Pas encore de formation médiation professionnelle en Suisse ni au Luxembourg

Pas encore de formation médiation professionnelle en Suisse ni au Luxembourg

En quête de qualité relationnelle ou de résolution de différend, le choix de la médiation professionnelle c'est la CPMN

En quête de qualité relationnelle ou de résolution de différend, le choix de la médiation professionnelle c’est la CPMN

De tout temps, l’envie de se promouvoir, de se hisser en profitant des autres ou d’un autre seulement a conduit certains humains à copier, plagier, reproduire, décalquer, pomper, tricher. Le résultat est la plupart du temps consternant. Mais il n’empêche pas les auteurs de ces malfaçons de réussir tant il est difficile de les contrecarrer. Tant il est devenu difficile de les empêcher de parasiter d’un côté le vrai savoir faire et de l’autre côté l’ignorance des clients.

Je ne parle pas du caméléon qui a cette caractéristique d’adaptation, de camouflage. Je ne parle pas de ces fleurs magnifiques qui adoptent l’apparence d’un animal pour repousser des parasites. Non, la nature est faite de cette richesse des couleurs et des formes qui me conduisent à l’admiration.

Je parle de ces piqueurs de formation qui parviennent à embarquer des clients par des discours empruntés et qui jouent de leurs insuffisances intellectuelles pour se faire quand même, malgré tout, un petit promontoire vers une réussite qui les frustre.

L’un d’eux me disait d’ailleurs, quittant soudainement notre conversation en pleurant qu’il n’avait rien fait de sa vie qui vaille à ses yeux le mérite qu’il recherchait. Alors, il a trouvé sa solution en imitant la médiation professionnelle, en vautrant son discours dans les approximations qu’il n’a pas digéré à propos de la PNL, de l’AT, du MBTI. Il y fourre tout, pensant ainsi témoigner d’originalité en se conformant par l’usage de concepts connus mais inappropriés pour accompagner la résolution des différends. Le résultat est une tambouille sans intérêt, à laquelle se font prendre les clients, flattés par la bidouille dont ils ont entendu parler par ailleurs.

La médiation professionnelle que j’ai initiée se trouve l’enjeu de cette quête. C’est la démonstration d’une réussite, me disent les plus optimistes. Certes. Mais il convient d’attirer l’attention des clients, même si ça fait râleur, que la médiation professionnelle est enseignée à l’EPMN, et exclusivement à l’EPMN.

Et pour toute réponse, ce que je peux faire pour ceux qui obstinément se font prendre, c’est de les inviter à venir constater la différence. Vous êtes inscrits à l’une de ces formations ? Vous savez qu’en matière de formation continue, vous pouvez annuler votre formation ? Alors, c’est la loi, vous pouvez venir assister à une journée de formation de l’EPMN, et vous constaterez qu’il n’y a pas photo.

Sachez donc que la médiation professionnelle est pratiquée exclusivement par les médiateurs membres de la CPMN, syndicat professionnel historique qui est très vigilant à ne proposer que des médiateurs apportant les garanties de compétence. Et ce n’est pas pour rien que la CPMN présente un tableau officiel : pour permettre à tous de faire la différence.

Vous pouvez aussi trouver les médiateurs professionnels grâce au moteur ALLOMEDIATION

Ainsi, pour les formations en 2014, il n’y a qu’en France que la médiation professionnelle est enseignée : Paris, Lyon, Bordeaux (siège de l’école), Fort-de-France et Pointe-à-Pitre.

L’année prochaine, on va voir pour la Suisse et le Luxembourg, mais soyez patient(e)s. Ne vous laissez pas emporter 😉 Tenez-vous informé(e)s sur notre journal en ligne : l‘officiel de la médiation


la mante orchidée par 2tout2rien

La médiation au secours d’un système judiciaire en déroute ?

Christiane-TaubiraLe 9 septembre 2014, la ministre de la justice, Mme Taubira, a annoncé via le Parisien Libéré, qu’un conseil national de la médiation et de la conciliation allait être créé. Cette mesure va avec des restrictions budgétaires et un appauvrissement de l’appareil judiciaire. Pour la Chambre Professionnelle de la médiation et de la négociation (CPMN), seule organisation syndicale et représentation de cette profession émergente, ce conseil national de la médiation et de la conciliation est une nouvelle erreur, alors même que la CPMN a proposé une structure de ce type en 2011.

