Auteur: Jean-Louis Lascoux

Quelles raisons de faire appel à un médiateur professionnel ?

Les faux arguments favorables à la médiation

Soyez vigilant : la CPMN ne peut vous apporter des garanties de compétences que pour les médiateurs professionnels dûment identifiés, figurant sur la liste officielle des médiateurs professionnels http://www.cpmn.fr

Par amateurisme, certains disent que les raisons principales de faire appel à un médiateur professionnel seraient l’économie d’argent et le gain de temps au regard d’un procès ou des procédures judiciaires.

Certains arguments peuvent être jolis, séduisant, convaincants, ils n'en sont pas moins consternants, désolants, navrants d'inexactitude, de fausseté, de bidonage.

Certains arguments peuvent être jolis, séduisant, convaincants, ils n’en sont pas moins consternants, désolants, navrants d’inexactitude, de fausseté, de bidonage.

A suivre ces amateurs, pour se former, on apprendrait la médiation en observant la gestuelle des protagonistes des différends. Ils racolent par delà la France, en balançant des spams où ils prétendent n’avoir plus que 2 places dans des groupes de formation fantôme.

Qu’on se le dise : si les personnes en conflit étaient intéressées par l’économie de temps et d’argent, elles ne s’impliqueraient pas dans des conflits. Ce genre d’argument n’a aucune chance de convaincre qui que ce soit et ce n’est donc pas ce qui peut présenter un intérêt quelconque quant à la médiation professionnelle.

En conséquence, ces amateurs pourraient trouver une autre manière pour nommer leur agissement dans un domaine où ils n’ont décidément rien à faire.

Symposium de la médiation professionnelle 2014

Les médiateurs professionnels ont trois organisations: une école (EPMN), une organisation professionnelle syndicale (CPMN) et un réseau de partenaires (ViaMediation). Ils organisent chaque année le plus important évènement sur la médiation des relations en octobre depuis plus de dix ans.

Une date importante de leurs organisations est bien évidemment celle du lancement de la médiation professionnelle, en 1999-2000, lors de la première formation et de la publication de mon ouvrage “Pratique de la médiation professionnelle” aux édition ESF, tandis qu’il n’existait pas à l’époque d’autre idée sur la professionnalisation de cette approche des relations dégradées. Le cheminement a été somme toute rapide. Une enjambée. Mais il n’est pas fini. On parle désormais d’une décennie…

Sur le site de l’école professionnelle de la médiation et de la négociation, vous trouverez l’historique du développement de cette nouvelle discipline et de l’organisation qui aujourd’hui est garante de l’éthique et de la déontologie professionnelle.

2014 est une nouvelle étape : la présidence de la CPMN passe à mon ami Henri Sendros-Mila qui est désormais la tête de pont du projet de la promotion du droit à la médiation. C’est avec lui que nous nous lançons vers cette décennie que nous avons définie après plusieurs années à chercher ce qui m’avait semblé fondamental : la posture des médiateurs professionnels au regard de la société.

Désormais, les médiateurs professionnels représentent la profession garante de l’exercice de la libre décision. Ils sont les seuls à promouvoir de manière rigoureuse la volonté de chacun à mieux s’impliquer dans ses choix et ses projets. Ils sont les seuls à se référer à une posture concrète d’altérité. C’est donc avec toujours autant de plaisir que je vais continuer avec Henri et tous les membres de la CPMN a impulser cette démarche.

Et j’aime particulièrement cette légèreté que nous avons conçue pour représenter la médiation professionnelle, notamment avec le flah-mob qui va avoir lieu aujourd’hui et dont vous verrez les vidéos prochainement, ainsi que les autres interventions artistiques. La médiation professionnelle est en effet la dédramatisation relationnelle. Elle est moins une alternative à la dramatique scénarisation judiciaire qu’une voie naturelle de la qualité des relations.

J’apprécie enfin le fait que tous ensemble nous soyons clairement dans une voie où nous oeuvrons pour une démarche généreuse, autant respectueuse des personnes que des groupes, essentielle pour soi et pour les autres.

Une partie de la couverture médiatique est assurée par France Info.

