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A propos de la liberté d’expression sur les religions, le respect des valeurs et des croyances

Qu'est-ce que la religion ? Qu'est-ce que croire, qu'est-ce que savoir et l'ignorance aussi ? Pour croire, il faut que le doute cède le pas à la confiance. Une confiance inclinée. Le doute de la raison est renvoyé, courbée, dans le foyer émotionnel. Là où les sentiments s'entrechoquent, la raison devient suspecte et le doute qui l'instrumente est transformé en suspicion. Le phénomène religieux patauge dans ce bain où règne l'ignorance, refouloir de la recherche du savoir. Chercher à savoir, c'est chercher à briser des repères fournis par l'interprétation religieuse. C'est ce qui fait l'originalité culturelle : des croyances transformées en religion d'Etat, caricatures de l'ignorance et de la connaissance. Ainsi, les réalistes peuvent revendiquer la caricature comme un droit, au nom de l'égalité des droits autant qu'au nom de la liberté d'expression. La liberté ne consiste pas à imposer aux autres les limites de nos acceptations, ni de nos intolérances ; la liberté ne consiste pas non plus à imposer nos craintes, ni à les transposer comme autant d'obligations sur les autres. La liberté est une démonstration d'accueil des différences. La liberté, c'est pouvoir se scandaliser et réfléchir sans incriminer qui que ce soit. Je me souviens de cette personne très impliquée dans le développement personnel. Elle avait acheté les droits d'une méthode américaine, et disait qu'on n'avait pas le droit de faire ceci ni cela. Un jour où elle se montrait moralisatrice, avec ce ton que les humanistes savent prendre pour dire que ce n'est pas de la morale, mais quand même ceux qui ne sont pas d'accord avec eux exagèrent, nous avons eu à peu près l'échange suivant. C'était un homme :
  • Moi : Tu as vraiment de la chance toi, au fond.
  • Lui : Ha, pourquoi ?
  • Moi : Avec tous les interdits que tu as, ta vie peut être une conquête permanente pour autant de libertés.
  • Lui : Mais la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres, c'est un droit.
  • Moi : La liberté n'est pas une propriété.
  • Lui : C'est quoi alors ?
  • Moi : La liberté est plus sûrement une faculté qui se développe par l'éducation.
  • Lui : On est libre de croire et l'exercice de toute liberté doit être respectée.
  • Moi : On est libre de ne pas apprendre quelque chose, mais ça n'en fait pas un droit que l'on peut imposer aux autres. Etre croyant, c'est comme l'ignorance, ça ne s'apprend pas. Etre libre, cela peut s'apprendre.
  • Lui : Chacun a droit au respect de ses valeurs, comme de sa vie privée !
  • Moi : Personne n'est obligé de maintenir son attention sur quelque chose qui lui déplait. Il y a une certaine complaisance avec ses propres turpitudes à prêter une attention importante pour quelque chose qui déplaît.
  • Lui : Personne n'a le droit de proférer des insultes à propos de ce à quoi on croit.
  • Moi : Oui, c'est plus facile de procéder à la manière constatée par Luigi Pirandello « Chacun de nous projette un univers dans lequel il s'enferme et les autres avec lui. » - il faut préciser : un univers d'interdits, de restrictions et d'empêchements.
  • Lui : Les valeurs sont ce qui permet la vie en société.
  • Moi : C'est encore une confusion entre l'apprentissage d'une discipline pour pratiquer la liberté et la soumission à des règles pour fataliser sur la servitude obligatoire.
  • Lui : Avec ce genre de raisonnement, c'est le grand n'importe quoi. Tout le monde va faire ce qui lui plait et les plus faibles vont encore plus en pâtir.
  • Moi : C'est bien cela : le modèle féodal est si fortement ancré que la défiance est la règle comme la gestion (l'entretien) de l'adversité, au lieu de la confiance et la promotion de l'altérité.
  • Lui : Mais bien sûr, il faut que les gens se soumettent à des règles. Ces règles sont des héritages de ceux qui les ont expérimentés et ont tout fait pour nous transmettre ce qu'ils ont conçu de mieux. Les valeurs morales en font partie, c'est un patrimoine.
  • Moi : La soumission appelle la domination. L'éducation pourrait consister à permettre aux futurs citoyens de s'approprier des principes de comportement, en s'impliquant plutôt qu'en se soumettant. La soumission appelle systématiquement la rébellion avec toutes ses conséquences dramatiques, dont il est aisé d'accuser les acteurs.
