Les vingt ans de la médiation judiciaire au civile







Dans tous les secteurs, le spam, comme le piratage de contenu, est un sport. C'est une recherche de dopage du contact client, l'EPO de la prospection. Dans la formation, ça y va : je suis régulièrement asphyxié par ces démarcheurs à la sauvette qui prétendent avoir les compétences en piochant dans tous les contenus des autres pour se faire un programme de formation qu'ils présentent alors comme novateur, complet et formidable. A croire que ce sont des vendeurs de voitures version 1970-1990 reconvertis, sans avoir acquis la moindre compétence supplémentaire.
En l'occurrence, ils parasitent le vocabulaire de la médiation professionnelle. Virés d'ici et de là, ils continuent à se prévaloir de la profession de médiateur et s'affublent d'autres titres méritoires, comme dans une compétition de pin's et de badges.
Ces pseudo-concurrents, larmoyants de leurs échecs dont la cause est leur frénétique ambition, m'adressent leur contenu de formation et envoient à mes clients devenus médiateurs leurs mailings spameurs. Décidément, ils n'ont pas d'autres fichiers que celui de ceux qui sont déjà en place ? Qui va les lire ? Ils agacent, certes, mais seulement parce qu'ils spament, rien d'autres. C'est comme si j'étais plombier et que pour faire venir de la clientèle, j'allais au devant des clients d'une école de plomberie... Ca agace, parce que c'est complètement improductif. Ils annoncent des formations dans toutes la France, et maintenant à l'étranger ! Ils ne leur restent toujours plus qu'une ou deux places, comme si l'attente était chez eux aussi impatiente qu'un jour sans pain devant une boulangerie polonaise. Ils vont jusqu'à s'appuyer sur le propre calendrier de l'EPMN pour en suivre les dates. Ca trompe peut-être quelques personnes, mais quand elles le découvrent, ces personnes, c'est d'un très mauvais effet. Ils parviennent même à m'extorquer un sentiment de sympathie pour eux : la honte, j'ai même honte pour eux parce qu'ils se revendiquent de la médiation.. et de surcroît médiation professionnelle.
Hé oui, c'est pas comme ça les gars. Il faut savoir prospecter. Cet article même, vous allez le lire. Mais combien de gens vont le lire ? Pas grand monde. Il ne va être lu que par des personnes branchées médiation, personne d'autre, ou quasi. Ha oui, vous, vous allez le lire, et même le relire, la gorge serrée. Et vous allez vous demander comment répondre. Vous risquez de faire gagner de l'argent à un avocat pour une consultation. Vous n'êtes pas nommés, rien ne permet à quiconque de vous identifier, sinon parce que vous spamez, alors votre réponse ne sera d'aucun effet. Personnellement, je ne lis pas vos salades. Je ne visite pas vos sites. Je m'occupe de ce qui m'intéresse et, ce sujet terminé, vous n'en faites plus partie. Vous pouvez donc commencer à mieux réfléchir.
Tiens, alors puisqu'on est entre nous, et que c'est mon métier d'aider les personnes parfois en désespérance, trois conseils. Oui, des conseils parce que vous piquez dans mes ressources, alors je vous donne trois conseils pour vous développer : il vaut mieux être quelque part, petit artisan, mais réellement quelque part. Vous connaissez le vendeur d'andouilles ? Ca vous va si bien. Deuxièmement : faites preuve d'intelligence, parce que pour le moment, c'est pas ça, et depuis le début. Le troisième conseil ? Suivez les deux premiers.
Pour ceux qui passeraient innocemment par là et se diraient (à juste titre) : "Ouah, il n'y va pas de main morte, Lascoux, et qui auraient besoin d'un éclairage : la médiation ne signifie pas se taire face aux situations inacceptables, la médiation ça signifie : liberté d'expression.
Au fait, mon bouquin, le premier sur la formation de médiateur professionnel, va ressortir le 13 mai en librairie : "Pratique de la médiation professionnelle, une méthode alternative à la gestion des conflits" ESF éditeurs. 7° édition. La première date de 2001. Un best seller de la médiation, quoi. Il est mis à jour, évidemment.
Ces derniers jours, j'ai eu un peu à faire concernant la question de la "profession de médiateur" qui tend à être dénigrée par des professions qui exercent sur les litiges. Sur une publication diffusée par abonnement, LalettreA, qui se revendique la lettre de tous les pouvoirs (9 avril 2015), je suis présenté comme l'adversaire de la médiation sous contrôle des professions juridiques. Je n'ai pas eu mon mot à dire : personne ne m'a interviewé. J'ai contesté le contenu, mais seule les erreurs flagrantes ont été corrigées (sigles et fonctions qui étaient erronés).
