Politique

Symposium de la médiation professionnelle 2014

Les médiateurs professionnels ont trois organisations: une école (EPMN), une organisation professionnelle syndicale (CPMN) et un réseau de partenaires (ViaMediation). Ils organisent chaque année le plus important évènement sur la médiation des relations en octobre depuis plus de dix ans.

Une date importante de leurs organisations est bien évidemment celle du lancement de la médiation professionnelle, en 1999-2000, lors de la première formation et de la publication de mon ouvrage “Pratique de la médiation professionnelle” aux édition ESF, tandis qu’il n’existait pas à l’époque d’autre idée sur la professionnalisation de cette approche des relations dégradées. Le cheminement a été somme toute rapide. Une enjambée. Mais il n’est pas fini. On parle désormais d’une décennie…

Sur le site de l’école professionnelle de la médiation et de la négociation, vous trouverez l’historique du développement de cette nouvelle discipline et de l’organisation qui aujourd’hui est garante de l’éthique et de la déontologie professionnelle.

2014 est une nouvelle étape : la présidence de la CPMN passe à mon ami Henri Sendros-Mila qui est désormais la tête de pont du projet de la promotion du droit à la médiation. C’est avec lui que nous nous lançons vers cette décennie que nous avons définie après plusieurs années à chercher ce qui m’avait semblé fondamental : la posture des médiateurs professionnels au regard de la société.

Désormais, les médiateurs professionnels représentent la profession garante de l’exercice de la libre décision. Ils sont les seuls à promouvoir de manière rigoureuse la volonté de chacun à mieux s’impliquer dans ses choix et ses projets. Ils sont les seuls à se référer à une posture concrète d’altérité. C’est donc avec toujours autant de plaisir que je vais continuer avec Henri et tous les membres de la CPMN a impulser cette démarche.

Et j’aime particulièrement cette légèreté que nous avons conçue pour représenter la médiation professionnelle, notamment avec le flah-mob qui va avoir lieu aujourd’hui et dont vous verrez les vidéos prochainement, ainsi que les autres interventions artistiques. La médiation professionnelle est en effet la dédramatisation relationnelle. Elle est moins une alternative à la dramatique scénarisation judiciaire qu’une voie naturelle de la qualité des relations.

J’apprécie enfin le fait que tous ensemble nous soyons clairement dans une voie où nous oeuvrons pour une démarche généreuse, autant respectueuse des personnes que des groupes, essentielle pour soi et pour les autres.

Une partie de la couverture médiatique est assurée par France Info.

Anne Guivergys-Lamouche, Juste parmi les citoyens du monde, est décédée le 10 mai 2014

Une Juste parmi les citoyens du monde s’en est allée

Ma mère d’adoption, Anne Guivergys-Lamouche, est décédée le 10 mai, à l’âge de 83 ans.

La dernière fois que je l’ai vue, c’est quelques jours avant sa mort, lorsque je suis allé la voir à l’hôpital avec Clara, sa petite fille. Souvent, nous allions lui faire des visites ensemble. Comme un rituel, nous prenions rendez-vous à la maison ou au restaurant rue de Bucci où elle aimait aller déjeuner et rejoindre ses amis.

Anne avait délicatement pensé le dernier moment de notre rencontre. Ma main posée sur sa joue, elle se blottissait tendrement, comme dans un ultime souvenir dont elle savait l’importance. Elle m’aura laissé cet instant de tendresse, cette douceur qu’elle a si souvent masquée pour préférer montrer un caractère fort, déterminé, sans concession pour les moments où elle ne voulait rien lâcher à la faiblesse.

Pour Anne, il fallait être fort et c’est dans ce contexte que nous nous sommes connus, au temps où la dureté de l’existence m’était un euphémisme. Elle attrapait avec une puissante énergie les mains tendues vers des libertés que personne d’autre ne semblait entendre. Nous nous retrouvions, là, avec cette force qu’elle voulait non revendiquée, tournée vers ceux qui en ont encore plus besoin. Elle était solidaire. Elle ponctuait ses actions d’un regard mêlé de générosité et de sévérité. Solitaire aussi.