Depuis notre proposition de 2011, nous pourrions être satisfaits de cette annonce. En effet, cette structure ambitieuse ne saurait laisser indifférents les représentants de la profession de médiateurs. L’idée est issue de nos propositions pour la promotion de la médiation en l’occurrence, plus précisément il s’agissait d’une commission nationale de la médiation que nous voulions plus large. L’instance proposée est restrictive, même si la conciliation y a été raccrochée.

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objectif aquitaine

La médiation professionnelle en débat : la qualité relationnelle au service de la performance en entreprise

lundi 22 septembre 2014 / 18H / Bordeaux Hôtel Burdigala / 115 rue Georges-Bonnac

La médiation professionnelle en débat : la qualité relationnelle au service de la performance en entreprise.

Pour attirer l’attention sur l’importance de la régulation des relation en prévention des conflits et sur les bénéfices de la qualité relationnelle au travail. Le coût de la non-qualité relationnelle pour l’entreprise est insoupçonné. Il s’avère néanmoins important : mal-vivre, absentéisme, démotivation… Autant de situations qui peuvent aboutir au conflit, partie la plus visible de la dégradation de la relation. Tous ces aspects de la médiation professionnelle seront abordés le 22 septembre dès 18H.

INTERVENANTS : 

Yves PETITJEAN Président de la Chambre
de métiers et de l’artisanat d’Aquitaine
Michel DUMON Président de la CAPEB Gironde
Philippe MOULIA Directeur général d’Eiffage
Construction Nord Aquitaine
Sophie ABIB DRH Ile-de-France d’Orange
Alexandre BAUD DRH de la Lyonnaise
des Eaux
Jean-Louis LASCOUX Président de la CPMN
Henri SENDROS-MILA Vice-président de la CPMN

Comment nommer la mort choisie ?

L’ancien ministre et cofondateur de médecins sans frontière et médecins du monde Bernard Kouchner suggère que l’on trouve un autre mot pour désigner l’euthanasie, par que “D’abord il y a nazi dedans, ce qui n’est pas gentil puis ce mot donne tout de suite l’impression qu’il y a une agression et qu’on va forcer les gens.(France inter)”  Quoique le mot définition une manière d’abréger des souffrances, il ne met pas en avant l’idée de la volonté de la personne.

De cette idée, on peut retenir que le terme, dévoyé par les mouvements eugénistes, n’est pas très clair. En effet. euthanasie désignerait plus une “mort douce” provenant de l’action d’un tiers que de la volonté de la personne concernée.

  • Euthanasie : eu (bonne) + thanatos (dieux grec de la mort)  : bonne mort

Nous pourrions trouver un mot dont l’usage serait différent, quoique construit selon le même principe. Je propose :

  • Callithanie : de calli (jolie) et thanatos = une jolie mort. Et le mot pourrait désigner la mort que l’on choisie, que l’on demande une aide ou qu’on se la donne soi-même, plutôt que de souffrir.

Même si la proposition de Bernard Kouchner peut paraître quelque peu légère voire farfelue, elle conduit à mieux réfléchir le sens de ce qui devrait être promu par l’évolution de la loi Léonetti.

 

 

L’erreur de la “médiation familiale”

Village de la justiceAvant les élections municipales de 2014, la famille était au centre des débats politiques. Il devait y avoir une grande réforme. Après le mariage, ça devait être le tour à la conception des enfants d’être discutée et, dans la logique des choses, venait celui de l’autorité parentale. Il n’en sera probablement rien.

La discussion est encore une fois reportée, laissant croire que les réfractaires à la liberté d’autrui l’emporte avec une surcharge de 700 amendements rédigés pour polluer l’adoption des nouvelles dispositions. Il est légitime de se questionner sur la maturité politique qui accompagne ces textes. Parallèlement, l’obstacle principal réside dans le fait que l’évolution des sciences et des techniques a du mal à rencontrer celui des mentalités.

Dans ces rapports à l’évolution, l’inculture y est pour beaucoup et c’est sur elle que s’affalent les extrémismes qui se font le plus entendre en ce moment.

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Anne Guivergys-Lamouche, Juste parmi les citoyens du monde, est décédée le 10 mai 2014

Une Juste parmi les citoyens du monde s’en est allée

Ma mère d’adoption, Anne Guivergys-Lamouche, est décédée le 10 mai, à l’âge de 83 ans.