Il est quasi vain que je rappelle que je ne suis pas adversaire du droit, et qu'au contraire, je pense qu'il faut que les pouvoirs des juges soient renforcés pour permettre à la médiation dans le contexte judiciaire de bénéficier de meilleures conditions d'exercice. Je suis seulement pour le développement de la médiation professionnelle, indépendante, neutre, impartiale, pratiquée par une profession cohérente dans son positionnement sociétal.
C'est clair que la naissance d'une profession est susceptible de déranger. Dans le domaine des conflits, il semble évident que chercher à faire une place importante pour cette profession n'est pas bien vu. De là à dénigrer systématiquement, c'est ... bon d'accord, c'est le jeu habituel des mécontents.
Qui se considère "médiateur" aujourd'hui ?
Les réponses pleuvent avec autant de revendications de légitimité naturelle. On se sent médiateur dès lors qu'on a un peu de bonne volonté. Et comme on pense en être mieux doté que tous, on se sent quasiment tous médiateurs. Descartes y aurait vu une parenté avec cette raison que Pascal a dévoyée. Tous ceux qui ont un peu de temps et des bonnes intentions, quitte quand même à en tirer quelque rémunération, se sentent "médiateur naturel". On retrouve un grand nombre de candidats à la quête de reconnaissance par la psychologie familiale, du travail, du social, de l'intime. Mais dans la pratique contentieuse, des fonctionnaires, des avocats, des magistrats, des huissiers, des notaires se revendiquent aussi médiateur, avec cette bonhomie de notable qu'il conviendrait de ne pas contrarier.
Que les choses soient claires : les médiateurs professionnels travaillent depuis le commencement de leur développement avec des avocats. L’école professionnelle de la médiation et de la négociation - EPMN - à Bordeaux, Lyon, Paris, et dans les Caraïbes et aussi en Afrique - forme des avocats, des notaires, des huissiers, des juges. Mais le fait de se familiariser avec la médiation professionnelle fait-elle un médiateur professionnel ?
Le juge médiateur
Concernant le juge, certains viennent défendre que celui-ci pourrait faire médiateur. Juridiquement, c'est possible. Mais il ne s'agit pas de s'en tenir à l'esprit de la loi, il s'agit de s'assurer qu'il n'y a pas de contradiction, de paradoxe, d'aberration à mêler les deux rôles.
Allez, je prends une affaire qui oppose deux voisins, pour une question de bornage. Admettons que cette affaire vienne devant le juge. Le juge rend une décision. Appel, pas appel, peu importe. La décision est rendue et supposée s'imposer aux deux parties. Voici deux personnes, l'une gagnante, l'autre perdante ou les deux renvoyée dos-à-dos, soumises à la décision. Maintenant, admettons que cette affaire n'ait pas été envoyée devant un juge, et qu'elle ait fait l'objet d'une médiation. Admettons même que l'accord adopté par les protagonistes contienne les mêmes dispositions que la décision judiciaire. Quelle est la différence ? Oui, certes, on aura gagné du temps, oui certes, l'Etat aura fait des économies, oui certes, les parties n'auront pas eu des frais de justice et peut-être d'avocats. Certes. Mais la différence dans l'exercice de la citoyenneté n'est-elle pas plus intéressante en ce que les parties ont pu avoir une extension de leur liberté de décision ? C'est là tout l'intérêt de la médiation professionnelle, de la médiation obligatoire, du droit à la médiation. L'enjeu se situe non pas sur le terrain financier, économique ou d'Etat, tout cela doit être vu comme ça l'est, secondaire. Parce que la chose la plus importante est la progression sociale de la liberté et ce qu'elle apporte non pas à l'idée illusoire d'une civilisation mais à la démarche évolutive de l'humanité.
Alors quoi ? Revenons à l'intervention du tiers.
Comment le juge peut-il trancher s'il sait pertinemment que les parties pourraient trouver un accord si elles venaient devant lui en tant que médiateur ? Curieuse posture intérieure.
