Politique

The Artist – un film politiquement engagé, muet, à regarder les yeux bandés

La télévision a servi quantité d’émissions sur son propre sujet. Des sociétés de production ont élaboré des programmes sur l’histoire de la télé, les gens de la télé, les enfants des gens de la télé, les critiques de la télé. La complaisance, l’autosatisfaction, et les congratulations entre animateurs ont toujours été au rendez-vous cathodique. Le cinéma, lui, semblait menacé. Il était promis à disparaître avec toutes les chaînes du petit écran et puis non. Et il devait être mis à mal avec les DVD, et puis non. Les devins avaient annoncé le pire avec l’apparition d’internet. La télé et le ciné devaient couler. Et puis non.

Tout a commencé avec une image animée et des sous-titres. De grands coups de gong, un pianiste qui jouait au marteau. C’était le début du cinéma. Il était muet. Vous vous souvenez. Parmi les plus anciens, on a tous vu Charly Chaplin, ou Laurel et Hardy… Il y avait aussi une fille aux grands yeux qui jouait le rôle sois belle et tais toi.

En 2012, un film français, insistons, avec un titre anglais qu’on comprend sans mal, est consacré à Hollywood. La presse française tonne la fierté. Une goutte de nostalgie aurait rempli l’encrier de la critique. Michel Hazanavicius, le scénariste, aurait-il farfouillé dans l’ADN du cinéma pour nous entraîner dans le monde de la bobine ? Le film est en noir et blanc, dans un style petite moustache et robe à frou-frou des années 1930.

Dans les périodes de crise, le monde des paillettes anime la légèreté. Le romantisme sert le scénario avec son moment dramatique. Il ne faudrait voir que cela, comme s’il ne fallait surtout pas regarder l’implicite. L’histoire fonctionne sur une routine américaine. Le film reprend la trame du film musical américain Une Etoile est née primée en 1937 : un film avec plein de clichés qui fonctionne avec des longueurs. Adieu le film célébré comme une œuvre française. Un homme, une femme, un chien, un policier un peu lourd, mais courageux sauveteur, une mémère qui ne frappe pas de son parapluie sur le policier. Le premier est égocentrique, pyromane et alcoolo dans ses moments de déprime. La seconde est dévouée, jolie et attentionnée. Elle aime mais ne le sait pas vraiment et lui non plus. Elle fait son petit bout de femme de chemin. Lui, c’est un coincé du changement, un inadapté de l’évolution technologique, mais au combien sympathique. Elle, c’est un rire cristallin. Et puis il ne faut pas oublier le chauffeur. Il ne faudrait pas regarder l’implicite. Le fidèle employé qui n’a d’ambition que celle de rester fidèle à son patron. Comme le chien à son maître. Le même. Un film qui fonctionne, avec des clichés qu’il fait bon de sortir dans une période de crises.

Tout va bien, c’est Hollywood qui consacre le scénario de la vie publique. Il s’agit d’un film d’un libéralisme politique et économique qui ne peut que faire plaisir aux chantres d’un capitalisme irrespectueux. La solidarité est absente dans le modèle social trimbalé dans ce film. Lorsque l’Artist sombre, plus personne n’est là. Tout le monde est navré. Il est fini. La solidarité est la grande absente. Le patron doit chasser son valet pour le libérer de sa dépendance. Ha, ces salariés avec leur mentalité d’esclave ! D’une morale douteuse, le bon patron compense l’année sans salaire par un licenciement indemnisé avec la belle voiture. Heureusement, dans ce monde d’adversité, d’abandon, d’indifférence, il y a l’amour. Une femme amoureuse. Une femme moderne, entreprenante, fidèle, attentionnée. La Femme. Les ingrédients sont là, difficiles à critiquer, mais bien méprisants pour ce qui fonde le ciment social. On est en Amérique : chacun pour soi et compte sur la chance, pas sur le contrat social. Ce n’est pas le sujet. On est ici dans la légèreté. Il ne faut surtout pas regarder l’implicite. Muet, ce film est à regarder les yeux bandés.

Marine Lepen sur les chemins de la reconversion

Voter Marine Lepen ? L’extrême droite française va devoir se trouver un autre leader. L’héritière du Front National a essuyé deux salves médiatiques en peu de jours. D’abord Nicolas Bedos a sorti son verbe acerbe, de type potache, jonglant avec un style Stéphane Berne et un ton à la Stéphane Guillon.