La dernière fois que je l’ai vue, c’est quelques jours avant sa mort, lorsque je suis allé la voir à l’hôpital avec Clara, sa petite fille. Souvent, nous allions lui faire des visites ensemble. Comme un rituel, nous prenions rendez-vous à la maison ou au restaurant rue de Bucci où elle aimait aller déjeuner et rejoindre ses amis.

Anne avait délicatement pensé le dernier moment de notre rencontre. Ma main posée sur sa joue, elle se blottissait tendrement, comme dans un ultime souvenir dont elle savait l’importance. Elle m’aura laissé cet instant de tendresse, cette douceur qu’elle a si souvent masquée pour préférer montrer un caractère fort, déterminé, sans concession pour les moments où elle ne voulait rien lâcher à la faiblesse.

Pour Anne, il fallait être fort et c’est dans ce contexte que nous nous sommes connus, au temps où la dureté de l’existence m’était un euphémisme. Elle attrapait avec une puissante énergie les mains tendues vers des libertés que personne d’autre ne semblait entendre. Nous nous retrouvions, là, avec cette force qu’elle voulait non revendiquée, tournée vers ceux qui en ont encore plus besoin. Elle était solidaire. Elle ponctuait ses actions d’un regard mêlé de générosité et de sévérité. Solitaire aussi.

Pas facile de décoder cette femme qui a fait de moi un fils qu’elle revendiquait dans un jeu complice d’une naissance cachée. Elle était une femme de luttes, intraitable, et soutenait les combats centrés sur  les droits humains. Elle n’était pas complaisante. Anne était une Juste parmi les citoyens du monde. Elle était comme cela, une détermination, une obstination vainqueur.

Anne a été un soutien actif pour de très nombreuses causes peu écoutées et parfois mal entendues. Militante des droits de l’Homme, elle ne levait pas des armées. Anne ne faisait pas de bruit autour de ce qu’elle faisait, mais elle savait déjouer les obstacles pour arriver à démêler une situation. Elle assurait la veille et le travail des petites mains où elle préférait se tenir, refusant toujours les propositions de mise en avant. Elle choisissait l’intervention discrète. Son pouvoir était celui de ses convictions et de la force de son affirmation. Elle n’en cherchait pas d’autre. Elle ne se sentait rien mériter pour avoir fait ce qu’elle considérait comme un devoir d’existence.

Anne a été une militante active pour l’accession de la gauche en 1981. Elle s’y est vouée. Pour elle, le 10 mai est restée une date victorieuse.

En même temps que secrétaire pour la ligue des droits de l’homme, elle a animé au parti socialiste, avec Françoise Seligmann, le journal Le Poing et la Rose et était en charge des adhésions et en avait une mémoire phénoménale. Elle pouvait raconter les premiers instants de François Hollande et de tant d’autres au parti socialiste. Proche du couple Mitterrand, elle a dirigé à l’Elysée, le secrétariat de Danièle durant les deux septennats de François Mitterand. Elle a terminé sa carrière, aux relations extérieures du Conseil économique et social.

Affectivement très proche de Bertrand Delanoé, politiquement, elle marquait une préférence pour Jean-Luc Mélenchon, ses idéaux, sa culture et la qualité de ses discours. Ils faisaient partie des rares à ses yeux à sauver encore la classe politique.

Anne connaissait tout du pouvoir, dont elle voyait les jeux, les coups de maîtres et les coups bas, mais s’attachait à ne rien devoir. Elle n’utilisait sa position que pour faire cesser une injustice, mais pas au delà. Elle avait le discours abrupte pour empêcher les tentatives de compromis.

ean_Cormier_et_Anne_LamoucheElle m’a dit combien elle était proche de Jean Cormier (avec lui en photo). Elle avait de nombreuses amitiés dans les pays d’Amérique du Sud, parmi les Chiliens, Argentins, Péruviens… Fidèle Castro était un de ses amis.