Pas encore de formation médiation professionnelle en Suisse ni au Luxembourg

En quête de qualité relationnelle ou de résolution de différend, le choix de la médiation professionnelle c'est la CPMN

En quête de qualité relationnelle ou de résolution de différend, le choix de la médiation professionnelle c’est la CPMN

De tout temps, l’envie de se promouvoir, de se hisser en profitant des autres ou d’un autre seulement a conduit certains humains à copier, plagier, reproduire, décalquer, pomper, tricher. Le résultat est la plupart du temps consternant. Mais il n’empêche pas les auteurs de ces malfaçons de réussir tant il est difficile de les contrecarrer. Tant il est devenu difficile de les empêcher de parasiter d’un côté le vrai savoir faire et de l’autre côté l’ignorance des clients.

Je ne parle pas du caméléon qui a cette caractéristique d’adaptation, de camouflage. Je ne parle pas de ces fleurs magnifiques qui adoptent l’apparence d’un animal pour repousser des parasites. Non, la nature est faite de cette richesse des couleurs et des formes qui me conduisent à l’admiration.

Je parle de ces piqueurs de formation qui parviennent à embarquer des clients par des discours empruntés et qui jouent de leurs insuffisances intellectuelles pour se faire quand même, malgré tout, un petit promontoire vers une réussite qui les frustre.

L’un d’eux me disait d’ailleurs, quittant soudainement notre conversation en pleurant qu’il n’avait rien fait de sa vie qui vaille à ses yeux le mérite qu’il recherchait. Alors, il a trouvé sa solution en imitant la médiation professionnelle, en vautrant son discours dans les approximations qu’il n’a pas digéré à propos de la PNL, de l’AT, du MBTI. Il y fourre tout, pensant ainsi témoigner d’originalité en se conformant par l’usage de concepts connus mais inappropriés pour accompagner la résolution des différends. Le résultat est une tambouille sans intérêt, à laquelle se font prendre les clients, flattés par la bidouille dont ils ont entendu parler par ailleurs.

La médiation professionnelle que j’ai initiée se trouve l’enjeu de cette quête. C’est la démonstration d’une réussite, me disent les plus optimistes. Certes. Mais il convient d’attirer l’attention des clients, même si ça fait râleur, que la médiation professionnelle est enseignée à l’EPMN, et exclusivement à l’EPMN.

Et pour toute réponse, ce que je peux faire pour ceux qui obstinément se font prendre, c’est de les inviter à venir constater la différence. Vous êtes inscrits à l’une de ces formations ? Vous savez qu’en matière de formation continue, vous pouvez annuler votre formation ? Alors, c’est la loi, vous pouvez venir assister à une journée de formation de l’EPMN, et vous constaterez qu’il n’y a pas photo.

Sachez donc que la médiation professionnelle est pratiquée exclusivement par les médiateurs membres de la CPMN, syndicat professionnel historique qui est très vigilant à ne proposer que des médiateurs apportant les garanties de compétence. Et ce n’est pas pour rien que la CPMN présente un tableau officiel : pour permettre à tous de faire la différence.

Vous pouvez aussi trouver les médiateurs professionnels grâce au moteur ALLOMEDIATION

Ainsi, pour les formations en 2014, il n’y a qu’en France que la médiation professionnelle est enseignée : Paris, Lyon, Bordeaux (siège de l’école), Fort-de-France et Pointe-à-Pitre.

L’année prochaine, on va voir pour la Suisse et le Luxembourg, mais soyez patient(e)s. Ne vous laissez pas emporter 😉 Tenez-vous informé(e)s sur notre journal en ligne : l‘officiel de la médiation


la mante orchidée par 2tout2rien

La médiation au secours d’un système judiciaire en déroute ?

Christiane-TaubiraLe 9 septembre 2014, la ministre de la justice, Mme Taubira, a annoncé via le Parisien Libéré, qu’un conseil national de la médiation et de la conciliation allait être créé. Cette mesure va avec des restrictions budgétaires et un appauvrissement de l’appareil judiciaire. Pour la Chambre Professionnelle de la médiation et de la négociation (CPMN), seule organisation syndicale et représentation de cette profession émergente, ce conseil national de la médiation et de la conciliation est une nouvelle erreur, alors même que la CPMN a proposé une structure de ce type en 2011.

Depuis notre proposition de 2011, nous pourrions être satisfaits de cette annonce. En effet, cette structure ambitieuse ne saurait laisser indifférents les représentants de la profession de médiateurs. L’idée est issue de nos propositions pour la promotion de la médiation en l’occurrence, plus précisément il s’agissait d’une commission nationale de la médiation que nous voulions plus large. L’instance proposée est restrictive, même si la conciliation y a été raccrochée.

