DSK, l’avenir dans l’ombre de la présidentialité
L’homme était à terre, facile à achever. Le territoire était devenu hostile. Le sujet d’actualité du harcèlement sexuel le rendait démoniaque. La presse se dressait soudainement et devenait quasi unanimement anti-macho. Le monde occidental chatouillait ses hormones féministes. Il y avait de quoi animer un feuilleton pour l’été. Comme le dit mon ami Jean-Bruno, il y a du bon là-dedans, coco. Et puis, les charges contre Dominique Strauss-Khan ne pesaient pas suffisamment lourd. L’accusation a du remballer ses certitudes anticipées.
Depuis le début, cette affaire fleurait le coup foireux. Si les charges avaient été suffisantes, si la crédibilité de la prétendue victime était certaine, rien n’aurait empêché le système américain de continuer à broyer Dominique Strauss-Khan. Il était en situation d’être achevé. Mais l’accusatrice avait la crédibilité des auteurs de mails proposant la fortune aux gogos. Sur l’échelle des mensonges, l’accusatrice a vraisemblablement battu DSK. Il était normal que les choses s’arrêtent enfin. Il est d’ailleurs hallucinant que la critique ne soit pas plus forte contre un système capable de faire plonger un individu dans une telle tourmente.
Combien de victimes le système américain fabrique-t-il ? C’est ce système que Nicolas Sarkozy cherche à mettre en place en France… Le feuilleton Strauss-Khan / Naffisatou Diallo aura démontré la dangerosité de cette conception de l’organisation judiciaire.
Bref. Strauss-Khan est entouré. Va-t-il se ré-inscrire dans le projet qui lui était prêté ? Le moment arrive. Il n’est pas trop tard. De plus, tout est bon pour une candidature à la présidentielle en France. La traversée du désert n’a jamais nuit à un homme déterminé. Quels que soient les événements, c’est l’individu qui fait son parcours.
Les français aiment bien les présidentiables avec une histoire aux basques. Ils aiment bien que celui qui va devenir président, ait une histoire pénible dans le parcours. Une histoire à raconter. Mitterrand a été le premier à identifié le phénomène. Lui s’était fait une histoire bidon d’attentat. C’était le coup de l’observatoire. L’auteur de l’abeille et l’architecte rêvait d’une situation gaullienne. Le grand Charles avait eu droit à son attentat. Même que les auteurs avaient du répondre de leur acte en justice. Pour Mitterrand, c’était du montage… Pompidou et Giscard, ça ne compte pas. Pour ce qui est de Chirac, il avait ses casseroles. Sarkozy s’est opportunément inventé un parcours de sauveteur, à faire pâlir de rage son mentor Charles Pasqua. De l’indicible. De l’inavouable. Dans la classe politique, on se fabrique des histoires et la presse est tenue d’en faire les ragots.
Comme le disait le poète Laurent Tailhade : “Peu importe les victimes, pourvu que le geste soit beau.”
Bonne route Dominique Strauss-Khan…
Et n’oublie pas ces moments pénibles et injustes. Parce que d’évidence, l’affaire à laquelle tu as été soumis tu n’en n’aurais pas voulu…
Commentaires (4)
Quel parti pris pour Monsieur Strauss Kahn !! car Nafissatou Diallo a bien eu une relation sexuelle avec celui que tu protèges comme d’ailleurs toute la classe politique. Relation sexuelle “précipitée” a précisé le procureur Vance.
On a retrouvé du sperme sur le col de la chemise de la femme de Chambre mais cela ne doit pas être si important.
Et il est également démontré que lorsque qu’une personne après un nombre important d’interrogatoires ne raconte pas toujours la même chose comme un disque rayé c’est qu’il y a une forte probabilité pour qu’elle dise la vérité.
Je retiens de cette affaire qu’il doit être bien difficile de lutter contre ceux qui ont beaucoup d’argent ( meilleurs avocats, caution exorbitante, appartement luxueux).
Je retiens également que finalement les soutiens de DSK sont vite allés sur le terrain du “c’est pas grave, il n’y a pas mort d’homme …c’est sûr” et ces soutiens vont de Badinter en passant par Lang et JF Kahn qui se sont permis de dire des choses hallucinantes de machistes rétrogrades.
Ce sont de telles affaires qui doivent faire comprendre que finalement on en revient à La Fontaine “Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir”…étonnnant non?
Non seulement je ne lui souhaite pas bonne route à ton protégé mais en plus cela ne m’incite pas à voter à gauche ( PS) au regard de ces soutiens maladroits et bien stupides.
Je passe sur tes arguments relatifs à la richesse. Force est de constater que l’accusatrice a bénéficié de largesse de cabinets d’avocats très bien positionnés.
Ce que je soulignerai c’est qu’une maison est un tas de pierres. Mais un tas de pierres n’est pas forcément une maison. Une culpabilité s’établit au moyen d’un ensemble de faits, mais un ensemble de faits ne permet pas forcément de conclure à une culpabilité. L’interprétation est dans ce domaine très mauvaise conseillère.
Quant à DSK, je n’y suis pas attaché. Et je te remercie Christophe de m’amener à le préciser. Il y a beaucoup de bagarres qui ne m’intéressent pas. Ce qui m’intéresse ici est la démonstration de la dangerosité du système judiciaire américain. Et c’est cela, et rien d’autre, que cette affaire illustre parfaitement.
Merci de m’éclairer car je ne vois pas dans ton propos la pertinence de la phrase de ce poète qui nous avait valu une joute oratoire particulièrement musclée.
Car dans cette phrase j’interprète simplement que “tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins”. Et puis qu’est-ce qu’un geste “beau” ?
En reprenant le cours de l’histoire très récente nous pourrions qualifier tous les événements de l’actualité politique et économique de geste “beau”.
DSK a eu sa victime son geste est-il beau pour autant, Madoff a plumé un nombre impressionnant de Gogos…le geste est beau…Assad brime son peuple le geste est beau…..etc
J’aime bien finalement cette phrase elle permet de tout excuser …c’est cool
La citation exacte attribuée à Laurent Tailhade est : “Qu’importe de vagues humanités, pourvu que le geste soit beau ! “. Il l’avait réaffirmée lors d’un attentat dont il avait été l’une des victimes, lui faisant perdre un œil… Ma réécriture plus directe me semble un “clin d’œil” ironique suffisamment clair…
Hé oui, la beauté du geste est toujours une question de point de vue à partir duquel les événements sont appréciés.