Le sourire amical que, sur le registre enfants de célébrités, le fils Bedos s’est appliqué à attribuer à la fille Lepen s’est successivement pincé et outré. Les saillies se succédaient en litanie délirante. Au final, la proposition imaginaire qu’il lui a faite, en qualifiant son physique de passablement passable, était plus du secours que de l’indécence.

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Puis, ce n’était pas une première, ce fut Jean-Luc Mélenchon qui s’amusa de Marine Lepen.

Si l’occasion médiatique a été mal exploitée, par l’un et par l’autre en période de débat d’idées, la navrance a été au rendez-vous.

D’évidence, Jean-Luc Mélenchon ne pourra rien retirer de cette émission. Concernant Marine Lepen, paradoxe des limites de conscience de la chef du parti paternel, elle s’est montrée en quête de reconnaissance de celui qu’elle dénonçait. Elle attendait des excuses tout en se hissant sur le monticule illusoire des sondages pour mépriser son interlocuteur. Certes, moins qu’ailleurs en politique, le ridicule ne tue pas.

Marine va devoir penser à une reconversion. La contestation ne manquera pas de s’élever, plus haut encore que la voix actuellement inaudible de Carl Lang, après les élections, ce qui va entraîner pour tous ces politiques un retour à une réalité moins médiatique. Les acteurs de cette comédie seront bien moins sollicités et, par conséquent, la survie de leur leadership sera sous forte perfusion de capacité d’influence.

Nicolas Bedos pourrait bien avoir raison sur un point : Marine Lepen est plus banale que son père, et les raisons de voter pour elle sont aussi peu probantes que pour lui. Mais celui qui pourrait la remplacer ne serait-il pas plus fanatique, devant affirmer plus fortement et vertement son leadership ? A voir…

Il reste à Marine Lepen de revenir au barreau de Paris, où elle pourra exercer tranquillement sa profession d’avocate.

Referendun sur le chômage : salauds de pauvres !

Le discours selon lequel si le pays va mal, ça serait de la faute aux immigrés et aux chômeurs est une rengaine digne du film de Claude Autant Lara, La traversée de Paris, qui faisait pester les trafiquants contre “ces salauds de pauvres”. Ceux qui trafiquent les influences comme l’équipée Bourvil et Gabin trafiquait la charcuterie, crient d’autant plus fort qu’ils veulent détourner l’attention. L’exercice a déjà été fait par Laurent Wauquiez avec sa tirade sur le RSA. Juppé, dont chacun connait l’intégrité, avait lui-même lancé une offensive contre les bénéficiaires du RMI. Xavier Bertrand a ajouté à la copie. Nicolas Sarkozy a repris le sujet, oublieux des affaires qui l’entourent, pour s’en prendre à ceux qui volent les Français. C’est une stratégie connue dans les rapports conflictuels. Les professionnels ne tombent pas dans ce piège. Mais la plupart des gens se font berner : celui qui crie fort attire l’attention et l’autre étant pétrifié, il poursuit son discours accusateur qui détourne les regards de ses propres méfaits. Les bonimenteurs de foire usaient de ce stratagème, ainsi que les joueurs de bonneteau. Ainsi en va-t-il de cette proposition de referendum concernant les demandeurs d’emploi.

Un referendum liberticide

Il paraîtrait que plus de 60 % des français y seraient favorables. Mais à ce que je pointe ci-dessus, s’ajoute le fait qu’il s’agit d’une mesure liberticide. Facile de dire qu’il y a des personnes qui profitent d’un système. Facile quand on est au pouvoir et que l’on a profité de nombre d’abus de bien sociaux, de détournements financiers, de financements illicites pour se faire élire et se maintenir aux postes du pouvoir. L’anneau de Gygé circule chez les héritiers du cercle Pasqua.

Il s’agirait d’une atteinte grave à la liberté et au droit à la protection sociale. Ce type de mesure est totalement démagogique. Commençons par taxer les bénéfices inadmissibles des sociétés de téléphonie, de l’eau, de l’électricité, du gaz… Faisons revenir l’argent des services abusivement privatisés. Faisons revenir l’argent des banques. Les caisses de l’Etat se réapprovisionneront et la solidarité nationale avec les personnes en difficulté ne sera pas à remettre en cause.