Lire la suite sur le mediatoroscope ou le ville de la justice

objectif aquitaine

La médiation professionnelle en débat : la qualité relationnelle au service de la performance en entreprise

lundi 22 septembre 2014 / 18H / Bordeaux Hôtel Burdigala / 115 rue Georges-Bonnac

La médiation professionnelle en débat : la qualité relationnelle au service de la performance en entreprise.

Pour attirer l’attention sur l’importance de la régulation des relation en prévention des conflits et sur les bénéfices de la qualité relationnelle au travail. Le coût de la non-qualité relationnelle pour l’entreprise est insoupçonné. Il s’avère néanmoins important : mal-vivre, absentéisme, démotivation… Autant de situations qui peuvent aboutir au conflit, partie la plus visible de la dégradation de la relation. Tous ces aspects de la médiation professionnelle seront abordés le 22 septembre dès 18H.

INTERVENANTS : 

Yves PETITJEAN Président de la Chambre
de métiers et de l’artisanat d’Aquitaine
Michel DUMON Président de la CAPEB Gironde
Philippe MOULIA Directeur général d’Eiffage
Construction Nord Aquitaine
Sophie ABIB DRH Ile-de-France d’Orange
Alexandre BAUD DRH de la Lyonnaise
des Eaux
Jean-Louis LASCOUX Président de la CPMN
Henri SENDROS-MILA Vice-président de la CPMN

Comment nommer la mort choisie ?

L’ancien ministre et cofondateur de médecins sans frontière et médecins du monde Bernard Kouchner suggère que l’on trouve un autre mot pour désigner l’euthanasie, par que “D’abord il y a nazi dedans, ce qui n’est pas gentil puis ce mot donne tout de suite l’impression qu’il y a une agression et qu’on va forcer les gens.(France inter)”  Quoique le mot définition une manière d’abréger des souffrances, il ne met pas en avant l’idée de la volonté de la personne.

De cette idée, on peut retenir que le terme, dévoyé par les mouvements eugénistes, n’est pas très clair. En effet. euthanasie désignerait plus une “mort douce” provenant de l’action d’un tiers que de la volonté de la personne concernée.

  • Euthanasie : eu (bonne) + thanatos (dieux grec de la mort)  : bonne mort

Nous pourrions trouver un mot dont l’usage serait différent, quoique construit selon le même principe. Je propose :

  • Callithanie : de calli (jolie) et thanatos = une jolie mort. Et le mot pourrait désigner la mort que l’on choisie, que l’on demande une aide ou qu’on se la donne soi-même, plutôt que de souffrir.

Même si la proposition de Bernard Kouchner peut paraître quelque peu légère voire farfelue, elle conduit à mieux réfléchir le sens de ce qui devrait être promu par l’évolution de la loi Léonetti.

 

 

L’erreur de la “médiation familiale”

Village de la justiceAvant les élections municipales de 2014, la famille était au centre des débats politiques. Il devait y avoir une grande réforme. Après le mariage, ça devait être le tour à la conception des enfants d’être discutée et, dans la logique des choses, venait celui de l’autorité parentale. Il n’en sera probablement rien.

La discussion est encore une fois reportée, laissant croire que les réfractaires à la liberté d’autrui l’emporte avec une surcharge de 700 amendements rédigés pour polluer l’adoption des nouvelles dispositions. Il est légitime de se questionner sur la maturité politique qui accompagne ces textes. Parallèlement, l’obstacle principal réside dans le fait que l’évolution des sciences et des techniques a du mal à rencontrer celui des mentalités.

Dans ces rapports à l’évolution, l’inculture y est pour beaucoup et c’est sur elle que s’affalent les extrémismes qui se font le plus entendre en ce moment.

Lire la suite sur le Village de la Justice =>

Anne Guivergys-Lamouche, Juste parmi les citoyens du monde, est décédée le 10 mai 2014

Une Juste parmi les citoyens du monde s’en est allée

Ma mère d’adoption, Anne Guivergys-Lamouche, est décédée le 10 mai, à l’âge de 83 ans.