Anne n’était pas musicienne, mais parmi ses amis, de nombreux musiciens. Elle m’avait fait rencontrer Miguel Estrella. Toujours cet engagement fort pour la liberté sous toutes ses formes. Anne n’était pas poète, mais connaissant mon admiration pour Breyten Breytenbach, elle me l’avait fait rencontrer. Anne n’était pas comédienne, mais soutenait Oscar Castro avec son théâtre Aleph. Encore un latino. Toujours un engagé pour la liberté. Anne avait la curiosité de tous les arts. Elle n’était pas peintre, mais les murs de son appartement étaient tapissés de tableaux d’artistes de nombreux pays qu’elle connaissait personnellement.

Anne aura laissé à tous cette marque dans les relations qui impose la solidarité comme une évidence. Ce n’était pas un engagement, ce n’était pas un discours, c’était sa posture naturelle devenue une tonalité et une pratique autant politique que relationnelle.

Anne, dans ma vie, aura été un repère de cette qualité, de cette tendresse qu’elle offrait dans une grande retenue.

3 mystifications en formation managériale : Maslow, Karpman, Kubler-Ross

Dans le domaine des formations managériales, certaines représentations sont admises comme allant de soi. Elles sont enseignées et relayées, parfois sans discernement, tant par les consultants que par les enseignants issus des grandes écoles. Ces modèles bénéficient d’un crédit intellectuel largement usurpé, faute d’évaluation critique rigoureuse.

Ayant moi-même contribué à diffuser certains de ces concepts, je mesure aujourd’hui combien leur usage s’est opéré sans réelle vérification méthodologique. Quelques formateurs prudents soulignaient leur statut non scientifique, mais l’ensemble repose sur un flou théorique entretenu par une tolérance excessive à l’égard de l’imprécision. Le rejet de la rationalité argumentée, souvent au nom de l’« ouverture d’esprit », a laissé place à une forme d’éclectisme permissif dans lequel toute critique méthodique est disqualifiée.

Je propose ici une analyse de trois modèles particulièrement problématiques.

1. La courbe du deuil (Elisabeth Kübler-Ross)

Initialement conçue pour décrire les réactions psychologiques de personnes confrontées à l’annonce d’une maladie incurable, cette courbe a été transposée, sans fondement, aux situations de changement en entreprise. Cette généralisation abusive repose sur un glissement conceptuel majeur : assimiler une annonce de décès à un changement organisationnel. En cela, elle constitue une rationalisation a posteriori de la résistance au changement.

La critique principale tient à l’absence de validité empirique dans cette transposition. Il n’existe aucun protocole de vérification démontrant que les étapes supposées du deuil s’appliquent aux transformations professionnelles. L’argument devient alors circulaire : toute réticence est interprétée comme un signe d’entrée dans la “courbe du deuil”, justifiant dès lors des pratiques managériales normatives voire manipulatrices.

2. La pyramide des besoins (Abraham Maslow)

Présentée comme une hiérarchisation universelle des besoins humains, cette pyramide repose sur une modélisation ethnocentrée, fortement influencée par un contexte socioculturel particulier, en l’occurrence celui de l’Amérique protestante du XXe siècle.

Or, les besoins humains ne suivent pas nécessairement une hiérarchie linéaire. Leur ressenti, leur ordre d’apparition et leur interaction varient fortement selon les cultures, les situations et les individus. De nombreuses études anthropologiques et sociologiques l’ont démontré. La représentation pyramidale fige des processus adaptatifs complexes dans un modèle simplificateur, devenu obsolète et trompeur, y compris dans son pays d’origine.

3. Le triangle dramatique (Stephen Karpman)

Ce modèle postule l’existence de rôles fixes — victime, persécuteur, sauveur — dans les interactions conflictuelles. Il est largement utilisé dans les formations en communication et en prévention des risques psychosociaux, souvent sans mise en perspective critique.

Pourtant, ce modèle repose sur une lecture essentialiste et psychologisante des comportements relationnels, sans base empirique solide. Il simplifie à l’extrême la dynamique des interactions et favorise des interprétations projectives, sujettes à de nombreux biais. L’assignation de rôles préétablis, sur la base d’indices comportementaux flous, conduit à des dérives interprétatives et à une méfiance systémique, peu compatible avec une approche rigoureuse de la relation humaine.

Conclusion

Ces trois modèles partagent plusieurs traits communs :

  • Une absence de validation scientifique probante.

  • Une facilité de diffusion liée à leur apparente simplicité.

  • Une fonction normative masquée sous des prétentions explicatives.

