation (professionnelle), c’est se faire aider par un tiers pour décider par soi-même.

Comprenons nous bien. Nous avons pu faire entendre que la médiation obligatoire est comme une ceinture de sécurité : elle permet d’étendre la liberté relationnelle sur le terrain où habituellement elle est mise sous tutelle judiciaire, vieille pratique de la féodalité.

Obligation de conseil des avocats

Vous n’avez pas réussi à vous faire entendre par quelqu’un devenu de ce fait un adversaire ? Un médiateur professionnel est compétent pour vous aider sur ce terrain relationnel où aucun autre ne sait faire. Cette médiation fait désormais partie des conditions qui à défaut d’être remplies rendent nulle le recours judiciaire. Ainsi, les avocats se trouvent engagés à assurer leur devoir de conseil sur cette question. Une nouvelle profession émerge : la profession des médiateurs dont vous trouvez les acteurs sur le tableau officiel des médiateurs professionnels.

Une école pour acquérir les compétences de la médiation professionnelle

En attendant, vous êtes “médiateur(e)” et vous pensiez que la médiation préalable obligatoire était un non sens. Venez apprendre votre métier à l’EPMN.

l’EPMN, nous proposons une formation pour savoir comment conduire une médiation performante, efficace et de qualité. Nous sommes les initiateurs du droit à la médiation et de la qualité relationnelle, en tant que discipline : la médiation professionnelle. Vous pouvez acquérir les techniques de la confiance pour aider les autres à mieux structurer leurs pensées dans les moments relationnels difficiles.

La confiance en question : j’ai décidé de faire confiance, le livre de Fabien Eon

J'ai décidé de faire confianceDepuis le temps que je l’annonce, ça y est, le livre de Fabien Eon, “J’ai décidé de faire confiance”, publié chez Eyrolles (18€), sort en librairie. Pas de discours, mais des scènes et des discussions sur des sujets du quotidien : en famille, dans la vie associative, au travail ou dans la vie politique. Le propos est commun, mais délicat à traiter surtout avec légèreté. C’est ce que Fabien a réussi à faire : un livre facile à lire sur une thématique difficile. Il a eu recours à une galerie de personnages dont le premier répond en écho à Etienne de la Boétie : Quentin – que vous pouvez penser “Quand’un…” comme quelqu’un qui se mettrait en action “pour lui-même et les autres”. Quentin maîtrise une confiance qui le rend libre, tandis que le Contr’un de La Boétie subissait une foi qui le rendait servile.

Initialement Fabien voulait écrire un livre sur la qualité relationnelle. La question de confiance s’imposait. Mais comment créer, entretenir, développer la confiance ? Faut-il attendre qu’elle jaillisse et ne peut-on rien faire lorsqu’elle est entamée ? L’étymologie du mot apporte un éclairage pour sa définition. Le mot confiance vient du latin qui signifie “avec foi”, autrement dit ça ne serait qu’une affaire émotionnelle, dans le genre “il faut croire”. Ainsi, la discussion sur la confiance nous entraîne inévitablement à traiter des arguments sur la foi, les croyances, l’ignorance et la connaissance, la raison…

Alors, la confiance est-elle seulement un rapport de foi, cette posture aveugle qui ne suppose aucune contestation, ne supporte aucune interrogation et encore moins la mise en cause ? Est-il possible de procéder autrement, de construire des relations de confiance, de réfléchir à la manière dont on la donne, de rester attentif tout en utilisant ce moyen ? La confiance ne peut-elle reposer que sur un édifice émotionnelle ou peut-elle être construite de manière rationnelle ?

Dans un style romancé, Fabien Eon fait la démonstration que des savoirs-faire peuvent permettent de créer des rapports de confiance. Plutôt que de théoriser, il raconte une histoire. Il fait discuter la raison comme instrument fondateur de la confiance. Il apporte la démonstration que lorsque la raison maîtrise les attitudes et les comportements, la confiance n’est plus aveugle, mais éclairée.

“J’ai décidé d’avoir confiance” est le premier ouvrage de Fabien Eon. Il est d’actualité. Il arrive au moment où les conséquences de la foi de certains les a transformés en marionnettes criminelles. Cette foi là est celle de personnes dont la raison était si diminuée que la confiance n’est pas décidée, mais emportée par une manipulation destructrice.