  • Lui : On pourrait enseigner les croyances dans les écoles de la république, puisque ce sont des écoles où tout peut s'enseigner.
  • Moi : Oui, bien sûr, et la matière pourrait avoir pour but : "Comment se contenter de croire plutôt que de chercher à comprendre" et elle serait nommer : "Culture de l'ignorance".
  • Lui : C'est agressif ce que tu dis.
  • Moi : La vraie agression, c'est quand tu n'es pas libre.
  • Lui : En quoi mes croyances peuvent t'agresser ?
  • Moi : C'est comme si tu avais des barreaux devant toi que tu contestais. Lorsque j'arrive en face de toi, ces barreaux s'imposent à moi.
  • Lui : mais je ne t'impose rien.
  • Moi : Ha si, le silence sur ce que je constate.
  • Lui : et si tu te trompais ?
  • Moi : Tu serais trop content de me le démontrer, mais au lieu de cela, tu cherches à m'imposer a minima le silence, au nom d'une invention mystique ; ainsi tu prétends m'imposer une limitation qui t'appartient. Si ma quête de liberté relationnelle t'interpelle, je n'y suis pour rien. Vois-tu, la liberté des uns ne s'arrête pas à celle des autres, elle s'étend au travers de celle des autres.
  • Lui : Alors j'aurais de la chance de devoir me défaire de ce qui me limite dans ma vie ? Mes habitudes ont un certain confort.
  • Moi : Probablement une question de sens de la vie. Il n'est pas sûr que l'on puisse jamais pouvoir démontrer qu'elle en a un. Mais en tout cas, la liberté ne consiste pas à imposer aux autres les limites de nos acceptations, ni de nos intolérances. Elle est plus sûrement une démonstration d'accueil des différences.
  • Lui : Alors c'est moi qui exposerait mes croyances en les exprimant et ceux qui les critiqueraient ne feraient qu'exercer une sorte de droit de réponse ?
  • Moi : Dès lors que tu affiches une idée, les autres ont le droit de la contredire, de s'en moquer, de la tourner en dérision. C'est à toi de considérer si tu veux ou pas poursuivre la discussion. Rien ne t'oblige. Plus tu vas y prêter attention, plus tu vas donner de l'importance au sujet. C'est le principe de la surenchère qu'il serait temps que tu intègres dans ta vie.
  • Lui : Ne sois pas désagréable.
  • Moi : C'est une perception.
  • Lui : Bref, la seule manière pour que mes croyances ne soient pas vilipendées est que je n'en dise rien et ainsi que je les laisse dans mon espace privé. Si je révèle mes croyances, il ne faut pas que je m'étonne de déclencher des contradictions et des moqueries éventuelles de la part de ces petits malins qui aiment bien pratiquer l'estocade avec les mots. Ma liberté est de laisser les autres en dehors de mes limites d'acceptation et de pratiquer l'accueil que j'attends d'eux...
  • Moi : Tu vois que tu as de la chance. Plus tu as d'interdits, plus tu as de libertés à conquérir. Donc, si tu veux rester chanceux, surtout ne t'instruis pas, ni de tes interdits ni de tes libertés.
Et si nous élevions un autel à Cabu, Charb, Honoré, Tignous, et Wolinski ? Nous aurions l'Olympe de la caricature. On n'aurait pas le droit de parler d'eux de manière sérieuse. Les prières se feraient à grand coup de crayon sur des rouleaux de papier. On ne pourrait avoir que des traits qui cherchent à déclencher le rire, avec bien sûr, quand même, le droit à l'erreur, même avec des traits à la con. Je suis pour que le 7 janvier devienne la journée internationale de l'humour, de la caricature, de la dérision, du sarcasme. Il en va de la reconnaissance du droit de déconner, sans risque de dérapage. Dans les pays comme le Burkina Faso ou le Mali, il leur suffira d'étendre la pratique de la parenté à plaisanterie pour que la raillerie soit reconnue comme un droit humain de se bidonner des arguties et arguments des autres.
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Les conditions fondamentales pour exercer en médiation

La médiation ne peut avoir lieu que dans des conditions clairement identifiées :
  • organisation politique protectrice des droits de l'Homme
  • liberté de pensée, de croire et de ne pas croire ; laïcité
  • égalité des droits des personnes
Les systèmes politiques irrespectueux des droits des personnes, ne garantissant pas la possibilité pour chacun de choisir pour sa propre vie, faisant obstacle à l'égalité des droits et à la laïcité, ne permettent pas l'exercice de la médiation. Ainsi en va-t-il des systèmes religieux et politiques qui ne reconnaissent pas la liberté de tous à conduire sa vie.