Ils relèvent davantage de constructions idéologiques que d’outils méthodologiques, sinon de biais de temporalité contextuelle. Leur usage massif en formation managériale devrait être reconsidéré à l’aune de critères de validité, de falsifiabilité et de transférabilité contextuelle. En l’état, leur perpétuation contribue à une confusion entre savoirs établis et croyances populaires.

Ces trois leurres présentées comme des vérités dans la plupart des formations au management sont des hontes intellectuelles. Elles sont absurdes, et mêmes ridicules. Maintenant que l’on a un peu avancé dans la qualité du raisonnement. il serait temps que les consultants et formateurs s’actualisent et cessent de les véhiculer.

Elections municipales : quels candidats choisir ?

Lorsque j’avais une dizaine d’années, j’entendais mes aînés proclamer “Tout est politique. Acheter du pain, c’est politique. Quand tu vas dormir et l’heure à laquelle tu te lèves, c’est politique.” Si la politique est partout, alors elle peut avoir diverses expressions. Encore faut-il en comprendre ses enjeux, ses implications, et d’abord la signification du mot politique. Tout est politique quand on comprend que même l’apolitisme est une manière de faire ramper les ramifications d’une pensée normative, de laisser dominer ceux pour qui les pouvoirs sont les moyens d’obtenir autant de soumissions.  

La politique, c’est participer ou laisser décider, au moment d’une élection ou/et à tout moment d’un mandat

La politique réside dans la manière de concevoir le lien social. Elle implique le rapport à la décision, à la conduite de la vie des autres, de la sienne, à considérer le présent, le récit des expériences, de l’Histoire, à définir les projets, à regarder l’avenir, à proposer ou imposer, à obtenir les petites résignations et les grandes allégeances.

La politique, c’est la manière dont on peut envisager la promotion du lien social, de son établissement à son entretien, avec la complexité des engagements et des désengagements, de l’enseignement aux enfants à la formation continue des adultes et de l’intervention de tiers lorsque les choses se détériorent. La politique, c’est une affaire de médiation. C’est l’historique implication des philosophes de la cité grecque dans la conduite de la cité. La politique est en lien étroit avec la manière de vivre en société. Si être élu, c’est obtenir de pleins pouvoirs, c’est d’évidence une toute autre politique que si, être élu, c’est animer la cité en restant à l’écoute des citoyens.

Une alternative politique : conduire à des soumissions ou favoriser des adhésions

Ainsi, la culture de la médiation engage chacun sur une nouvelle manière de l’exercice de l’autorité. Il ne s’agit pas de prendre les décisions à la place des citoyens, mais d’accompagner la mise en place de projets communs. Pour ceux qui n’en n’ont pas la formation, c’est un exercice impossible à maintenir. Il faut donc commencer par développer ces nouveaux savoirs qui font plus que décentraliser les systèmes de décisions, plus que de déléguer les fonctions et les rôles ; il s’agit de changer un mode représentatif par un mode participatif ; c’est un travail en profondeur sur les rapports à l’éducation.

Attention aux chants des sirènes de l’extrême droite 

Ils sont nombreux parmi les électeurs et les candidats à être dans une grande fragilité. Ils sont nombreux à aimer les icônes. Ils sont nombreux à s’enthousiasmer lorsque ceux qui les dirigent avec de petits partages, obtiennent les résultats de leur servitude (La Boétie). Les risques sont de favoriser le retour d’un système politique fondé sur l’exclusion, la domination, la mise à l’index et la délation, en faisant croire que c’est une voie pour que ceux qui méritent ne soient plus déçus. Non seulement, ce sont des raisonnements absurdes, mais c’est une peste politique. Dans le même genre d’idée, en son temps, beaucoup avaient cru avec sincérité que le maréchal Pétain était un bon choix et ce fut une catastrophe.

Dans tous les cas, face aux chahuts et aux aléas de la vie sociale, dans un pays qui n’a jamais été aussi riche depuis le temps que les civilisations existent, les citoyens doivent être vigilants à ne pas se laisser charmer par les discours qui endorment les consciences. La voix d’Homère rappelle à tous que les sirènes ont des paroles qui séduisent, et que pour les entendre sans s’y laisser prendre, il faut souvent adopter de fortes mesures de résistance. Dans tous les cas, ceux qui s’embarquent ne se rendent pas compte de la cause qu’ils servent et de celle qu’ils détruisent. Les choix des systèmes autoritaires sont de cette nature, ils empêchent la poursuite d’un projet commun fondé sur la solidarité et la garantie des libertés. Attention donc à cette nouvelle parure avec laquelle l’extrême droite française se maquille.