La dernière fois que je l’ai vue, c’est quelques jours avant sa mort, lorsque je suis allé la voir à l’hôpital avec Clara, sa petite fille. Souvent, nous allions lui faire des visites ensemble. Comme un rituel, nous prenions rendez-vous à la maison ou au restaurant rue de Bucci où elle aimait aller déjeuner et rejoindre ses amis.

Anne avait délicatement pensé le dernier moment de notre rencontre. Ma main posée sur sa joue, elle se blottissait tendrement, comme dans un ultime souvenir dont elle savait l’importance. Elle m’aura laissé cet instant de tendresse, cette douceur qu’elle a si souvent masquée pour préférer montrer un caractère fort, déterminé, sans concession pour les moments où elle ne voulait rien lâcher à la faiblesse.

Pour Anne, il fallait être fort et c’est dans ce contexte que nous nous sommes connus, au temps où la dureté de l’existence m’était un euphémisme. Elle attrapait avec une puissante énergie les mains tendues vers des libertés que personne d’autre ne semblait entendre. Nous nous retrouvions, là, avec cette force qu’elle voulait non revendiquée, tournée vers ceux qui en ont encore plus besoin. Elle était solidaire. Elle ponctuait ses actions d’un regard mêlé de générosité et de sévérité. Solitaire aussi.

Pas facile de décoder cette femme qui a fait de moi un fils qu’elle revendiquait dans un jeu complice d’une naissance cachée. Elle était une femme de luttes, intraitable, et soutenait les combats centrés sur  les droits humains. Elle n’était pas complaisante. Anne était une Juste parmi les citoyens du monde. Elle était comme cela, une détermination, une obstination vainqueur.

Anne a été un soutien actif pour de très nombreuses causes peu écoutées et parfois mal entendues. Militante des droits de l’Homme, elle ne levait pas des armées. Anne ne faisait pas de bruit autour de ce qu’elle faisait, mais elle savait déjouer les obstacles pour arriver à démêler une situation. Elle assurait la veille et le travail des petites mains où elle préférait se tenir, refusant toujours les propositions de mise en avant. Elle choisissait l’intervention discrète. Son pouvoir était celui de ses convictions et de la force de son affirmation. Elle n’en cherchait pas d’autre. Elle ne se sentait rien mériter pour avoir fait ce qu’elle considérait comme un devoir d’existence.

Anne a été une militante active pour l’accession de la gauche en 1981. Elle s’y est vouée. Pour elle, le 10 mai est restée une date victorieuse.

En même temps que secrétaire pour la ligue des droits de l’homme, elle a animé au parti socialiste, avec Françoise Seligmann, le journal Le Poing et la Rose et était en charge des adhésions et en avait une mémoire phénoménale. Elle pouvait raconter les premiers instants de François Hollande et de tant d’autres au parti socialiste. Proche du couple Mitterrand, elle a dirigé à l’Elysée, le secrétariat de Danièle durant les deux septennats de François Mitterand. Elle a terminé sa carrière, aux relations extérieures du Conseil économique et social.

Affectivement très proche de Bertrand Delanoé, politiquement, elle marquait une préférence pour Jean-Luc Mélenchon, ses idéaux, sa culture et la qualité de ses discours. Ils faisaient partie des rares à ses yeux à sauver encore la classe politique.

Anne connaissait tout du pouvoir, dont elle voyait les jeux, les coups de maîtres et les coups bas, mais s’attachait à ne rien devoir. Elle n’utilisait sa position que pour faire cesser une injustice, mais pas au delà. Elle avait le discours abrupte pour empêcher les tentatives de compromis.

ean_Cormier_et_Anne_LamoucheElle m’a dit combien elle était proche de Jean Cormier (avec lui en photo). Elle avait de nombreuses amitiés dans les pays d’Amérique du Sud, parmi les Chiliens, Argentins, Péruviens… Fidèle Castro était un de ses amis.

Anne n’était pas musicienne, mais parmi ses amis, de nombreux musiciens. Elle m’avait fait rencontrer Miguel Estrella. Toujours cet engagement fort pour la liberté sous toutes ses formes. Anne n’était pas poète, mais connaissant mon admiration pour Breyten Breytenbach, elle me l’avait fait rencontrer. Anne n’était pas comédienne, mais soutenait Oscar Castro avec son théâtre Aleph. Encore un latino. Toujours un engagé pour la liberté. Anne avait la curiosité de tous les arts. Elle n’était pas peintre, mais les murs de son appartement étaient tapissés de tableaux d’artistes de nombreux pays qu’elle connaissait personnellement.