Pas facile de décoder cette femme qui a fait de moi un fils qu’elle revendiquait dans un jeu complice d’une naissance cachée. Elle était une femme de luttes, intraitable, et soutenait les combats centrés sur  les droits humains. Elle n’était pas complaisante. Anne était une Juste parmi les citoyens du monde. Elle était comme cela, une détermination, une obstination vainqueur.

Anne a été un soutien actif pour de très nombreuses causes peu écoutées et parfois mal entendues. Militante des droits de l’Homme, elle ne levait pas des armées. Anne ne faisait pas de bruit autour de ce qu’elle faisait, mais elle savait déjouer les obstacles pour arriver à démêler une situation. Elle assurait la veille et le travail des petites mains où elle préférait se tenir, refusant toujours les propositions de mise en avant. Elle choisissait l’intervention discrète. Son pouvoir était celui de ses convictions et de la force de son affirmation. Elle n’en cherchait pas d’autre. Elle ne se sentait rien mériter pour avoir fait ce qu’elle considérait comme un devoir d’existence.

Anne a été une militante active pour l’accession de la gauche en 1981. Elle s’y est vouée. Pour elle, le 10 mai est restée une date victorieuse.

En même temps que secrétaire pour la ligue des droits de l’homme, elle a animé au parti socialiste, avec Françoise Seligmann, le journal Le Poing et la Rose et était en charge des adhésions et en avait une mémoire phénoménale. Elle pouvait raconter les premiers instants de François Hollande et de tant d’autres au parti socialiste. Proche du couple Mitterrand, elle a dirigé à l’Elysée, le secrétariat de Danièle durant les deux septennats de François Mitterand. Elle a terminé sa carrière, aux relations extérieures du Conseil économique et social.

Affectivement très proche de Bertrand Delanoé, politiquement, elle marquait une préférence pour Jean-Luc Mélenchon, ses idéaux, sa culture et la qualité de ses discours. Ils faisaient partie des rares à ses yeux à sauver encore la classe politique.

Anne connaissait tout du pouvoir, dont elle voyait les jeux, les coups de maîtres et les coups bas, mais s’attachait à ne rien devoir. Elle n’utilisait sa position que pour faire cesser une injustice, mais pas au delà. Elle avait le discours abrupte pour empêcher les tentatives de compromis.

ean_Cormier_et_Anne_LamoucheElle m’a dit combien elle était proche de Jean Cormier (avec lui en photo). Elle avait de nombreuses amitiés dans les pays d’Amérique du Sud, parmi les Chiliens, Argentins, Péruviens… Fidèle Castro était un de ses amis.

Anne n’était pas musicienne, mais parmi ses amis, de nombreux musiciens. Elle m’avait fait rencontrer Miguel Estrella. Toujours cet engagement fort pour la liberté sous toutes ses formes. Anne n’était pas poète, mais connaissant mon admiration pour Breyten Breytenbach, elle me l’avait fait rencontrer. Anne n’était pas comédienne, mais soutenait Oscar Castro avec son théâtre Aleph. Encore un latino. Toujours un engagé pour la liberté. Anne avait la curiosité de tous les arts. Elle n’était pas peintre, mais les murs de son appartement étaient tapissés de tableaux d’artistes de nombreux pays qu’elle connaissait personnellement.

Anne aura laissé à tous cette marque dans les relations qui impose la solidarité comme une évidence. Ce n’était pas un engagement, ce n’était pas un discours, c’était sa posture naturelle devenue une tonalité et une pratique autant politique que relationnelle.

Anne, dans ma vie, aura été un repère de cette qualité, de cette tendresse qu’elle offrait dans une grande retenue.

Elections municipales : quels candidats choisir ?

Lorsque j’avais une dizaine d’années, j’entendais mes aînés proclamer “Tout est politique. Acheter du pain, c’est politique. Quand tu vas dormir et l’heure à laquelle tu te lèves, c’est politique.” Si la politique est partout, alors elle peut avoir diverses expressions. Encore faut-il en comprendre ses enjeux, ses implications, et d’abord la signification du mot politique. Tout est politique quand on comprend que même l’apolitisme est une manière de faire ramper les ramifications d’une pensée normative, de laisser dominer ceux pour qui les pouvoirs sont les moyens d’obtenir autant de soumissions.  