 

 

 

Inculture et égocentrisme de campagne

Voici quelques jours Claude Guéant a fait un étalage d’inculture dans sa conception de la civilisation. Dans le creux de son cynisme, il a exhibé une xénophobie de circonstance en vue des élections présidentielles. Dans la foulée, le président sortant, Nicolas Sarkozy, affiche son autosuffisance à la une des kiosques à journaux, sur les publicités de son journal de campagne, le Figaro.

Faut-il être imbu pour ne pas constater le sens de ce que l’on communique dans une pareille perspective ? Le candidat président qui fait campagne sans se déclarer si bien qu’il fait payer ses interventions aux contribuables, affiche une position physique des plus prétentieuses. Voyons cela. Si l’on adopte la position du penseur de Rodin, inévitablement, la posture nous impose une orientation de la pensée vers le sens de la vie, voire sa finalité. Prenons celle que présente Nicolas Sarkozy et immédiatement l’idée qui s’impose en soi est l’auto-référence. La personne dans cette position ne pense pas aux autres. Elle ne pense qu’à elle. Elle a introduit son pouce droit dans sa main gauche. Un compte à peine caché. Mais quoi qu’il en soit, pour elle, il n’y a qu’elle qui compte. Elle compte : un. Sans aucun doute, son compte est bon. Pourrait-il être meilleur ? A voir si d’autres s’en charge, mais elle se présente, ne laissant en réalité aucun autre choix : c’est elle qui décide. Elle montre une position de retrait vis-à-vis d’autrui. Personne d’autre ne compte pour elle. C’est elle qui dit. Elle qui raconte, quitte à se la raconter, car cette position est bien moins une marque d’introspection que d’une assurance d’autosuffisance.

Ainsi, l’affiche est plus claire que les mots qui l’accompagnent. Ce n’est toujours pas un programme politique pour les autres qui est proposé par Nicolas Sarkozy. C’est un programme selon sa conception des choses. Il ne tient pas compte de la réalité de ceux qui sont susceptibles d’attendre quelque chose de la direction du pays.

A suivre donc ce nouveau conte de campagne…

 

Voter Marine Lepen, un choix en 19 points !

Voici les principales lignes du catéchisme pour convaincre les personnes que vous souhaitez emballer dans le soutien à Marine Lepen.

Oui, Marine a les 500 signatures. Elle les a depuis longtemps. Il ne faut quand même pas exagérer, une élection présidentielle ça ne se prépare pas la veille. Surtout après la baffe de 1981 où les 500 signatures n’y étaient pas. C’est pour faire du bruit médiatique qu’elle utilise cet argument. Choisir de voter Marine Lepen, c’est voter pour des mensonges stratégiques pour accéder au pouvoir. Il faut ce qu’il faut. Voter Marine, c’est être sensibilisé aux situations d’insécurité. Il ne s’agit pas d’un simple discours, la peur est là. Il est vrai que les partis de droite gouvernementale traitent abondamment ce sujet, avec l’ancien ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, devenu président de la république. Mais son échec est global. Total.  Flagrant. Se rapprocher du Front National, c’est avoir entendu la thèse défendue depuis longtemps par le père de Marine.

Il est donc urgent de savoir ce qu’il pourrait se passer si Marine Lepen arrivait au pouvoir, sachant qu’en plus son père aurait une place de choix. On peut envisager notamment que, selon ce qui est clairement dit par Marine Lepen et ce qui est implicite :