Voir sur le site officiel de la médiation professionnelle

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Quelles raisons de faire appel à un médiateur professionnel ?

Les faux arguments favorables à la médiation Soyez vigilant : la CPMN ne peut vous apporter des garanties de compétences que pour les médiateurs professionnels dûment identifiés, figurant sur la liste officielle des médiateurs professionnels http://www.cpmn.fr Par amateurisme, certains disent que les raisons principales de faire appel à un médiateur professionnel seraient l'économie d'argent et le gain de temps au regard d'un procès ou des procédures judiciaires.
Certains arguments peuvent être jolis, séduisant, convaincants, ils n'en sont pas moins consternants, désolants, navrants d'inexactitude, de fausseté, de bidonage.
Certains arguments peuvent être jolis, séduisant, convaincants, ils n'en sont pas moins consternants, désolants, navrants d'inexactitude, de fausseté, de bidonage.
A suivre ces amateurs, pour se former, on apprendrait la médiation en observant la gestuelle des protagonistes des différends. Ils racolent par delà la France, en balançant des spams où ils prétendent n'avoir plus que 2 places dans des groupes de formation fantôme. Qu'on se le dise : si les personnes en conflit étaient intéressées par l'économie de temps et d'argent, elles ne s'impliqueraient pas dans des conflits. Ce genre d'argument n'a aucune chance de convaincre qui que ce soit et ce n'est donc pas ce qui peut présenter un intérêt quelconque quant à la médiation professionnelle. En conséquence, ces amateurs pourraient trouver une autre manière pour nommer leur agissement dans un domaine où ils n'ont décidément rien à faire.
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Symposium de la médiation professionnelle 2014

Les médiateurs professionnels ont trois organisations: une école (EPMN), une organisation professionnelle syndicale (CPMN) et un réseau de partenaires (ViaMediation). Ils organisent chaque année le plus important évènement sur la médiation des relations en octobre depuis plus de dix ans. Une date importante de leurs organisations est bien évidemment celle du lancement de la médiation professionnelle, en 1999-2000, lors de la première formation et de la publication de mon ouvrage "Pratique de la médiation professionnelle" aux édition ESF, tandis qu'il n'existait pas à l'époque d'autre idée sur la professionnalisation de cette approche des relations dégradées. Le cheminement a été somme toute rapide. Une enjambée. Mais il n'est pas fini. On parle désormais d'une décennie... Sur le site de l'école professionnelle de la médiation et de la négociation, vous trouverez l'historique du développement de cette nouvelle discipline et de l'organisation qui aujourd'hui est garante de l'éthique et de la déontologie professionnelle. 2014 est une nouvelle étape : la présidence de la CPMN passe à mon ami Henri Sendros-Mila qui est désormais la tête de pont du projet de la promotion du droit à la médiation. C'est avec lui que nous nous lançons vers cette décennie que nous avons définie après plusieurs années à chercher ce qui m'avait semblé fondamental : la posture des médiateurs professionnels au regard de la société. Désormais, les médiateurs professionnels représentent la profession garante de l'exercice de la libre décision. Ils sont les seuls à promouvoir de manière rigoureuse la volonté de chacun à mieux s'impliquer dans ses choix et ses projets. Ils sont les seuls à se référer à une posture concrète d'altérité. C'est donc avec toujours autant de plaisir que je vais continuer avec Henri et tous les membres de la CPMN a impulser cette démarche. Et j'aime particulièrement cette légèreté que nous avons conçue pour représenter la médiation professionnelle, notamment avec le flah-mob qui va avoir lieu aujourd'hui et dont vous verrez les vidéos prochainement, ainsi que les autres interventions artistiques. La médiation professionnelle est en effet la dédramatisation relationnelle. Elle est moins une alternative à la dramatique scénarisation judiciaire qu'une voie naturelle de la qualité des relations. J'apprécie enfin le fait que tous ensemble nous soyons clairement dans une voie où nous oeuvrons pour une démarche généreuse, autant respectueuse des personnes que des groupes, essentielle pour soi et pour les autres. Une partie de la couverture médiatique est assurée par France Info.
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La médiation au secours d’un système judiciaire en déroute ?