Anne aura laissé à tous cette marque dans les relations qui impose la solidarité comme une évidence. Ce n’était pas un engagement, ce n’était pas un discours, c’était sa posture naturelle devenue une tonalité et une pratique autant politique que relationnelle.

Anne, dans ma vie, aura été un repère de cette qualité, de cette tendresse qu’elle offrait dans une grande retenue.

3 mystifications en formation managériale : Maslow, Karpman, Kubler-Ross

Dans le domaine des formations managériales, certaines représentations sont admises comme allant de soi. Elles sont enseignées et relayées, parfois sans discernement, tant par les consultants que par les enseignants issus des grandes écoles. Ces modèles bénéficient d’un crédit intellectuel largement usurpé, faute d’évaluation critique rigoureuse.

Ayant moi-même contribué à diffuser certains de ces concepts, je mesure aujourd’hui combien leur usage s’est opéré sans réelle vérification méthodologique. Quelques formateurs prudents soulignaient leur statut non scientifique, mais l’ensemble repose sur un flou théorique entretenu par une tolérance excessive à l’égard de l’imprécision. Le rejet de la rationalité argumentée, souvent au nom de l’« ouverture d’esprit », a laissé place à une forme d’éclectisme permissif dans lequel toute critique méthodique est disqualifiée.

Je propose ici une analyse de trois modèles particulièrement problématiques.

1. La courbe du deuil (Elisabeth Kübler-Ross)

Initialement conçue pour décrire les réactions psychologiques de personnes confrontées à l’annonce d’une maladie incurable, cette courbe a été transposée, sans fondement, aux situations de changement en entreprise. Cette généralisation abusive repose sur un glissement conceptuel majeur : assimiler une annonce de décès à un changement organisationnel. En cela, elle constitue une rationalisation a posteriori de la résistance au changement.

La critique principale tient à l’absence de validité empirique dans cette transposition. Il n’existe aucun protocole de vérification démontrant que les étapes supposées du deuil s’appliquent aux transformations professionnelles. L’argument devient alors circulaire : toute réticence est interprétée comme un signe d’entrée dans la “courbe du deuil”, justifiant dès lors des pratiques managériales normatives voire manipulatrices.

2. La pyramide des besoins (Abraham Maslow)

Présentée comme une hiérarchisation universelle des besoins humains, cette pyramide repose sur une modélisation ethnocentrée, fortement influencée par un contexte socioculturel particulier, en l’occurrence celui de l’Amérique protestante du XXe siècle.

Or, les besoins humains ne suivent pas nécessairement une hiérarchie linéaire. Leur ressenti, leur ordre d’apparition et leur interaction varient fortement selon les cultures, les situations et les individus. De nombreuses études anthropologiques et sociologiques l’ont démontré. La représentation pyramidale fige des processus adaptatifs complexes dans un modèle simplificateur, devenu obsolète et trompeur, y compris dans son pays d’origine.

3. Le triangle dramatique (Stephen Karpman)

Ce modèle postule l’existence de rôles fixes — victime, persécuteur, sauveur — dans les interactions conflictuelles. Il est largement utilisé dans les formations en communication et en prévention des risques psychosociaux, souvent sans mise en perspective critique.

Pourtant, ce modèle repose sur une lecture essentialiste et psychologisante des comportements relationnels, sans base empirique solide. Il simplifie à l’extrême la dynamique des interactions et favorise des interprétations projectives, sujettes à de nombreux biais. L’assignation de rôles préétablis, sur la base d’indices comportementaux flous, conduit à des dérives interprétatives et à une méfiance systémique, peu compatible avec une approche rigoureuse de la relation humaine.

Conclusion

Ces trois modèles partagent plusieurs traits communs :

  • Une absence de validation scientifique probante.

  • Une facilité de diffusion liée à leur apparente simplicité.

  • Une fonction normative masquée sous des prétentions explicatives.

Ils relèvent davantage de constructions idéologiques que d’outils méthodologiques, sinon de biais de temporalité contextuelle. Leur usage massif en formation managériale devrait être reconsidéré à l’aune de critères de validité, de falsifiabilité et de transférabilité contextuelle. En l’état, leur perpétuation contribue à une confusion entre savoirs établis et croyances populaires.

