La confiance en question : j’ai décidé de faire confiance, le livre de Fabien Eon

La confiance en question : j’ai décidé de faire confiance, le livre de Fabien Eon

J'ai décidé de faire confianceDepuis le temps que je l’annonce, ça y est, le livre de Fabien Eon, “J’ai décidé de faire confiance”, publié chez Eyrolles (18€), sort en librairie. Pas de discours, mais des scènes et des discussions sur des sujets du quotidien : en famille, dans la vie associative, au travail ou dans la vie politique. Le propos est commun, mais délicat à traiter surtout avec légèreté. C’est ce que Fabien a réussi à faire : un livre facile à lire sur une thématique difficile. Il a eu recours à une galerie de personnages dont le premier répond en écho à Etienne de la Boétie : Quentin – que vous pouvez penser “Quand’un…” comme quelqu’un qui se mettrait en action “pour lui-même et les autres”. Quentin maîtrise une confiance qui le rend libre, tandis que le Contr’un de La Boétie subissait une foi qui le rendait servile.

Initialement Fabien voulait écrire un livre sur la qualité relationnelle. La question de confiance s’imposait. Mais comment créer, entretenir, développer la confiance ? Faut-il attendre qu’elle jaillisse et ne peut-on rien faire lorsqu’elle est entamée ? L’étymologie du mot apporte un éclairage pour sa définition. Le mot confiance vient du latin qui signifie “avec foi”, autrement dit ça ne serait qu’une affaire émotionnelle, dans le genre “il faut croire”. Ainsi, la discussion sur la confiance nous entraîne inévitablement à traiter des arguments sur la foi, les croyances, l’ignorance et la connaissance, la raison…

Alors, la confiance est-elle seulement un rapport de foi, cette posture aveugle qui ne suppose aucune contestation, ne supporte aucune interrogation et encore moins la mise en cause ? Est-il possible de procéder autrement, de construire des relations de confiance, de réfléchir à la manière dont on la donne, de rester attentif tout en utilisant ce moyen ? La confiance ne peut-elle reposer que sur un édifice émotionnelle ou peut-elle être construite de manière rationnelle ?

Dans un style romancé, Fabien Eon fait la démonstration que des savoirs-faire peuvent permettent de créer des rapports de confiance. Plutôt que de théoriser, il raconte une histoire. Il fait discuter la raison comme instrument fondateur de la confiance. Il apporte la démonstration que lorsque la raison maîtrise les attitudes et les comportements, la confiance n’est plus aveugle, mais éclairée.

“J’ai décidé d’avoir confiance” est le premier ouvrage de Fabien Eon. Il est d’actualité. Il arrive au moment où les conséquences de la foi de certains les a transformés en marionnettes criminelles. Cette foi là est celle de personnes dont la raison était si diminuée que la confiance n’est pas décidée, mais emportée par une manipulation destructrice.

Si le sujet peut avoir un fond dramatique, il est traité avec la légèreté d’un roman de gare. Avec un personnage en écho du “Contr’un” de la Boétie.

D’ailleurs, au passage, on ne promeut pas suffisamment cet ouvrage de 1549, le “Discours de la service volontaire ou le Contr’un”. En une heure et demie de lecture, Etienne la Boétie explique l’instauration des absolutismes autant que l’aveuglement progressif de chacun qui les rend possible. De petites concessions, d’infimes soumissions et des compromis sans importance réduisent le champ de réflexion jusqu’à interdire des pensées. Ils bloquent des décisions, en minant la qualité de nombreuses relations sans autre fondement que des croyances et des habitudes de servitude.

Dans son livre, Fabien Eon apporte des réponses au moyen de situations et de dialogues. Un grand nombre de relations sont abordées.  Nul doute que dans les personnages que Fabien a mis en scène, vous retrouverez des attitudes et des réflexions sur lesquelles vous avez buté. Vous avez accepté par défaut ou rejeté tout en ne sachant pas comment mettre un terme à cette attitude que votre raison désapprouve mais qu’émotionnellement vous ne savez pas comment intégrer, et inversement.

Dans cette ouvrage, avec Quentin qui est porteur de la rigueur de la médiation professionnelle fondée sur l’approche rationnelle, en dehors de toute élucubration psychologique et codification juridique, il est fort possible que vous puissiez trouver des réponses à des questions que vous vous posez depuis longtemps et peut-être aussi des questions que vous ne vous étiez même pas posées.

En fin d’ouvrage, j’aurai le plaisir de vous retrouver pour une postface et peut-être plus tard dans la formation de médiateur professionnel qui permet à Quentin et à Fabien de promouvoir la liberté de décision.

 

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