Christiane-TaubiraLe 9 septembre 2014, la ministre de la justice, Mme Taubira, a annoncé via le Parisien Libéré, qu’un conseil national de la médiation et de la conciliation allait être créé. Cette mesure va avec des restrictions budgétaires et un appauvrissement de l’appareil judiciaire. Pour la Chambre Professionnelle de la médiation et de la négociation (CPMN), seule organisation syndicale et représentation de cette profession émergente, ce conseil national de la médiation et de la conciliation est une nouvelle erreur, alors même que la CPMN a proposé une structure de ce type en 2011. Depuis notre proposition de 2011, nous pourrions être satisfaits de cette annonce. En effet, cette structure ambitieuse ne saurait laisser indifférents les représentants de la profession de médiateurs. L’idée est issue de nos propositions pour la promotion de la médiation en l’occurrence, plus précisément il s’agissait d’une commission nationale de la médiation que nous voulions plus large. L’instance proposée est restrictive, même si la conciliation y a été raccrochée.

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objectif aquitaine

La médiation professionnelle en débat : la qualité relationnelle au service de la performance en entreprise

lundi 22 septembre 2014 / 18H / Bordeaux Hôtel Burdigala / 115 rue Georges-Bonnac

La médiation professionnelle en débat : la qualité relationnelle au service de la performance en entreprise.

Pour attirer l'attention sur l'importance de la régulation des relation en prévention des conflits et sur les bénéfices de la qualité relationnelle au travail. Le coût de la non-qualité relationnelle pour l'entreprise est insoupçonné. Il s'avère néanmoins important : mal-vivre, absentéisme, démotivation... Autant de situations qui peuvent aboutir au conflit, partie la plus visible de la dégradation de la relation. Tous ces aspects de la médiation professionnelle seront abordés le 22 septembre dès 18H.

INTERVENANTS : 

Yves PETITJEAN Président de la Chambre de métiers et de l'artisanat d'Aquitaine
Michel DUMON Président de la CAPEB Gironde
Philippe MOULIA Directeur général d'Eiffage Construction Nord Aquitaine
Sophie ABIB DRH Ile-de-France d'Orange
Alexandre BAUD DRH de la Lyonnaise des Eaux
Jean-Louis LASCOUX Président de la CPMN
Henri SENDROS-MILA Vice-président de la CPMN
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L’erreur de la « médiation familiale »

Village de la justiceAvant les élections municipales de 2014, la famille était au centre des débats politiques. Il devait y avoir une grande réforme. Après le mariage, ça devait être le tour à la conception des enfants d’être discutée et, dans la logique des choses, venait celui de l’autorité parentale. Il n’en sera probablement rien.

La discussion est encore une fois reportée, laissant croire que les réfractaires à la liberté d’autrui l’emporte avec une surcharge de 700 amendements rédigés pour polluer l’adoption des nouvelles dispositions. Il est légitime de se questionner sur la maturité politique qui accompagne ces textes. Parallèlement, l’obstacle principal réside dans le fait que l’évolution des sciences et des techniques a du mal à rencontrer celui des mentalités.

Dans ces rapports à l’évolution, l’inculture y est pour beaucoup et c’est sur elle que s’affalent les extrémismes qui se font le plus entendre en ce moment.