Qu'est-ce qui change quand le juge est formé à la médiation professionnelle ? S'il est formé à la médiation (j'ai bien écrit "médiation" et non "médiation professionnelle), rien ne change : il exerce en tant que juge et il croit qu'il est médiateur. Mais s'il est formé à la "médiation professionnelle", il sait qu'il peut enjoindre les parties d'aller en médiation et le faire avec force. Il leur recommande de s'impliquer dans le processus plutôt que chercher à le fuir. Il fait cela systématiquement parce qu'il sait que le conflit est chargé de contraintes et que l'autorité exercée est une contribution à l'exercice de la libre décision et non une contrainte réelle, de même que l'obligation d'éducation.
Le juge formé à la médiation professionnelle est aussi mieux outillé pour mettre en pratique sa mission de conciliation qu'il préfère au jugement. Il sait que les parties d'un différend plongent facilement dans l'adversité, bien plus par ignorance de savoir faire autrement que par une volonté délibérée. Il en connaît l'instrumentation et probablement aspire à la pratiquer.
Lorsqu'en dernier recours, le juge est amené à trancher, il peut oser indiquer dans sa décision que les parties peuvent encore trouver un accord en se faisant aider d'un médiateur professionnel, mais qu'à défaut, c'est sa décision qui s'impose regrettablement.
Et le juge formé à la médiation professionnelle sait aussi que cette discipline n'est pas une pratique réservée au judiciaire, qu'elle est totalement extérieure à l'idée de justice, puisqu'elle se fonde sur la recherche sur ce qui favorise les relations, la qualité relationnelle, le mieux vivre ensemble. Ainsi, il est illusoire de chercher à judiciariser la médiation professionnelle. S'il y a médiation judiciarisée, comme tend à le faire la commission de Taubira, elle sera une médiation se servitude non de libre décision.
Mais c'est vrai aussi que des personnes, juges ou pas, formées à la médiation professionnelle perte de leur posture et de leur exigence en n'entretenant pas leurs acquis et en bricolant au lieu de continuer à se former à la rigueur.
La médiation professionnelle poursuit l'oeuvre révolutionnaire des acquis de la Liberté et de l'Egalité. Elle invente un renforce l'exercice de la liberté, en instrumentant la libre décision avec le droit à la médiation.
Certes de toute évidence, il existe différentes conceptions de l'humain. Elles co-existent dans la société. Elles impliquent chacune ses manières d'aborder la motivation sociétale, la dynamique relationnelle et donc la dynamique conflictuelle. Ainsi, la médiation ne peut pas être une et une seule. Diversité oblige.
Cependant, il existe une transversalité, et c'est avec la rationalité que l'on trouve les fondamentaux, pas les fondamentaux idéologiques, mais les fondamentaux scientifiques. C'est ce qui a permis les avancée révolutionnaire, avec la reconnaissance de la personne en tant que telle ; c'est ce que j'ai cerné et que je propose dans les formations après avoir pu mettre en oeuvre l'efficacité de cette méthodologie fondée sur la rigueur.
Le décret qui ouvre sur l'exercice du droit à la médiation
Avec le décret du 14 mars 2015, si on vous contraint d'aller en justice, vous pouvez exiger la médiation. La médiation vient instrumenter les personnes en conflit qui veulent aller en justice. La justice, c'est aller se soumettre à la décision d'un tiers, la médiation (professionnelle), c'est se faire aider par un tiers pour décider par soi-même.
Comprenons nous bien. Nous avons pu faire entendre que la médiation obligatoire est comme une ceinture de sécurité : elle permet d'étendre la liberté relationnelle sur le terrain où habituellement elle est mise sous tutelle judiciaire, vieille pratique de la féodalité.
Obligation de conseil des avocats
Vous n'avez pas réussi à vous faire entendre par quelqu'un devenu de ce fait un adversaire ? Un médiateur professionnel est compétent pour vous aider sur ce terrain relationnel où aucun autre ne sait faire. Cette médiation fait désormais partie des conditions qui à défaut d'être remplies rendent nulle le recours judiciaire. Ainsi, les avocats se trouvent engagés à assurer leur devoir de conseil sur cette question. Une nouvelle profession émerge : la profession des médiateurs dont vous trouvez les acteurs sur le tableau officiel des médiateurs professionnels.
Une école pour acquérir les compétences de la médiation professionnelle
En attendant, vous êtes "médiateur(e)" et vous pensiez que la médiation préalable obligatoire était un non sens. Venez apprendre votre métier à l'EPMN.
A l'EPMN, nous proposons une formation pour savoir comment conduire une médiation performante, efficace et de qualité. Nous sommes les initiateurs du droit à la médiation et de la qualité relationnelle, en tant que discipline : la médiation professionnelle. Vous pouvez acquérir les techniques de la confiance pour aider les autres à mieux structurer leurs pensées dans les moments relationnels difficiles.