  1. Le ministère créée par Nicolas Sarkozy sur l’Identité nationale deviendrait le ministère des expulsions massives.
  2. Le ministère de l’Intérieur dirigerait un nombre plus important de policiers, avec un budget de 9 milliards d’euro pour la rémunération des nouvelles forces de police
  3. L’administration pénitentiaire serait en passe de devenir l’un des premiers employeurs de France, avec une prévision de 40.000 détenus en plus, c’est dire que la délinquance est prévue, avec ce programme politique, en forte augmentation, avec une dotation nécessaire d’environ 8 milliards d’euro, soit quelques 45 milliards de francs…
  4. Renforcement de tous les systèmes de contrôle des personnes. Des caméras partout, des obligations de rendre des comptes à tout moment, sans autre justification que la demande d’un policier
  5. Une sécurité renforcée et soutenue : des possibilités de garde-à-vue étendue, selon les soupçons avérés ou non d’un policier, pour la seule raison de la prévention d’un trouble à l’ordre public ou d’une aide potentielle à un immigré
  6. L’armée obligatoire serait rétablie, sur deux ans, sans solde pendant une année, permettant ainsi de faire baisser le chômage des jeunes
  7. La guillotine reprendrait du service, créant au moins trois emplois en CDI
  8. La France sortirait de la Communauté Européenne, isolée comme jamais du reste du monde, mais militarisée et policée comme jamais non plus.
  9. L’euro serait abandonné
  10. L’assemblée nationale serait dissoute et peut-être y aurait-il d’autres élections. C’est-à voir…
  11. Les frontières rejailliraient autour de la France, fermant l’hexagone à une Europe qu’elle a fortement contribué a créer
  12. L’insécurité inter étatique reviendrait à l’ordre du jour en raison de l’esprit d’adversité qui se substituerait logiquement à celui de solidarité implicite développé par l’esprit européen
  13. Un projet d’entrer en guerre ouverte, avec un nouveau porte avion nucléaire, sachant qu’une bonne guerre, avec le nombre de victimes et de dégâts causés, ça a toujours permis de relever l’économie. Et la raison déclarée : “Un seul (porte avion) ça ne sert strictement à rien. C’est comme s’il y en avait zéro.
  14. Les services associés à l’immigration seraient affectés à des missions de surveillances et de traitement des délations
  15. Les commissariats seraient dépassés par le traitement des expulsions
  16. Les centres de rétention déjà très surpeuplés devraient ouvrir d’autres lieux et engager d’autres personnels, ce qui serait créateur d’emploi, grâce à cette politique répressive globale
  17. L’insécurité augmenterait par la peur qui serait entretenue auprès d’une population déjà en difficulté
  18. Un bouleversement aurait lieu dans les entreprises du secteur automobile, de la métallurgie, du bâtiment et des services industriels en raison des expulsions du personnel immigrés et de l’absence de personnel français en situations et conditions de pouvoir reprendre les postes
  19. Une bonne dictature serait mise en place pour accélérer le déclin qui a toujours été le lot des régimes forts.

Voilà, vous avez de quoi argumenter pour envisager de vous réveiller au son des bottes et des cris des expulsions massives enfin d’actualité.

2011 en France : tête de turc pour génocide arméniens en 1915

La contestation du génocide des arméniens de 1915 n’est pas une thèse qui fait en France un chemin si significatif pour qu’une loi réprime les éventuels négationnistes. Le génocide arménien est reconnu en France depuis 2001. La cause arménienne est si acquise qu’un article de la Wikipédia francophone est intitulé, sans ambiguïté : Génocide arménien et si la page de discussion est animée, elle n’a guère été enflammée. Un article similaire est proposé sur la Wikipedia turque.

A qui donc est destinée la leçon punitive ? Quelle est donc cette nouvelle fantaisie du pouvoir politique français ? Quelle est cette démarche visant à chercher la sympathie pour une cause, au point de créer une telle adversité de la part de la Turquie ? Ces questions pourraient-elles trouver une réponse si l’on connaissait mieux les motivations de la députée UMP des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, qui apparaît à l’initiative de cette proposition de loi ?

Valérie Boyer est une élue des Bouches du Rhône, dans le 7e secteur de Marseille (13e et 14e arrondissements) sur la liste de Jean-Claude Gaudin. Marseille est une ville où vit la plus importante communauté arménienne. La démarche partisane voisine la stratégie électorale.

Faut-il s’attendre à ce que le gouvernement français, après son soutien d’automne au printemps arabe, se lance dans une leçon de morale à tous les États du monde ?

Faut-il s’attendre à ce qu’après avoir été le plus pro-américain des présidents français, dès le début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy en vienne à sommer les États-Unis de reconnaître le génocide des indiens d’Amérique ? En effet, à devoir accomplir une telle mission, plusieurs quinquennats ne devraient pas être suffisants.

De combien de têtes de turc ces politiciens vont-t-ils encore avoir besoin ? Qui seront ceux, la prochain fois, vers qui l’index pointé invitera les regards vindicatifs à se tourner ?