Qui ne sont pas “médiateurs professionnels” ?

Lorsque j’ai initié l’usage de “médiateur professionnel” et de “médiation professionnelle”, ils ont été nombreux dans le microcosme de la médiation des conflits à dénigrer ces deux notions. Pour eux, le médiateur ne pouvait pas être un professionnel, non. Pour eux, être médiateur ça devait rester une activité annexe à celle de conseil ou d’arbitre ; pour eux, la médiation, c’était (et pour beaucoup c’est toujours) un mi chemin entre la morale et le droit ; avec un peu de psychologie, le médiateur doit arriver à ce que ses interlocuteurs deviennent raisonnables. Selon eux, la médiation, c’est fait pour ramener les personnes sur les chemins de la conformité. Pour eux, la médiation, c’est une mission, à la rigueur une activité de retraités, ou de fonctionnaires bons offices, ou de personnes travaillant dans un organisme subventionné, sous tutelle de l’Etat ou d’une para-administration. En tout cas, l’idée de la “médiation professionnelle” leur apparaissait (et encore…) une usurpation. Elle ne devait pas faire de chemin du tout. Pour eux, médiateur professionnel, c’était abusif, voire un non-sens.

J’ai défendu l’idée par la preuve : “un médiateur, une mission, un résultat”. J’ai démontré que l’on sait où conduit un conflit et où une médiation professionnelle peut conduire aussi. J’ai imposé une vision scientifique de la résolution des différends. Ca a vraiment commencé en 1999, lorsque j’ai écrit mon bouquin “Pratique de la médiation professionnelle” (ESF). Alors, à ce moment là, comme j’ai insisté, les concurrents de l’EPMN, la seule école de médiation professionnelle, ont concédé qu’on pouvait dire “professionnel de la médiation”, mais pas “médiateur professionnel”. Selon eux, on pouvait parler de “professionnalisation de la médiation”, mais pas de “médiation professionnelle”. Les plus ardents défenseurs de la non médiation professionnelle étaient dans le monde du droit. Ils voyaient émerger une profession sur le terrain du règlement des conflits. Mais pas seulement, des psychologues aussi, et beaucoup de personnes du milieu confessionnel.

Et j’ai poursuivi. J’ai façonné la médiation professionnelle. J’en ai fait une discipline. J’ai suivi l’évidente vécue en entreprise : la médiation était professionnelle et médiateur devenait une profession à part… une profession à part entière.

Dans la médiation professionnelle, pas de psychologie, rien qui ne puisse être démontré, attesté, pas de droit, pas de sociologie, pas d’argument statistique, pas de morale, pas de recours à la conformisation. En médiation professionnelle, une approche rigoureuse, méthodique, rationnelle, précise, transmissible, une pratique d’aide à la structuration de la pensée, des processus de soutien du libre arbitre par la réflexion et d’accompagnement de projets.

Alors, ils sont venus surfer sur la vague, parasiter le concept avec leur incompétence. Certains sont venus se former à l’EPMN. Ils pompent l’éthique, la déontologie, quelques techniques qu’ils peinent à reproduire, maquillent l’altérocentrage et les processus structurés. Mais incapables d’assimiler la rigueur, ils sont partis en s’appropriant quelques concepts en les vidant de leur contenu. Ils dispensent aujourd’hui des formations avec des contenus relevant de la psychologie et même des pires inepties, détournant la notion de médiation professionnelle de sa rigueur éthique et déontologique qu’ils n’ont pas pu supporter.

Alors pour vous permettre de faire le tri, les organisations fondatrices de la médiation professionnelle viennent de publier le tableau officiel des médiateurs professionnels. Et en tout cas, n’hésitez pas à venir à l’EPMN, à Bordeaux, au lieu de vous embringuer dans une formation de bateleur.

Les médiateurs professionnels savent comment conduire leurs processus, ils savent aider les personnes à trouver leur issue, à choisir leurs solutions. En tant que membres de la CPMN, ils sont les seuls à préserver la libre décision des parties, à promouvoir le droit à la médiation. Avec les médiateurs professionnels, je vous remercie de votre confiance.

