La Valls des droits va-t-elle continuer ?
Une française, Aurore Martin, a été extradée en Espagne parce qu’elle est militante d’un parti légal en France mais illégal en Espagne. Ne serions-nous plus en sécurité en France pour combattre ce qui nous apparait injuste dans le monde ?
Quel est donc le sens d’agresser ainsi des convictions ? Quel est donc cet écho de bottes que nous entendons frapper ? Quelle est donc cette forfaiture ? Quel est donc cet anachronisme ? Imaginerions-nous là-bas le franquisme et ici le pétainisme ? La crise économique doit-elle trouver d’autres exutoires ? Des boucs émissaires ? Des politiciens auraient-ils besoin de distraire l’opinion parce qu’ils ne parviendraient pas à tenir des promesses illusoires ?
Il est terriblement regrettable de constater que le ministre de l’intérieur, certes le plus répressif de tous ceux que la gauche socialiste ait pu fédérer, se lance dans une transgression fondamentale du droit coutumier. Faut-il rappeler que Manuel Carlos Valls, d’origine espagnole, est devenu français en 1982 ? Doit-on y voir là l’explication de cette complicité avec l’Etat Espagnol ? Expédier une personne de nationalité française dans un pays qui la condamne déjà à une peine de prison, tandis qu’en France elle ne serait pas poursuivie pour ce qui lui est reproché là-bas, c’est inquiétant. Inquiétant pour chacun. Inquiétant pour tous. Dramatique pour Aurore Martin. Dramatique aussi pour toutes les personnes militantes pour des causes extérieures à la France.
Plus d’une décennie de prison ! Douze ans de réclusion pour avoir été solidaire du parti indépendantiste Batasunat illégal en Espagne mais légal en France.
Rappelons que Batasunat est un parti politique socialiste, féministe, libertaire, écologiste, ce qui est contraire au position de Manuel Carlos Valls. Batasunat est indépendantiste, certes. Ce parti est celui de ceux qui défendent une cause légale en France, prétendument terroriste en Espagne. Et puis Aurore Martin est française. Mais elle va devoir faire la preuve de son innocence en étant enfermée là où la police franquiste l’aurait torturée. N’y-a-t-il pas une honte qui plane sur cet hiver politique ? Ne doit-on pas d’abord prouver qu’une personne est coupable pour la condamner ? L’Europe de la politique se corrompt-elle totalement ?
Il faut bien constater que le pays des droits de l’Homme n’est pas celui des droits de la Femme. Faudrait-il qu’elle soit voilée pour qu’il n’osât pas y toucher ? Même le Front National vient faire cause commune pour dénoncer cette mesure agressive contre tous les principes que nous sommes en droit d’attendre du pays où nous sommes nés.
L’indignité est-elle installée place Beauvau ? A quoi faut-il s’attendre maintenant ? Combien de personnes ont voulu que cesse le système qui a été mis en place lors du précédent quinquennat ? Est-ce pour racoler sur les terres plus arides en liberté qu’une Française est envoyée dans les geôles espagnoles ? C’est incompréhensible. Le candidat François Hollande s’était prononcé sur l’affaire. Devenu président, la mémoire lui ferait défaut et les circonstances l’inviteraient à changer de point de vue. On n’ose y croire. Le parti communiste proteste. La Ligue des droits de l’Homme proteste. Le parti écologiste proteste. Des élus UMP se joignent à cette protestation, avec le Front National.
Le jeu est dangereux de provoquer ainsi une mobilisation si souterraine qu’elle risque de faire basculer les ambitions de rester longtemps au sommet de l’Etat. D’ici là, l’inquiétude citoyenne ne peut qu’être forte. Comment avoir confiance en des politiques qui bradent la citoyenneté ? Avec cette politique, sommes-nous en sécurité dans notre propre pays ?
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