La politique, c’est participer ou laisser décider, au moment d’une élection ou/et à tout moment d’un mandat

La politique réside dans la manière de concevoir le lien social. Elle implique le rapport à la décision, à la conduite de la vie des autres, de la sienne, à considérer le présent, le récit des expériences, de l’Histoire, à définir les projets, à regarder l’avenir, à proposer ou imposer, à obtenir les petites résignations et les grandes allégeances.

La politique, c’est la manière dont on peut envisager la promotion du lien social, de son établissement à son entretien, avec la complexité des engagements et des désengagements, de l’enseignement aux enfants à la formation continue des adultes et de l’intervention de tiers lorsque les choses se détériorent. La politique, c’est une affaire de médiation. C’est l’historique implication des philosophes de la cité grecque dans la conduite de la cité. La politique est en lien étroit avec la manière de vivre en société. Si être élu, c’est obtenir de pleins pouvoirs, c’est d’évidence une toute autre politique que si, être élu, c’est animer la cité en restant à l’écoute des citoyens.

Une alternative politique : conduire à des soumissions ou favoriser des adhésions

Ainsi, la culture de la médiation engage chacun sur une nouvelle manière de l’exercice de l’autorité. Il ne s’agit pas de prendre les décisions à la place des citoyens, mais d’accompagner la mise en place de projets communs. Pour ceux qui n’en n’ont pas la formation, c’est un exercice impossible à maintenir. Il faut donc commencer par développer ces nouveaux savoirs qui font plus que décentraliser les systèmes de décisions, plus que de déléguer les fonctions et les rôles ; il s’agit de changer un mode représentatif par un mode participatif ; c’est un travail en profondeur sur les rapports à l’éducation.

Attention aux chants des sirènes de l’extrême droite 

Ils sont nombreux parmi les électeurs et les candidats à être dans une grande fragilité. Ils sont nombreux à aimer les icônes. Ils sont nombreux à s’enthousiasmer lorsque ceux qui les dirigent avec de petits partages, obtiennent les résultats de leur servitude (La Boétie). Les risques sont de favoriser le retour d’un système politique fondé sur l’exclusion, la domination, la mise à l’index et la délation, en faisant croire que c’est une voie pour que ceux qui méritent ne soient plus déçus. Non seulement, ce sont des raisonnements absurdes, mais c’est une peste politique. Dans le même genre d’idée, en son temps, beaucoup avaient cru avec sincérité que le maréchal Pétain était un bon choix et ce fut une catastrophe.

Dans tous les cas, face aux chahuts et aux aléas de la vie sociale, dans un pays qui n’a jamais été aussi riche depuis le temps que les civilisations existent, les citoyens doivent être vigilants à ne pas se laisser charmer par les discours qui endorment les consciences. La voix d’Homère rappelle à tous que les sirènes ont des paroles qui séduisent, et que pour les entendre sans s’y laisser prendre, il faut souvent adopter de fortes mesures de résistance. Dans tous les cas, ceux qui s’embarquent ne se rendent pas compte de la cause qu’ils servent et de celle qu’ils détruisent. Les choix des systèmes autoritaires sont de cette nature, ils empêchent la poursuite d’un projet commun fondé sur la solidarité et la garantie des libertés. Attention donc à cette nouvelle parure avec laquelle l’extrême droite française se maquille.

Que penser de la médiation étrangère en Egypte ?