De la manif pour tous à l’opposition au droit à la médiation

Le mouvement de la Manifpourtous a fait reporter le projet de loi famille. Victoire ! Mais les manifestants savent-ils vraiment contre quoi ils ont manifesté ? Les slogans étaient réchauffés, les mots d’ordre étaient faux, la cause n’avait rien à voir avec le but affiché, tout était bidonné et pourtant, marionnettes dont le porte-voix était le ragot, les leaders ont réussi leur coup. Pourquoi ? Comment ? Trop forts !

La grande manipulation

Le mot d’ordre lancé par les leaders de ce mouvement était de se rassembler contre la “familiophobie” du gouvernement. La mobilisation se faisait au moyen de rumeurs lancées sur le net selon lesquelles :

  • le ministre de l’éducation voulait faire enseigner la “théorie du genre”, ce dont il n’a jamais été question
  • la procréation médicalement assistée (PMA) était dans le projet de loi, ce qui est totalement faux
  • la gestation pour autrui (GPA) serait mise en place, ce qui n’était pas non plus dans les textes

Alors quoi ? Pourquoi tant de bruit ? Pour le plaisir de venir contrecarrer quelque chose qui n’était pas prévu ? Non, bien sûr. Il suffit de s’intéresser au contenu réel de ce texte et on trouve ce dont les leaders traditionalistes ne voulaient pas.

Les leaders apparents du mouvement de la manif pour tous et leurs copains…

Ludovine de La Rochère, née Mégret d’Étigny de Sérilly, est présidente de La Manif pour tous, chargée de communication à la Fondation créée par Jérôme-Lejeune, décédé en 1994, docteur honoris causa de l’Opus Dei dont il était membre, connu aussi pour ses positions antiavortement. Elle a été secrétaire générale de la revue Commentaire, laquelle serait la « seule revue intellectuelle de droite qui compte vraiment », selon Olivier Corpet, alors président fondateur de l’Institut mémoires de l’édition contemporaine. Elle a également été chargée de communication de la Conférence des évêques de France, avant de l’être pour la fondation Jérôme Lejeune qui continue à la salarier pour qu’elle ait tout le temps nécessaire à son action militante.

Frigide Barjot, pseudonyme de Virginie Tellenne, dont le sens même du calembour n’est pas autre chose qu’une négation de la féminité et suggérant l’excision. Comique logée pendant des années aux frais des contribuables parisiens, elle se proclame attachée de presse de Jésus, se déclare contre la distribution des préservatifs, même en prévention du sida, contre l’IVG et commet une chanson qui en dit long sur ses préconisations sexuelles, son exhibitionnisme militant autant sur le cynisme de ses théories : “Fais-moi l’amour avec deux doigts”, soutenue par Thierry Ardison.

Bruno Tellenne, frère de l’animateur de télé Karl Zéro (Marc Télenne), est le conjoint de Frigide Barjot. Il utilise un pseudonyme Basile de Koch, pour “bacille de Koch”. Sa mère est animatrice de la chaîne de télévision catholique : KTO. Pasticheur, il est coauteur d’un livre défendant les théories de droite extrême “la Préférence nationale, réponse à l’immigration“, chez Albin Michel, dirigé par Jean-Yves Le Gallou, membre du Front national, paru en 1985 et signé du Club de l’Horloge, cercle politique ultradroitier.

On comprend mieux les intérêts servis et comment une médiatisation aussi forte a été apportée au projet délirant de personnes qui utilisent des pseudo ridicules. Le couple était la médiatisation et désormais, ça risque de faire long feu puisque les relais ne seront plus là.

Enfin, c’est quoi toutes ces organisations qui sont mobilisées ? Rien, “coquilles vides“. Mais ! Mais poches pleines : la majorité des associations revendiquées dans le collectif sont des associations inexistantes ou créées par les mêmes personnes, une habitude dans ce petit monde associatif du détournement qu’en d’autre temps on appelait des “faux-nez”. La réponse à la question mais d’où vient l’argent des organisateurs semblent pouvoir être de ces associations proches de l’Eglise catholique : Alliance VITA, Familles de France, Associations familiales catholiques, et de la mouvance National Organization for Marriage. Tiens donc, on y trouve des associations de la vieille garde de la droite politique subventionnées par l’Union nationales des associations familiales (UNAF)…

Qu’y avait-il réellement dans le texte que le gouvernement n’a finalement pas maintenu ?