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Anne Guivergys-Lamouche, Juste parmi les citoyens du monde, est décédée le 10 mai 2014

Une Juste parmi les citoyens du monde s'en est allée Ma mère d'adoption, Anne Guivergys-Lamouche, est décédée le 10 mai, à l'âge de 83 ans. La dernière fois que je l'ai vue, c'est quelques jours avant sa mort, lorsque je suis allé la voir à l'hôpital avec Clara, sa petite fille. Souvent, nous allions lui faire des visites ensemble. Comme un rituel, nous prenions rendez-vous à la maison ou au restaurant rue de Bucci où elle aimait aller déjeuner et rejoindre ses amis. Anne avait délicatement pensé le dernier moment de notre rencontre. Ma main posée sur sa joue, elle se blottissait tendrement, comme dans un ultime souvenir dont elle savait l'importance. Elle m'aura laissé cet instant de tendresse, cette douceur qu'elle a si souvent masquée pour préférer montrer un caractère fort, déterminé, sans concession pour les moments où elle ne voulait rien lâcher à la faiblesse. Pour Anne, il fallait être fort et c'est dans ce contexte que nous nous sommes connus, au temps où la dureté de l'existence m'était un euphémisme. Elle attrapait avec une puissante énergie les mains tendues vers des libertés que personne d'autre ne semblait entendre. Nous nous retrouvions, là, avec cette force qu'elle voulait non revendiquée, tournée vers ceux qui en ont encore plus besoin. Elle était solidaire. Elle ponctuait ses actions d'un regard mêlé de générosité et de sévérité. Solitaire aussi. Pas facile de décoder cette femme qui a fait de moi un fils qu'elle revendiquait dans un jeu complice d'une naissance cachée. Elle était une femme de luttes, intraitable, et soutenait les combats centrés sur  les droits humains. Elle n'était pas complaisante. Anne était une Juste parmi les citoyens du monde. Elle était comme cela, une détermination, une obstination vainqueur. Anne a été un soutien actif pour de très nombreuses causes peu écoutées et parfois mal entendues. Militante des droits de l'Homme, elle ne levait pas des armées. Anne ne faisait pas de bruit autour de ce qu'elle faisait, mais elle savait déjouer les obstacles pour arriver à démêler une situation. Elle assurait la veille et le travail des petites mains où elle préférait se tenir, refusant toujours les propositions de mise en avant. Elle choisissait l'intervention discrète. Son pouvoir était celui de ses convictions et de la force de son affirmation. Elle n'en cherchait pas d'autre. Elle ne se sentait rien mériter pour avoir fait ce qu'elle considérait comme un devoir d'existence. Anne a été une militante active pour l'accession de la gauche en 1981. Elle s'y est vouée. Pour elle, le 10 mai est restée une date victorieuse. En même temps que secrétaire pour la ligue des droits de l'homme, elle a animé au parti socialiste, avec Françoise Seligmann, le journal Le Poing et la Rose et était en charge des adhésions et en avait une mémoire phénoménale. Elle pouvait raconter les premiers instants de François Hollande et de tant d'autres au parti socialiste. Proche du couple Mitterrand, elle a dirigé à l'Elysée, le secrétariat de Danièle durant les deux septennats de François Mitterand. Elle a terminé sa carrière, aux relations extérieures du Conseil économique et social. Affectivement très proche de Bertrand Delanoé, politiquement, elle marquait une préférence pour Jean-Luc Mélenchon, ses idéaux, sa culture et la qualité de ses discours. Ils faisaient partie des rares à ses yeux à sauver encore la classe politique. Anne connaissait tout du pouvoir, dont elle voyait les jeux, les coups de maîtres et les coups bas, mais s'attachait à ne rien devoir. Elle n'utilisait sa position que pour faire cesser une injustice, mais pas au delà. Elle avait le discours abrupte pour empêcher les tentatives de compromis. ean_Cormier_et_Anne_LamoucheElle m'a dit combien elle était proche de Jean Cormier (avec lui en photo). Elle avait de nombreuses amitiés dans les pays d'Amérique du Sud, parmi les Chiliens, Argentins, Péruviens... Fidèle Castro était un de ses amis. Anne n'était pas musicienne, mais parmi ses amis, de nombreux musiciens. Elle m'avait fait rencontrer Miguel Estrella. Toujours cet engagement fort pour la liberté sous toutes ses formes. Anne n'était pas poète, mais connaissant mon admiration pour Breyten Breytenbach, elle me l'avait fait rencontrer. Anne n'était pas comédienne, mais soutenait Oscar Castro avec son théâtre Aleph. Encore un latino. Toujours un engagé pour la liberté. Anne avait la curiosité de tous les arts. Elle n'était pas peintre, mais les murs de son appartement étaient tapissés de tableaux d'artistes de nombreux pays qu'elle connaissait personnellement. Anne aura laissé à tous cette marque dans les relations qui impose la solidarité comme une évidence. Ce n'était pas un engagement, ce n'était pas un discours, c'était sa posture naturelle devenue une tonalité et une pratique autant politique que relationnelle. Anne, dans ma vie, aura été un repère de cette qualité, de cette tendresse qu'elle offrait dans une grande retenue.
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Elections municipales : quels candidats choisir ?