Est-ce là ce que les citoyens peuvent attendre d’un parlement et d’un gouvernement dans une situation où les conditions de vie s’aggravent pour des milliers de concitoyens, où les conséquences des carambouillages financiers (que d’aucuns appellent “la crise”) frappent de plus en plus de personnes, où les prêches d’exclusion trouvent de plus en plus d’écho, où les mouvements sociaux ajoutent aux désagréments hivernaux ?

Les illustrations proviennent de WikiMedia Commons

 

De la justice à la médiation

Le sujet de la Justice semble délicat. Du divin à l’homme, de la justice sociétale à la justice en soi, bien des choses peuvent être emmêlées. La confusion pourrait bien desservir l’idée même de justice. La représentation n’est-elle pas mouvante à souhait, justifiant aussi bien ce que d’aucuns considèreront comme des abus de position dominante ? Qu’il s’agisse d’un repère sociétal ou d’un sentiment, la justice ne semble pas répondre aux mêmes attentes. Par conséquent, il est indispensable de ne pas en rester là. La justice est trop souvent évoquée pour ne pas être tournée dans tous les sens.

A l’occasion des rencontres philosophiques d’Uriage, dont le thème était “La justice aux sources du juste “, du 14 au 16 Octobre 2011, j’ai présenté une situation de médiation où l’entente des parties dépasse totalement la représentation de l’équité et de la justice. Et ceci n’est qu’un exemple.

La démonstration va dans le sens de dire que pour mettre un terme à un différend, rien ne vaut l’intelligence des parties… Les observateurs et les curieux, faits de media et de moralistes, doivent rester silencieux et penser à ce moment de sagesse qui les dépasse.

Voir vidéo

Un procès contre les lyncheurs de Kadhafi

Tout crime mérite-t-il d’être poursuivi ?

Soyons logique, les assassins de Kadhafi doivent passer en justice dans leur pays, sinon être poursuivis pour crime contre l’humanité. Un lynchage a été commis. Des vidéos en attestent. Des images pénibles, incroyables de bêtise collective montrent le sort pitoyable que ces abrutis en goguette ont réservé à leur dictateur, il y a peu si fréquentable. L’engeance humaine la plus dépravée a pu s’exprimer en toute tranquillité. L’impunité pourtant ne doit pas leur être assurée.

C’est le principe même de la répression des crimes commis.


Balayer ce crime c’est laisser la porte ouverte à tous les crimes d’État. La France, première à avoir reconnu le nouveau pouvoir libyen doit être la première à demander, à exiger la comparution en justice des assassins de Kadhafi. Que leur système judiciaire les gracie, leur colle une médaille, c’est autre chose, mais qu’ils s’en expliquent. Et probablement que certains d’entre eux, voulant se vanter de leur abomination, auront ainsi la tribune de la prise de conscience ; et ceux pour qui le crime a été l’engrenage d’une situation de surenchère, le tribunal sera l’occasion de déverser leur torpeur.

Quoi qu’il en soit, un procès doit avoir lieu ! La France, les dirigeants français, les Français ne peuvent tolérer d’être complices d’un crime, quel qu’en soit le motif.

Il revient aux élus du peuple français d’adresser cette exigence au peuple libyen et à leurs représentants.

Et c’est en tant que médiateur que j’initie cette exigence.

Médiateur professionnel : cinq revendications

Le 8 décembre 2001, le premier syndicat de médiateurs été créé par des anciens de la formation que j’avais créée deux ans plus tôt. Après avoir fait un tour des associations existantes dans le monde de la médiation, aucun des professionnels du droit et des ressources humaines intéressés par la médiation ne voulaient rejoindre l’une de ces associations animées par la bonne volonté mais sans aucun professionnalisme. L’enjeu était là et quoique le syndicat qui s’est alors créé a influencé de manière profonde le monde de la médiation, l’amateurisme n’a pas quitté le monde associatif. C’est pourquoi l’exigence et la position revendicative de la Chambre Professionnelle se justifient encore.