Depuis le temps que je l'annonce, ça y est, le livre de Fabien Eon, "J'ai décidé de faire confiance", publié chez Eyrolles (18€), sort en librairie. Pas de discours, mais des scènes et des discussions sur des sujets du quotidien : en famille, dans la vie associative, au travail ou dans la vie politique. Le propos est commun, mais délicat à traiter surtout avec légèreté. C'est ce que Fabien a réussi à faire : un livre facile à lire sur une thématique difficile. Il a eu recours à une galerie de personnages dont le premier répond en écho à Etienne de la Boétie : Quentin - que vous pouvez penser "Quand'un..." comme quelqu'un qui se mettrait en action "pour lui-même et les autres". Quentin maîtrise une confiance qui le rend libre, tandis que le Contr'un de La Boétie subissait une foi qui le rendait servile.
Initialement Fabien voulait écrire un livre sur la qualité relationnelle. La question de confiance s'imposait. Mais comment créer, entretenir, développer la confiance ? Faut-il attendre qu'elle jaillisse et ne peut-on rien faire lorsqu'elle est entamée ? L'étymologie du mot apporte un éclairage pour sa définition. Le mot confiance vient du latin qui signifie "avec foi", autrement dit ça ne serait qu'une affaire émotionnelle, dans le genre "il faut croire". Ainsi, la discussion sur la confiance nous entraîne inévitablement à traiter des arguments sur la foi, les croyances, l'ignorance et la connaissance, la raison...
Alors, la confiance est-elle seulement un rapport de foi, cette posture aveugle qui ne suppose aucune contestation, ne supporte aucune interrogation et encore moins la mise en cause ? Est-il possible de procéder autrement, de construire des relations de confiance, de réfléchir à la manière dont on la donne, de rester attentif tout en utilisant ce moyen ? La confiance ne peut-elle reposer que sur un édifice émotionnelle ou peut-elle être construite de manière rationnelle ?
Dans un style romancé, Fabien Eon fait la démonstration que des savoirs-faire peuvent permettent de créer des rapports de confiance. Plutôt que de théoriser, il raconte une histoire. Il fait discuter la raison comme instrument fondateur de la confiance. Il apporte la démonstration que lorsque la raison maîtrise les attitudes et les comportements, la confiance n'est plus aveugle, mais éclairée.
"J'ai décidé d'avoir confiance" est le premier ouvrage de Fabien Eon. Il est d'actualité. Il arrive au moment où les conséquences de la foi de certains les a transformés en marionnettes criminelles. Cette foi là est celle de personnes dont la raison était si diminuée que la confiance n'est pas décidée, mais emportée par une manipulation destructrice.
Si le sujet peut avoir un fond dramatique, il est traité avec la légèreté d'un roman de gare. Avec un personnage en écho du "Contr'un" de la Boétie.
D'ailleurs, au passage, on ne promeut pas suffisamment cet ouvrage de 1549, le "Discours de la service volontaire ou le Contr'un". En une heure et demie de lecture, Etienne la Boétie explique l'instauration des absolutismes autant que l'aveuglement progressif de chacun qui les rend possible. De petites concessions, d'infimes soumissions et des compromis sans importance réduisent le champ de réflexion jusqu'à interdire des pensées. Ils bloquent des décisions, en minant la qualité de nombreuses relations sans autre fondement que des croyances et des habitudes de servitude.
Dans son livre, Fabien Eon apporte des réponses au moyen de situations et de dialogues. Un grand nombre de relations sont abordées. Nul doute que dans les personnages que Fabien a mis en scène, vous retrouverez des attitudes et des réflexions sur lesquelles vous avez buté. Vous avez accepté par défaut ou rejeté tout en ne sachant pas comment mettre un terme à cette attitude que votre raison désapprouve mais qu'émotionnellement vous ne savez pas comment intégrer, et inversement.
Dans cette ouvrage, avec Quentin qui est porteur de la rigueur de la médiation professionnelle fondée sur l'approche rationnelle, en dehors de toute élucubration psychologique et codification juridique, il est fort possible que vous puissiez trouver des réponses à des questions que vous vous posez depuis longtemps et peut-être aussi des questions que vous ne vous étiez même pas posées.
En fin d'ouvrage, j'aurai le plaisir de vous retrouver pour une postface et peut-être plus tard dans la formation de médiateur professionnel qui permet à Quentin et à Fabien de promouvoir la liberté de décision.
Voir sur le site officiel de la médiation professionnelle