Lorsque j'avais une dizaine d'années, j'entendais mes aînés proclamer "Tout est politique. Acheter du pain, c'est politique. Quand tu vas dormir et l'heure à laquelle tu te lèves, c'est politique." Si la politique est partout, alors elle peut avoir diverses expressions. Encore faut-il en comprendre ses enjeux, ses implications, et d'abord la signification du mot politique. Tout est politique quand on comprend que même l'apolitisme est une manière de faire ramper les ramifications d'une pensée normative, de laisser dominer ceux pour qui les pouvoirs sont les moyens d'obtenir autant de soumissions.   La politique, c'est participer ou laisser décider, au moment d'une élection ou/et à tout moment d'un mandat La politique réside dans la manière de concevoir le lien social. Elle implique le rapport à la décision, à la conduite de la vie des autres, de la sienne, à considérer le présent, le récit des expériences, de l'Histoire, à définir les projets, à regarder l'avenir, à proposer ou imposer, à obtenir les petites résignations et les grandes allégeances. La politique, c'est la manière dont on peut envisager la promotion du lien social, de son établissement à son entretien, avec la complexité des engagements et des désengagements, de l'enseignement aux enfants à la formation continue des adultes et de l'intervention de tiers lorsque les choses se détériorent. La politique, c'est une affaire de médiation. C'est l'historique implication des philosophes de la cité grecque dans la conduite de la cité. La politique est en lien étroit avec la manière de vivre en société. Si être élu, c'est obtenir de pleins pouvoirs, c'est d'évidence une toute autre politique que si, être élu, c'est animer la cité en restant à l'écoute des citoyens. Une alternative politique : conduire à des soumissions ou favoriser des adhésions Ainsi, la culture de la médiation engage chacun sur une nouvelle manière de l'exercice de l'autorité. Il ne s'agit pas de prendre les décisions à la place des citoyens, mais d'accompagner la mise en place de projets communs. Pour ceux qui n'en n'ont pas la formation, c'est un exercice impossible à maintenir. Il faut donc commencer par développer ces nouveaux savoirs qui font plus que décentraliser les systèmes de décisions, plus que de déléguer les fonctions et les rôles ; il s'agit de changer un mode représentatif par un mode participatif ; c'est un travail en profondeur sur les rapports à l'éducation. Attention aux chants des sirènes de l'extrême droite  Ils sont nombreux parmi les électeurs et les candidats à être dans une grande fragilité. Ils sont nombreux à aimer les icônes. Ils sont nombreux à s'enthousiasmer lorsque ceux qui les dirigent avec de petits partages, obtiennent les résultats de leur servitude (La Boétie). Les risques sont de favoriser le retour d'un système politique fondé sur l'exclusion, la domination, la mise à l'index et la délation, en faisant croire que c'est une voie pour que ceux qui méritent ne soient plus déçus. Non seulement, ce sont des raisonnements absurdes, mais c'est une peste politique. Dans le même genre d'idée, en son temps, beaucoup avaient cru avec sincérité que le maréchal Pétain était un bon choix et ce fut une catastrophe. Dans tous les cas, face aux chahuts et aux aléas de la vie sociale, dans un pays qui n'a jamais été aussi riche depuis le temps que les civilisations existent, les citoyens doivent être vigilants à ne pas se laisser charmer par les discours qui endorment les consciences. La voix d'Homère rappelle à tous que les sirènes ont des paroles qui séduisent, et que pour les entendre sans s'y laisser prendre, il faut souvent adopter de fortes mesures de résistance. Dans tous les cas, ceux qui s'embarquent ne se rendent pas compte de la cause qu'ils servent et de celle qu'ils détruisent. Les choix des systèmes autoritaires sont de cette nature, ils empêchent la poursuite d'un projet commun fondé sur la solidarité et la garantie des libertés. Attention donc à cette nouvelle parure avec laquelle l'extrême droite française se maquille.
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Qui ne sont pas « médiateurs professionnels » ?