Si le sujet peut avoir un fond dramatique, il est traité avec la légèreté d’un roman de gare. Avec un personnage en écho du “Contr’un” de la Boétie.

D’ailleurs, au passage, on ne promeut pas suffisamment cet ouvrage de 1549, le “Discours de la service volontaire ou le Contr’un”. En une heure et demie de lecture, Etienne la Boétie explique l’instauration des absolutismes autant que l’aveuglement progressif de chacun qui les rend possible. De petites concessions, d’infimes soumissions et des compromis sans importance réduisent le champ de réflexion jusqu’à interdire des pensées. Ils bloquent des décisions, en minant la qualité de nombreuses relations sans autre fondement que des croyances et des habitudes de servitude.

Dans son livre, Fabien Eon apporte des réponses au moyen de situations et de dialogues. Un grand nombre de relations sont abordées.  Nul doute que dans les personnages que Fabien a mis en scène, vous retrouverez des attitudes et des réflexions sur lesquelles vous avez buté. Vous avez accepté par défaut ou rejeté tout en ne sachant pas comment mettre un terme à cette attitude que votre raison désapprouve mais qu’émotionnellement vous ne savez pas comment intégrer, et inversement.

Dans cette ouvrage, avec Quentin qui est porteur de la rigueur de la médiation professionnelle fondée sur l’approche rationnelle, en dehors de toute élucubration psychologique et codification juridique, il est fort possible que vous puissiez trouver des réponses à des questions que vous vous posez depuis longtemps et peut-être aussi des questions que vous ne vous étiez même pas posées.

En fin d’ouvrage, j’aurai le plaisir de vous retrouver pour une postface et peut-être plus tard dans la formation de médiateur professionnel qui permet à Quentin et à Fabien de promouvoir la liberté de décision.

 

A propos de la liberté d’expression sur les religions, le respect des valeurs et des croyances

Qu’est-ce que la religion ? Qu’est-ce que croire, qu’est-ce que savoir et l’ignorance aussi ? Pour croire, il faut que le doute cède le pas à la confiance. Une confiance inclinée. Le doute de la raison est renvoyé, courbée, dans le foyer émotionnel. Là où les sentiments s’entrechoquent, la raison devient suspecte et le doute qui l’instrumente est transformé en suspicion. Le phénomène religieux patauge dans ce bain où règne l’ignorance, refouloir de la recherche du savoir.

Chercher à savoir, c’est chercher à briser des repères fournis par l’interprétation religieuse. C’est ce qui fait l’originalité culturelle : des croyances transformées en religion d’Etat, caricatures de l’ignorance et de la connaissance. Ainsi, les réalistes peuvent revendiquer la caricature comme un droit, au nom de l’égalité des droits autant qu’au nom de la liberté d’expression.

La liberté ne consiste pas à imposer aux autres les limites de nos acceptations, ni de nos intolérances ; la liberté ne consiste pas non plus à imposer nos craintes, ni à les transposer comme autant d’obligations sur les autres. La liberté est une démonstration d’accueil des différences.

La liberté, c’est pouvoir se scandaliser et réfléchir sans incriminer qui que ce soit.

Je me souviens de cette personne très impliquée dans le développement personnel. Elle avait acheté les droits d’une méthode américaine, et disait qu’on n’avait pas le droit de faire ceci ni cela. Un jour où elle se montrait moralisatrice, avec ce ton que les humanistes savent prendre pour dire que ce n’est pas de la morale, mais quand même ceux qui ne sont pas d’accord avec eux exagèrent, nous avons eu à peu près l’échange suivant. C’était un homme :