Ces trois leurres présentées comme des vérités dans la plupart des formations au management sont des hontes intellectuelles. Elles sont absurdes, et mêmes ridicules. Maintenant que l’on a un peu avancé dans la qualité du raisonnement. il serait temps que les consultants et formateurs s’actualisent et cessent de les véhiculer.

Elections municipales : quels candidats choisir ?

Lorsque j’avais une dizaine d’années, j’entendais mes aînés proclamer “Tout est politique. Acheter du pain, c’est politique. Quand tu vas dormir et l’heure à laquelle tu te lèves, c’est politique.” Si la politique est partout, alors elle peut avoir diverses expressions. Encore faut-il en comprendre ses enjeux, ses implications, et d’abord la signification du mot politique. Tout est politique quand on comprend que même l’apolitisme est une manière de faire ramper les ramifications d’une pensée normative, de laisser dominer ceux pour qui les pouvoirs sont les moyens d’obtenir autant de soumissions.  

La politique, c’est participer ou laisser décider, au moment d’une élection ou/et à tout moment d’un mandat

La politique réside dans la manière de concevoir le lien social. Elle implique le rapport à la décision, à la conduite de la vie des autres, de la sienne, à considérer le présent, le récit des expériences, de l’Histoire, à définir les projets, à regarder l’avenir, à proposer ou imposer, à obtenir les petites résignations et les grandes allégeances.

La politique, c’est la manière dont on peut envisager la promotion du lien social, de son établissement à son entretien, avec la complexité des engagements et des désengagements, de l’enseignement aux enfants à la formation continue des adultes et de l’intervention de tiers lorsque les choses se détériorent. La politique, c’est une affaire de médiation. C’est l’historique implication des philosophes de la cité grecque dans la conduite de la cité. La politique est en lien étroit avec la manière de vivre en société. Si être élu, c’est obtenir de pleins pouvoirs, c’est d’évidence une toute autre politique que si, être élu, c’est animer la cité en restant à l’écoute des citoyens.

Une alternative politique : conduire à des soumissions ou favoriser des adhésions

Ainsi, la culture de la médiation engage chacun sur une nouvelle manière de l’exercice de l’autorité. Il ne s’agit pas de prendre les décisions à la place des citoyens, mais d’accompagner la mise en place de projets communs. Pour ceux qui n’en n’ont pas la formation, c’est un exercice impossible à maintenir. Il faut donc commencer par développer ces nouveaux savoirs qui font plus que décentraliser les systèmes de décisions, plus que de déléguer les fonctions et les rôles ; il s’agit de changer un mode représentatif par un mode participatif ; c’est un travail en profondeur sur les rapports à l’éducation.

Attention aux chants des sirènes de l’extrême droite 

Ils sont nombreux parmi les électeurs et les candidats à être dans une grande fragilité. Ils sont nombreux à aimer les icônes. Ils sont nombreux à s’enthousiasmer lorsque ceux qui les dirigent avec de petits partages, obtiennent les résultats de leur servitude (La Boétie). Les risques sont de favoriser le retour d’un système politique fondé sur l’exclusion, la domination, la mise à l’index et la délation, en faisant croire que c’est une voie pour que ceux qui méritent ne soient plus déçus. Non seulement, ce sont des raisonnements absurdes, mais c’est une peste politique. Dans le même genre d’idée, en son temps, beaucoup avaient cru avec sincérité que le maréchal Pétain était un bon choix et ce fut une catastrophe.

Dans tous les cas, face aux chahuts et aux aléas de la vie sociale, dans un pays qui n’a jamais été aussi riche depuis le temps que les civilisations existent, les citoyens doivent être vigilants à ne pas se laisser charmer par les discours qui endorment les consciences. La voix d’Homère rappelle à tous que les sirènes ont des paroles qui séduisent, et que pour les entendre sans s’y laisser prendre, il faut souvent adopter de fortes mesures de résistance. Dans tous les cas, ceux qui s’embarquent ne se rendent pas compte de la cause qu’ils servent et de celle qu’ils détruisent. Les choix des systèmes autoritaires sont de cette nature, ils empêchent la poursuite d’un projet commun fondé sur la solidarité et la garantie des libertés. Attention donc à cette nouvelle parure avec laquelle l’extrême droite française se maquille.