Le contenu de ce texte peut sembler anodin par rapport à ce qui était hurlé. Il pourrait sembler bizarre que pour un contenu sans rapport avec les protestations, une pareille mobilisation ait pu être mise en place. Mais il en allait de bien d’autre chose. Le  jeu mis en place par les intégristes à la tête du mouvement répondait à un risque tout aussi important mais indicible.

Le fonctionnement global des dirigeants de ces mouvements, Opus dei en tête, est de contester l’individualité et de défaire les droits de l’homme (ils parlent de droitdel’hommisme). Oui, rien que cela. Pour eux, la vie est une soumission à une autorité, jusqu’au soutien à des systèmes dictatoriaux, quitte à réclamer le droit à la démocratie pour faire passer leurs idées. La fin justifie les moyens, on en rigole, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. L’autorité commence par une représentation mystique (dieu) pour se répercuter par ceux qui se revendiquent, dans le cadre d’une organisation spécifique de l’ordre établi depuis deux milles ans, les représentants de cette autorité. Alors, oui, c’est de la liberté individuelle dont il s’agissait, et à plusieurs titres :

  • modification de l’autorité parentale
  • création du statut de beaux-parents
  • médiation obligatoire lors de la judiciarisation des conséquences d’une séparation
  • lutte contre les châtiments corporels
  • pré-majorité à 16 ans
  • réforme de l’adoption
  • facilité d’accès aux informations sur ses origines

Ainsi, pas de PMA ni de GPA. En revanche, des réformes sur les rapports à l’autorité, qui impliquent une sorte de droit d’ingérence dans les modes éducatifs, telle l’usage de la violence dans les rapports parents/enfants, la modification d’une représentation sur le lien exclusif du sang pour l’autorité parentale, la possibilité pour les adolescent de s’extraire encore plus tôt de la soumission aux parents. Globalement, il y va d’une évolution du rapport à la soumission dans le contexte familial (autorité parentale, statuts de beaux-parents), d’une extension de la libre décision appliquée aux adolescents (pré-méjorité), de la non-soumission à la décision arbitraire d’autrui (châtiments corporels, cacher les informations sur ses origines) et de la libre décision assistée par médiateur pour étendre le libre arbitre par delà les rapports conflictuels, au lieu de la soumission souvent illusoire (appel, cassation, organisation d’insolvabilité, désobéissance, nouvelle procédure…) à une autorité judiciaire.

Les vrais perdants dans le retrait de la loi famille par le gouvernement

La principale perdante dans cette affaire, c’est la médiation appliquée dans les contextes familiaux devenus invivables par les parties. Oui, le résultat de cette manif a été de faire balayer un processus d’aide à l’apaisement, par une libre décision. Oui, le principal perdant est le citoyen qui va devoir continué à se soumettre à la décision d’un juge tandis qu’il aurait eu la possibilité d’être assisté pour pouvoir de manière pérenne mettre un terme à des conflits qui lui pourrissent la vie. Oui, c’est le sens du combat qu’ont mené les catholiques intégristes, avec le soutien de nombreuses personnes, dans l’ombre tel par exemple Fabrice Vert, magistrat de la cour d’appel de Paris, qui est allé de sa diatribe dans la Gazette du Palais, contre la médiation obligatoire, autrement dit contre le droit à la médiation. Son article intitulé opportunément “La tentation de la médiation obligatoire” n’apporte aucun argument pro domo. Selon l’auteur, qui présente des résultats navrant, à se demander pourquoi lui avoir confié une mission qu’il n’a pas su maîtriser, il y aurait au Ministère de la Justice un groupe de travail sur la médiation obligatoire. Faux : aux dires mêmes du président de ce groupe, Marc Juston, le groupe de travail planchait sur les mesures d’accompagnement de la co-parentalité.

La tempête médiatique des municipales passée, il faudra bien revenir sur ce projet indispensable à l’adaptation des institutions et des moeurs : la médiation obligatoire sous la nouvelle forme sémantique, plus juste, le droit à la médiation. Ne perdons quand même pas trop de temps avec ces pantomimes, c’est déjà en marche par d’autres voies…

Pour le moment, les grands perdants de cette manifestation, ce sont les familles en souffrance ! Mais voilà, qui aime bien châtie bien, n’est-ce pas…