  • Moi : Tu as vraiment de la chance toi, au fond.
  • Lui : Ha, pourquoi ?
  • Moi : Avec tous les interdits que tu as, ta vie peut être une conquête permanente pour autant de libertés.
  • Lui : Mais la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, c’est un droit.
  • Moi : La liberté n’est pas une propriété.
  • Lui : C’est quoi alors ?
  • Moi : La liberté est plus sûrement une faculté qui se développe par l’éducation.
  • Lui : On est libre de croire et l’exercice de toute liberté doit être respectée.
  • Moi : On est libre de ne pas apprendre quelque chose, mais ça n’en fait pas un droit que l’on peut imposer aux autres. Etre croyant, c’est comme l’ignorance, ça ne s’apprend pas. Etre libre, cela peut s’apprendre.
  • Lui : Chacun a droit au respect de ses valeurs, comme de sa vie privée !
  • Moi : Personne n’est obligé de maintenir son attention sur quelque chose qui lui déplait. Il y a une certaine complaisance avec ses propres turpitudes à prêter une attention importante pour quelque chose qui déplaît.
  • Lui : Personne n’a le droit de proférer des insultes à propos de ce à quoi on croit.
  • Moi : Oui, c’est plus facile de procéder à la manière constatée par Luigi Pirandello « Chacun de nous projette un univers dans lequel il s’enferme et les autres avec lui. » – il faut préciser : un univers d’interdits, de restrictions et d’empêchements.
  • Lui : Les valeurs sont ce qui permet la vie en société.
  • Moi : C’est encore une confusion entre l’apprentissage d’une discipline pour pratiquer la liberté et la soumission à des règles pour fataliser sur la servitude obligatoire.
  • Lui : Avec ce genre de raisonnement, c’est le grand n’importe quoi. Tout le monde va faire ce qui lui plait et les plus faibles vont encore plus en pâtir.
  • Moi : C’est bien cela : le modèle féodal est si fortement ancré que la défiance est la règle comme la gestion (l’entretien) de l’adversité, au lieu de la confiance et la promotion de l’altérité.
  • Lui : Mais bien sûr, il faut que les gens se soumettent à des règles. Ces règles sont des héritages de ceux qui les ont expérimentés et ont tout fait pour nous transmettre ce qu’ils ont conçu de mieux. Les valeurs morales en font partie, c’est un patrimoine.
  • Moi : La soumission appelle la domination. L’éducation pourrait consister à permettre aux futurs citoyens de s’approprier des principes de comportement, en s’impliquant plutôt qu’en se soumettant. La soumission appelle systématiquement la rébellion avec toutes ses conséquences dramatiques, dont il est aisé d’accuser les acteurs.
  • Lui : On pourrait enseigner les croyances dans les écoles de la république, puisque ce sont des écoles où tout peut s’enseigner.
  • Moi : Oui, bien sûr, et la matière pourrait avoir pour but : “Comment se contenter de croire plutôt que de chercher à comprendre” et elle serait nommer : “Culture de l’ignorance”.
  • Lui : C’est agressif ce que tu dis.
  • Moi : La vraie agression, c’est quand tu n’es pas libre.
  • Lui : En quoi mes croyances peuvent t’agresser ?
  • Moi : C’est comme si tu avais des barreaux devant toi que tu contestais. Lorsque j’arrive en face de toi, ces barreaux s’imposent à moi.
  • Lui : mais je ne t’impose rien.
  • Moi : Ha si, le silence sur ce que je constate.
  • Lui : et si tu te trompais ?
  • Moi : Tu serais trop content de me le démontrer, mais au lieu de cela, tu cherches à m’imposer a minima le silence, au nom d’une invention mystique ; ainsi tu prétends m’imposer une limitation qui t’appartient. Si ma quête de liberté relationnelle t’interpelle, je n’y suis pour rien. Vois-tu, la liberté des uns ne s’arrête pas à celle des autres, elle s’étend au travers de celle des autres.
  • Lui : Alors j’aurais de la chance de devoir me défaire de ce qui me limite dans ma vie ? Mes habitudes ont un certain confort.
  • Moi : Probablement une question de sens de la vie. Il n’est pas sûr que l’on puisse jamais pouvoir démontrer qu’elle en a un. Mais en tout cas, la liberté ne consiste pas à imposer aux autres les limites de nos acceptations, ni de nos intolérances. Elle est plus sûrement une démonstration d’accueil des différences.
  • Lui : Alors c’est moi qui exposerait mes croyances en les exprimant et ceux qui les critiqueraient ne feraient qu’exercer une sorte de droit de réponse ?
  • Moi : Dès lors que tu affiches une idée, les autres ont le droit de la contredire, de s’en moquer, de la tourner en dérision. C’est à toi de considérer si tu veux ou pas poursuivre la discussion. Rien ne t’oblige. Plus tu vas y prêter attention, plus tu vas donner de l’importance au sujet. C’est le principe de la surenchère qu’il serait temps que tu intègres dans ta vie.
  • Lui : Ne sois pas désagréable.
  • Moi : C’est une perception.
  • Lui : Bref, la seule manière pour que mes croyances ne soient pas vilipendées est que je n’en dise rien et ainsi que je les laisse dans mon espace privé. Si je révèle mes croyances, il ne faut pas que je m’étonne de déclencher des contradictions et des moqueries éventuelles de la part de ces petits malins qui aiment bien pratiquer l’estocade avec les mots. Ma liberté est de laisser les autres en dehors de mes limites d’acceptation et de pratiquer l’accueil que j’attends d’eux…
  • Moi : Tu vois que tu as de la chance. Plus tu as d’interdits, plus tu as de libertés à conquérir. Donc, si tu veux rester chanceux, surtout ne t’instruis pas, ni de tes interdits ni de tes libertés.