Avant l’annonce de l’échec de la médiation internationale en Egypte, j’étais en train d’écrire un article en prévoyant cette sortie inéluctable. Non, je ne suis pas équipé d’une boule réfléchissante, mais de l’évidence de la raison. La manière dont les médiations sont engagées par les intervenants américains ne laissent guère présager de sortie de crise grâce à leur entremise. Ils arrivent avec leur façon de considérer les enjeux et les intérêts, le droit et la morale, et cherchent à l’imposer. Ils y vont de leurs préconisations en public pour “restaurer la démocratie” selon leur conception. Ils ont en main le livre religieux du christianisme et ne peuvent accepter en face d’eux des laïcs. D’évidence, ils préfèrent avoir d’autres religieux, même s’ils n’ont pas le même manuel de référence. Car c’est un point que l’on oublie un peu trop souvent, la politique des Etats-Unis est associé à la bible, dans sa lecture la plus primaire, la moins conciliante, la plus violente.
(suite…)

J’ai regardé l’émission Déshabillons-les, sur Public Sénat

La chaîne Public Sénat a cédé à la tentation du style horoscope. On paie pour ça parce que la rédaction fait dans la démagogie et des journalistes se roulent dans les sornettes intellectuelles. J’ai regardé le 3 avril 2013 Déshabillons-les. Qui “les” ? Les politiciens, bien-sûr. Alors, cette fois, le premier ministre était mis sur la piste de la “pole danse”. Sur le plateau, deux spécialistes du langage l’un des mots l’autre des gestes.

Stéphane Bunard était là. C’est qui ? Il est étiqueté “synergologue” ; ça désignerait un champ d’étude du non-verbal. Là, il m’a convaincu : en un temps record il a fait valoir l’ineptie de cette approche. A coup de références invérifiables, il a fondé son argumentation. (suite…)

Rengaine : les choses s’améliorent mais pas pour tout le monde…

Pour aller à Suresnes ou bien à Charenton
Tout le long de la Seine on passe sous les ponts
Pendants le jour, suivant son cours
Tout Paris en bateau défile,
L’ cœoeur plein d’entrain, ça va, ça vient,
Mais l’ soir lorsque tout dort tranquille……. (suite…)

La médiation professionnelle, pour améliorer l’exercice de la libre décision et de la qualité relationnelle

La médiation, on en parle. Il n’y a pas un jour sans qu’il ne soit question de médiation, de médiateur, quel que soit le domaine : économique, politique, social, familial, entreprise, institutionnel… L’effort de promotion est constant, partout, dans le champ de l’initiative privée et dans l’action publique. Si le législateur français s’embrouille, confondant ici et là médiation, négociation, conciliation et arbitrage, il n’est pas le seul et la France n’est pas plus en retard que les autres pays sur ce point. Il n’y a pas de compétition à engager sur ce terrain : la médiation se répand partout et c’est pour le bien de tous. (suite…)

Le printemps arabe est un coma religieux

Comparer les événements qui ont lieu dans certains pays arabes au printemps des révolutions en Europe témoigne d’un sens curieux de l’analyse historique. Nous n’avons pas suffisamment de recul pour savoir ce que la chute de Ben Ali a ouvert ou fermé en Tunisie. Ce dictateur courtisé par l’ensemble de la classe politique française tenait son pays dans un coma. Le vocabulaire printanier correspond bien moins à la réalité que celui d’un état de santé. (suite…)

La comédie humaine, Depardieu et les politiciens français

Gérard Depardieu est entré dans ma vie avec son rôle de Cyrano de Bergerac. Le reste, je l’aurais presque oublié. Oubliés l’An 1 et Trop belle pour toi. D’évidence, je ne suis pas fan. Il n’a rien qui me plaise dans ses attitudes, dans ses rôles, dans sa diction. Je l’ai vu à l’écran, mais je ne l’ai pas retenu. A le voir, je me souviens qu’il est aussi lourd que son apparence. Et pourtant, il me serait presque devenu sympathique avec sa nationalité belge. Il me serait presque devenu agréable avec son émigration en Russie. Il aurait presque pris du panache. Mais pauvre Depardieu qui va pourlécher les babines du dictateur Poutine ! Pourtant, il aurait presque pris du Cyrano en tirant sa révérence à des politiques donneurs de leçons, eux qui devraient commencer par regarder dans leur propre cour et passer le balai sur leurs pratiques arrogantes. Gérard Depardieu commençait à m’amuser. Mais à peine commencé, c’est déjà fini. Une comète de la distraction. Les politiciens de France avec leurs engagements jamais tenus de changer la captation des pouvoirs citoyens, de baisser leurs rémunérations inadmissibles, devraient prendre exemple sur lui…