L’idée de la trentaine de professionnels est désormais animée par plus des 160 participants aux rencontres de 2011. Elle était de lancer le professionnalisme dans la monde de la médiation. Un professionnalisme qui devait positionner la médiation dans la prestation de services. Un positionnement rigoureux qui s’est traduit par l’élaboration du premier Code d’éthique et de déontologie de la médiation professionnelle, le CODEOME, imité dans de manières réductrices, et dont la rigueur témoigne de l’exigence professionnelle et du respect de la relation client.

Dix ans plus tard, la première chambre syndicale des médiateurs professionnels affirme un positionnement d’autorité dans cette profession en émergence. Elle trace cinq axes de revendications :

  1. La promotion des droits humains partout dans les pays souhaitant mettre en place la médiation
  2. La promotion de l’égalité des droits
  3. Le recours systématique à la médiation, préalablement à toute action judiciaire
  4. Le respect de l’indépendance des médiateurs professionnels par les Etats et toutes les instances exerçant une autorité politique, sociale et économique
  5. Exiger la consultation de notre organisation syndicale représentative de la médiation professionnelle, à chaque fois que le législateur ou le gouvernement conçoit un projet impliquant la médiation dans quel domaine que ce soit

Que les amis de la médiation, organisés en associations et en fédération associative se joignent à ces positionnements pour permettre l’exercice sérieux d’une profession désormais légitime.

Le communiqué de la CPMN qui est venu clore la journée des rencontres 2011, où 160 personnes se sont réunies à Paris, dans les locaux de l’INHA, a souligné un point essentiel : celui de l’intérêt de cette profession pour la société civile :

Les médiateurs professionnels proposent leurs services aux personnes et aux organisations, entreprises, institutions et administrations, qui font de la qualité relationnelle un repère éthique. Ils s’adressent aux décisionnaires, individus et prescripteurs qui souhaitent recourir à une pratique apaisante pour résoudre les différends qui jalonnent la vie personnelle et professionnelle, plutôt que d’entretenir des relations d’affrontement, de déchirement, voire de destruction.

Allégeance aux armes : de la promesse suicidaire à l’indignité politique

Jean-François Copé fait une proposition de fanatique : l’allégeance aux armes. Lorsque le pays va mal, lorsque les dirigeants sont de plus en plus corrompus, lorsque les réponses ne peuvent plus convaincre, l’un des discours le plus développé est celui de la violence légale. La peine de mort est ainsi brandie par des politiciens comme réponse aux sentiments d’insécurité qu’ils favorisent. Les champions de la logorrhée sécuritaire se comptent désormais de plus en plus nombreux dans les rangs du parti présidentiel.

Jean-François Copé a même réussi à déboussoler la plus extrémiste d’entre les gens de droite. Marine Lepen, prise au dépourvu a rejeté cette idée d’allégeance aux armes, alors qu’on aurait pu penser qu’elle aurait claironné avec Copé. Elle a critiqué cette idée en dénonçant l’américanisation de la France conduite par la politique de l’UMP.

Dans une société qui se doit d’évoluer vers des démarches pacificatrices, il serait évidemment pertinent de promouvoir une démarche culturelle, non une allégeance. Allez exiger de ceux qui viennent demander la naturalisation française quelque chose que les citoyens de droit ne feront pas : se soumettre à un serment suicidaire, est totalement inéquitable.

Que je sois clair : je ne ferai pas allégeance aux armes. J’ai refusé de faire l’armée. Je n’ai pas fait l’armée. J’ai été insoumis et je resterai dans le refus d’une allégeance stupide. S’équiper d’une arme c’est déjà envisager de s’en servir. Faire allégeance aux armes, c’est déjà imaginer tuer et mourir avec ces armes. C’est l’imagination d’un crime et d’un suicide. C’est contraire au sens de la vie. C’est inique de demander cela à quiconque. C’est criminel. De plus, imaginer envoyer quelqu’un d’autre à sa place pour aller tuer et se faire tuer, c’est indigne.

Et pourquoi ne pas exiger des personnes qui veulent devenir Françaises de s’engager à pirater un avion au nom de la France et de jouer aux kamikazes avec les passagers, au nom de la France. Voilà une belle application de l’allégeance aux armes.

Jean-François Copé, c’est de l’indignité politique ! Et c’est lui qui se dit médiateur ? Mais il n’a rien compris. Cessons d’être complaisant ! De toute évidence, il n’a pas terminé sa formation…