Et si nous élevions un autel à Cabu, Charb, Honoré, Tignous, et Wolinski ? Nous aurions l’Olympe de la caricature. On n’aurait pas le droit de parler d’eux de manière sérieuse. Les prières se feraient à grand coup de crayon sur des rouleaux de papier. On ne pourrait avoir que des traits qui cherchent à déclencher le rire, avec bien sûr, quand même, le droit à l’erreur, même avec des traits à la con.

Je suis pour que le 7 janvier devienne la journée internationale de l’humour, de la caricature, de la dérision, du sarcasme. Il en va de la reconnaissance du droit de déconner, sans risque de dérapage.

Dans les pays comme le Burkina Faso ou le Mali, il leur suffira d’étendre la pratique de la parenté à plaisanterie pour que la raillerie soit reconnue comme un droit humain de se bidonner des arguties et arguments des autres.

Les conditions fondamentales pour exercer en médiation

La médiation ne peut avoir lieu que dans des conditions clairement identifiées :

  • organisation politique protectrice des droits de l’Homme
  • liberté de pensée, de croire et de ne pas croire ; laïcité
  • égalité des droits des personnes

Les systèmes politiques irrespectueux des droits des personnes, ne garantissant pas la possibilité pour chacun de choisir pour sa propre vie, faisant obstacle à l’égalité des droits et à la laïcité, ne permettent pas l’exercice de la médiation. Ainsi en va-t-il des systèmes religieux et politiques qui ne reconnaissent pas la liberté de tous à conduire sa vie.

Voir sur le site officiel de la médiation professionnelle

Je suis Charlie

C'est dur d'être aimé par des cons

C’est dur d’être aimé par des cons

C’est désolant de se dire que des humains peuvent se donner une mission criminelle, sans rien dans une perspective de liberté, sinon que la joie d’exhiber leurs carcans. Les inquisiteurs étaient de ceux-là, les nazis, maintenant les jihadistes.

Hé merde !

Je disais dernièrement encore, que le territoire français n’avait pas connu de guerre depuis plus de 60 ans. Ca reste vrai. Une agression n’est pas une guerre. Mais il faut croire que la montée de ces invraisemblables extrémismes ne se fait pas sans racine.

La racine est dans le rapport qui existe entre laïcité et liberté religieuse. L’après révolution française n’est pas encore un acquis. La liberté de ne pas croire, la liberté de ne pas penser selon des représentations de soumission, cette liberté là est toujours menacée. Elle est récente. Elle est fragile. Nous ne pouvions pas penser, sérieusement, qu’elle était à ce point menacée. Je ne crois pas en dieu et pourtant, je rappelle que je paie des impôts avec lesquels l’Etat entretient des lieux réservés aux offices religieux. Franchement ? Je n’y vois même pas un inconvénient, tant je sais qu’il est difficile parfois de faire face à la question du sens de la vie.

Il n’y a pas de fanatisme laïque. Il n’y a de fanatisme que dans les croyances. C’est là que se trouve la racine. Après les balles, le débat national doit rendre un hommage constant à la laïcité, à la liberté de s’exprimer. C’est de cela dont il doit être question : dans les écoles, dans les entreprises, dans les associations, dans les lieux de privation de liberté… partout, la société française doit reprendre les chemins de la réflexion révolutionnaire.

En tout cas, par esprit de médiation, je préconise que le 7 janvier devienne le jour où l’islam et toutes les religions et leurs prophètes aient désormais un rendez-vous avec l’humour, la dérision, la moquerie, l’ironie, le cynisme et les caricatures.

Salut Charlie