Lorsque j'ai initié l'usage de "médiateur professionnel" et de "médiation professionnelle", ils ont été nombreux dans le microcosme de la médiation des conflits à dénigrer ces deux notions. Pour eux, le médiateur ne pouvait pas être un professionnel, non. Pour eux, être médiateur ça devait rester une activité annexe à celle de conseil ou d'arbitre ; pour eux, la médiation, c'était (et pour beaucoup c'est toujours) un mi chemin entre la morale et le droit ; avec un peu de psychologie, le médiateur doit arriver à ce que ses interlocuteurs deviennent raisonnables. Selon eux, la médiation, c'est fait pour ramener les personnes sur les chemins de la conformité. Pour eux, la médiation, c'est une mission, à la rigueur une activité de retraités, ou de fonctionnaires bons offices, ou de personnes travaillant dans un organisme subventionné, sous tutelle de l'Etat ou d'une para-administration. En tout cas, l'idée de la "médiation professionnelle" leur apparaissait (et encore...) une usurpation. Elle ne devait pas faire de chemin du tout. Pour eux, médiateur professionnel, c'était abusif, voire un non-sens. J'ai défendu l'idée par la preuve : "un médiateur, une mission, un résultat". J'ai démontré que l'on sait où conduit un conflit et où une médiation professionnelle peut conduire aussi. J'ai imposé une vision scientifique de la résolution des différends. Ca a vraiment commencé en 1999, lorsque j'ai écrit mon bouquin "Pratique de la médiation professionnelle" (ESF). Alors, à ce moment là, comme j'ai insisté, les concurrents de l'EPMN, la seule école de médiation professionnelle, ont concédé qu'on pouvait dire "professionnel de la médiation", mais pas "médiateur professionnel". Selon eux, on pouvait parler de "professionnalisation de la médiation", mais pas de "médiation professionnelle". Les plus ardents défenseurs de la non médiation professionnelle étaient dans le monde du droit. Ils voyaient émerger une profession sur le terrain du règlement des conflits. Mais pas seulement, des psychologues aussi, et beaucoup de personnes du milieu confessionnel. Et j'ai poursuivi. J'ai façonné la médiation professionnelle. J'en ai fait une discipline. J'ai suivi l'évidente vécue en entreprise : la médiation était professionnelle et médiateur devenait une profession à part... une profession à part entière. Dans la médiation professionnelle, pas de psychologie, rien qui ne puisse être démontré, attesté, pas de droit, pas de sociologie, pas d'argument statistique, pas de morale, pas de recours à la conformisation. En médiation professionnelle, une approche rigoureuse, méthodique, rationnelle, précise, transmissible, une pratique d'aide à la structuration de la pensée, des processus de soutien du libre arbitre par la réflexion et d'accompagnement de projets. Alors, ils sont venus surfer sur la vague, parasiter le concept avec leur incompétence. Certains sont venus se former à l'EPMN. Ils pompent l'éthique, la déontologie, quelques techniques qu'ils peinent à reproduire, maquillent l'altérocentrage et les processus structurés. Mais incapables d'assimiler la rigueur, ils sont partis en s'appropriant quelques concepts en les vidant de leur contenu. Ils dispensent aujourd'hui des formations avec des contenus relevant de la psychologie et même des pires inepties, détournant la notion de médiation professionnelle de sa rigueur éthique et déontologique qu'ils n'ont pas pu supporter. Alors pour vous permettre de faire le tri, les organisations fondatrices de la médiation professionnelle viennent de publier le tableau officiel des médiateurs professionnels. Et en tout cas, n'hésitez pas à venir à l'EPMN, à Bordeaux, au lieu de vous embringuer dans une formation de bateleur. Les médiateurs professionnels savent comment conduire leurs processus, ils savent aider les personnes à trouver leur issue, à choisir leurs solutions. En tant que membres de la CPMN, ils sont les seuls à préserver la libre décision des parties, à promouvoir le droit à la médiation. Avec les médiateurs professionnels, je vous remercie de votre confiance.
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